Retraitée de l'enseignement et séparée, Hélène Deschênes s'ennuyait dans sa maison. Il y a deux ans, elle l'a vendue sur un coup de tête. Depuis, elle cherche l'endroit qui lui conviendra pour se réinstaller. La tâche s'avère plus compliquée que prévu. Quitter son chez-soi représente un deuil.

Hélène Deschênes a bien tenté d'aller habiter dans les Laurentides, mais l'éloignement des grands centres lui pesait. Elle a aussi habité quelques mois à Montréal, mais cette fois, c'est le prix des habitations qui l'a fait reculer. En ce moment, c'est en banlieue, près des axes routiers, qu'elle concentre ses recherches.

Âgée de 63 ans, la jeune retraitée admet d'emblée qu'elle est difficile et qu'elle n'est pas prête à renoncer à la piscine et au garage, sans parler de l'espace dont elle a besoin pour ses meubles. En ce qui concerne les voisins, elle ne veut pas les voir. « Il n'est pas question que les voisins voient mon steak dans mon assiette. Je veux de l'intimité. »

Difficile, oui, mais pas un cas unique. Juliana Lulelaru, courtière immobilière pour l'entreprise Expansion Immo, constate qu'il faut parfois deux et même trois fois plus de temps aux gens dans une situation semblable à celle de Mme Deschênes pour trouver leur nouveau chez-soi.

La baisse de revenus est sans doute l'un des facteurs les plus importants parmi ceux qui dictent les conditions de recherche.

« Le processus est long pour faire comprendre aux gens qu'ils devront faire des compromis. Il est plus facile d'agrandir son espace que de le diminuer. C'est un deuil et il faut être prêt à le vivre», exolique Mme Lulelaru.

Mme Deschênes avoue que son deuil n'est pas terminé. « C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses auxquelles je ne veux pas renoncer. J'ai du cheminement à faire. C'est aussi vrai que je veux tout, mais je n'ai pas les moyens financiers de mes ambitions », témoigne-t-elle, un peu découragée.

Une liberté nouvelle

Pour d'autres, la transition se déroule mieux. Desneiges Perreault, 65 ans, retraitée et veuve depuis sept ans, en avait assez de sa grosse maison. Le gazon, la piscine, l'abri d'auto, les réparations, c'était trop pour elle.

Elle a donc pris la décision de se départir de sa demeure pour aller dans un logement et elle ne le regrette pas du tout. « Vendre m'a donné de la liberté. »

Il lui a fallu un an pour réussir à vendre sa maison, une période qui lui aura permis de faire le ménage et de garder l'essentiel. « Il faut apprendre à se départir des biens matériels. J'ai vendu, donné une tonne de choses. J'étais prête à déménager. »

Elle a décidé d'aller en logement, car après avoir fait les calculs, les frais étaient à peu près les mêmes. « Je n'avais plus d'hypothèque, mais je devais payer pour tout faire l'entretien de la maison, sans parler des taxes », soutient Mme Perreault.

Bien sûr, elle a dû apprivoiser la présence des voisins. Aujourd'hui, elle y trouve même un avantage. « Je me sens plus en sécurité. S'il arrive quelque chose, je sais qu'il y a quelqu'un tout près. Quand j'entends trop les bruits, je mets mes écouteurs et c'est tout. »

Photo fournie par la famille

Il a fallu un an à Desneiges Perreault pour réussir à vendre sa maison, une période qui lui aura permis de faire le ménage et de garder l'essentiel. « Il faut apprendre à se départir des biens matériels. J'ai vendu, donné une tonne de choses. J'étais prête à déménager. »

CE DONT ELLES S'ENNUIENT

Desneiges Perreault : absolument rien

Hélène Deschênes : l'espace que lui procurait sa maison

CE QU'ELLES APPRÉCIENT

Desneiges Perreault : le sentiment de bien-être, de tranquillité et de paix de son nouveau logement

Hélène Deschênes : ne plus avoir à faire l'entretien, surtout le ramassage des feuilles et le gazon à couper au retour des vacances.