Verdun est une petite mine d'adresses chouettes. Tous les goûts et les portefeuilles sont servis sur la Promenade Wellington et aux alentours. Peu de quartiers excentrés peuvent se vanter d'avoir l'un en face de l'autre une épicerie ethnique à tendance bio et une épicerie coréenne, un restaurant gastronomique et un casse-croûte, un café de style européen et un salon de thé. Que ce soit pour faire l'épicerie ou pour une sortie du samedi soir, Verdun ne semble manquer de rien.

Après avoir vécu dans le Plateau et dans Villeray, à proximité du marché Jean-Talon, c 'est dans l'arrondissement de Verdun que Jacinthe et Pascal Lemay se sont installés pour élever leurs deux enfants. Ce n'était pas leur premier choix, mais le prix des multiplex, beaucoup moins élevé que dans le quartier Villeray, a pesé lourd dans leur décision, tout comme la proximité de trois stations de métro.

«En 2009, j'étais enceinte, et nous voulions un plus grand logement, avec un revenu locatif, explique Jacinthe. Nous désirions aussi une cour spacieuse, pour les enfants. Nous avons eu un coup de coeur pour la maison. Nous avons découvert le quartier par la suite.»

Comme ils n'avaient pas de voiture à l'époque, ils devaient pouvoir tout faire à pied, à vélo ou en transports en commun. Ils sont gâtés : leur triplex se trouve entre les stations de métro de l'Église et LaSalle, tout près de la promenade Wellington, où ils se procurent à peu près tout ce dont ils ont besoin. Lorsqu'ils veulent du poisson et du pain artisanal, ils enfourchent leur bicyclette et filent vers le marché Atwater.

«D'octobre à avril, dès qu'il n'y a plus de neige, nous nous rendons à vélo au centre-ville, où nous travaillons tous les deux, en longeant le canal de Lachine, précise Pascal. Cela nous prend une vingtaine de minutes. Le week-end, nous allons pique-niquer avec les enfants au bord du fleuve, à deux minutes de chez nous en vélo.» Tous les deux avaient des préjugés. Ils ont découvert que l'arrondissement a beaucoup à offrir. «Oui, il y a de la pauvreté et des gens peu instruits, reconnaît Pascal. Mais il y a aussi beaucoup de jeunes familles et d'immigrés de France, de Chine, ou d'Amérique latine. Francophones, anglophones et immigrés cohabitent fort bien, et cette diversité fait la force du quartier.»

Du changement

L'image négative de Verdun, qu'on associe à la pauvreté, à la prostitution et aux motards qui ont fait les manchettes dans les années 80, est néanmoins tenace. Pour s'en débarrasser, la communauté a commencé à se prendre en main à la fin des années 80, rappelle Claude Trudel, maire de l'arrondissement. Divers organismes économiques, sociaux et culturels se sont concertés pour le bien commun. La mise en valeur des berges, les programmes de rénovation et de démolition des remises, l'autorisation de transformer des logements locatifs en copropriétés et la revitalisation de la rue Wellington ont contribué, entre autres choses, à attirer de jeunes couples et des familles.

Ce qui les retient? Les pistes cyclables, la proximité du centre-ville et du fleuve, les berges accessibles à tous, la riche vie communautaire et la faible criminalité.

«On veut être le choix de la jeune génération, précise M. Trudel. C'est pourquoi on désire construire une nouvelle salle de spectacle et créer un pôle culturel au bord du fleuve Saint- Laurent. C'est aussi pourquoi on veut un centre aquatique, même si c'est complexe à financer.»

Il y a un retour en ville, et Verdun en profite, constate Alain Laroche, commissaire au développement local de l'arrondissement.

«Il y a eu beaucoup de gestes pour améliorer la qualité de vie, comme la construction de l'immeuble qui abrite le restaurant Crescendo, en bordure du fleuve, dit-il. Cela porte fruits.»

