Soyez prévenu : la dame qui répond au téléphone chez VM Inspection n'est pas la secrétaire. C'est Virginie Mairet, inspectrice en bâtiment.

« La semaine dernière, un entrepreneur m'a contactée pour l'inspection de cinq maisons qu'il voulait remettre en état. Quand il a réalisé que c'était moi l'inspecteur, il a raccroché ! », raconte-t-elle en riant.

La plupart du temps, la réaction des clients potentiels est tout le contraire. L'idée d'embaucher une femme leur sourit. « Je sais que vous allez faire vraiment attention aux détails. Je ne veux pas d'un inspecteur blasé qui fait ça depuis 30 ans et qui va tourner les coins ronds », lui a déjà répondu un client.

Elles ne sont même pas une dizaine à pratiquer l'inspection préachat dans la grande région de Montréal. Elles savent répondre avec tact aux commentaires sexistes et, surtout, elles s'assurent de livrer un travail impeccable.

« Les remarques des autres, ça demeure secondaire. J'exerce mon métier par passion et j'ai les connaissances pour le faire. », dit Christiane Presseau, technologue en architecture.

Christiane Presseau a réalisé des inspections préachat de 2007 à 2014. Elle a enseigné le métier d'inspecteur en bâtiment au collège Montmorency. Aujourd'hui, elle pratique dans le secteur commercial et industriel.

En immobilier résidentiel, c'étaient le plus souvent les courtiers immobiliers ou les propriétaires vendeurs qui mettaient en doute ses compétences. À ceux qui s'étonnaient de voir arriver une inspectrice, elle savait dire avec aplomb : « Regardez-moi travailler et demandez au client s'il est satisfait. »

Qualités essentielles

En inspection préachat, les femmes sont souvent appréciées pour leur souci du détail, leur sensibilité aux besoins des clients et leurs talents de communicatrice. Quand elles voient une jeune famille prête à engloutir toutes ses économies dans une première propriété, nombre d'entre elles comprennent l'importance de bien leur expliquer chaque problème repéré.

« En tant que mère, il est impensable pour moi qu'une famille s'installe dans une maison pleine de moisissure parce que les parents n'auraient pas bien compris les conséquences », dit Virginie Mairet.

Le souci du détail fait en sorte que les inspections durent plus longtemps. Les rapports sont aussi plus longs et plus complets.

« Je note les égratignures sur les portes d'armoires de cuisine, parce que je sais que c'est important pour ma cliente. Ce ne sont pas tous les inspecteurs qui soulèvent ce genre de détail », illustre Christiane Presseau.

Antidote au sexisme

« J'ai beaucoup de clientes qui sont des femmes seules à la recherche de leur première propriété, raconte Virginie Mairet. Elles n'ont pas envie de se faire appeler "ma p'tite madame" par un inspecteur qui pense qu'elles ne sont pas aptes à comprendre les problèmes du bâtiment. »

Note: Cet article a été modifié car il contenait des propos qui ont été jugés offensants par certains lecteurs.

PHOTO HUGO-SEBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le travail d’inspection préachat n’a rien de glamour, raconte Virginie Mairet.  « Il y a la chaleur écrasante dans les combles en juillet et les vents glaciaux sur les toits en janvier… »