Acheter une maison dans le sud de la France, voilà un rêve qu'on peut croire seulement à la portée des plus fortunés. Voici pourtant l'histoire d'un couple qui a trouvé non loin de Carcassonne une ancienne demeure qui a fait son bonheur. Récit.

Pas de doute, les astres étaient alignés. Quand leurs enfants sont partis, Andrée-Anne Rivard et Richard Deshaies ont voulu accomplir un nouveau projet. Passionnés de voyages depuis toujours, ils souhaitaient acheter une maison ailleurs. «J'avais un ami qui avait une maison dans le Gard. De notre côté, ça a mijoté tout doucement», se souvient Richard.

Il y a quatre ans, ils se sont mis à regarder sur l'internet les maisons à vendre dans le sud de la France. Leur intérêt s'est porté vers le Languedoc-Roussillon, une région près de l'Espagne, où l'ocre de la pierre et de la terre se mêle au parfum des garrigues. «On voulait quelque chose de petit, sans trop de rénovations.»

André-Anne dénichait les maisons et Richard allait les voir à l'aide de Google. Il entrait littéralement dans les villages, sur les places et dans les rues où dormaient les propriétés convoitées.

Ils sont partis en septembre 2009 avec un cartable de 25 propriétés potentielles sous la main. La logistique, Richard s'en occupait. Tous les rendez-vous étaient pris, l'un après l'autre, avec les agences. Ils avaient une semaine pour visiter et... acheter. Deux, quatre puis six visites plus tard, vers le milieu de la semaine, ils sont arrivés un beau matin à La Livinière, village de 600 âmes dans le Minervois - une région où, dit-on, les Romains ont planté les premières vignes de France.

«La personne de l'agence avec qui on visitait la veille avait vu la maison dans notre cartable et elle pouvait nous la faire visiter le lendemain. En France, plusieurs agents peuvent se partager la même propriété.» Ils ont donc dormi dans un gîte voisin et, le lendemain matin, ils sont entrés dans le village.

Dès l'arrivée, la place avec la fontaine leur est tombée dans l'oeil. L'ancienne écurie, dotée d'une porte cochère, leur ouvrait les bras. «On entre. On a un pif pour les surfaces. Et puis là, j'ai vu la cour intérieure, raconte Richard. Je me suis dit: ça, là...»

Andrée-Anne, elle, vivait une impression inouïe de déjà-vu.

Une demi-heure après leur arrivée, ils faisaient une offre. Convaincus de leur bonne étoile, ils ont roulé le même jour jusqu'au IKEA de Montpellier. Le soir, le téléphone a sonné pendant qu'ils étaient en voiture. Offre acceptée. Andrée-Anne est restée figée tout en voyant défiler les panneaux qui indiquaient la route de l'Espagne. Richard, lui, criait.

Revenus de leur surprise, ils se sont organisés pour trouver un entrepreneur. Qui d'autre que le propriétaire du gîte où ils avaient dormi la veille? Un garçon du pays, artisan, maçon. Il deviendra leur homme de confiance sur place. À la fin de la semaine, ils ont signé l'acte de vente chez le notaire. Il faudra trois mois pour enfin obtenir l'acte notarié.

«Ça me prenait des côtes, je fais beaucoup de vélo. Et on voulait acheter dans un village, pour que la maison puisse être surveillée quand on n'est pas là», explique Richard.

Voilà nos deux tourtereaux propriétaires d'une ancienne écurie en pierre, dotée d'un pigeonnier du XVIe siècle, dans un village médiéval situé à une demi-heure de Carcassonne. Elle adore y faire la cuisine, avec les cèpes et les écrevisses de la région. «On cueille des pommes grenades sur l'arbre, on ramasse des asperges sauvages, on va boire le rosé à la fontaine, sur la place», raconte Andrée avec tant de bonheur dans les yeux. Il est même arrivé à Richard d'aller chasser le sanglier. Eh oui, comme dans Astérix.