Changements sur la promenade Wellington

La promenade Wellington, principale artère commerciale de Verdun, incarne ce renouveau. « L'offre commerciale s'adapte à l'arrivée de familles, de jeunes professionnels, d'étudiants et d'immigrés, constate Billy Walsh, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Wellington. Il y a beaucoup d'établissements spécialisés qu'on n'aurait pas vus il y a six ou sept ans. Des restaurants de milieu et de haut de gamme fonctionnent très bien.»

Précurseur, la Maison de thé Cha noir a pignon sur rue depuis mars 2003, tandis que le restaurant Valentine a fermé ses portes, fait remarquer le courtier immobilier Jean-François Parenteau, très actif dans le secteur.

Certains besoins pourraient toutefois être mieux comblés, selon M. Walsh, qui se fait constamment demander quand la microbrasserie Benelux ouvrira ses portes.

Longtemps «ville sèche», où tavernes et bars étaient interdits, Verdun autorise depuis 1996 la vente d'alcool dans les restaurants, à la condition que les clients commandent un repas. Ce règlement a été assoupli en 2010, quand l'arrondissement a adopté son nouveau plan d'urbanisme, qui autorise maintenant les brasseries artisanales qui brassent sur place les bières consommées sur les lieux. Or, le règlement restrictif qui encadre la nouvelle pratique cause certains retards. Des négociations sont en cours, auxquelles participe activement la SDC Wellington.

«Un vent de changement souffle à Verdun, qui doit se développer comme un milieu de vie avec des lieux de rassemblement où on peut échanger des idées, dans une ambiance décontractée, dit Billy Walsh. Actuellement, si on veut aller dans un 5 à 7, il faut se rendre dans le Sud-Ouest ou au centre-ville. L'assouplissement du règlement pourrait aussi amener une nouvelle salle de spectacle pour des artistes émergents, où l'on vendrait de la bière pour générer des profits. On n'a pas ce côté culturel assumé par le secteur privé. »

Le maire Claude Trudel ne dit pas non. «Nous sommes prêts à aller plus loin, mais pas en catimini, dit-il. Je suis convaincu que nous sommes rendus là et que la population va l'accepter. Il faudra faire un débat public sur la question. »

Ce débat se fera vraisemblablement à court terme. Chose certaine, l'ouverture du Benelux n'aura pas lieu en mai comme c'était prévu. D.B.

FROMAGERIE COPETTE

Les amateurs de fromages fins ont dû sauter de joie lorsque Copette & Cie a ouvert ses portes, il y a trois ans et demi. Dans un petit local particulièrement accueillant, on offre une belle sélection de fromages et de charcuteries d'ici et d'ailleurs, ainsi que des pains et des viennoiseries de la boulangerie Arhoma. Copette & Cie sert de point de chute aux paniers des serres Lufa. La propriétaire, d'origine belge, propose aussi tous les dimanches des gaufres liégeoises toutes chaudes. - E.D.

4650, rue Wellington, 514-761-2727

MAISON DE THÉ CHA NOIR

Ce chaleureux salon offre un beau choix de thés de toutes les grandes familles, dont des sencha, des darjeeling de qualité, des oolong parfumés. Chose rare, une dizaine de variétés de puerh, ce thé chinois vieilli, sont inscrites à la carte. Le Cha possède également une cuisine où l'on prépare des repas légers. Parfait pour passer un après-midi paresseux ou pour faire des provisions de thé en feuilles. - E.D.

4646, rue Wellington, 514-769-1242

RESTAURANT SU

Les options de dépaysement culinaire sont nombreuses à Verdun. Manger au restaurant turc Su est sans doute la plus élégante. La grande salle à manger aux accents méditerranéens fait voyager. Au menu, des mezzes et encore des mezzes, mais aussi des assiettes bien copieuses et exotiques. La présentation manque parfois un peu de simplicité et les prix sont plutôt élevés, mais les saveurs sont toujours très riches et authentiques. - E.D.

5145, rue Wellington, 514-362-1818

MAS CUISINE

Il y a un peu plus de trois ans, le chef Michel Ross a quitté le célèbre restaurant La Brunoise pour s'installer à Verdun avec sa petite famille. Fini le travail de week-end: Mas cuisine n'est ouvert que les soirs de semaine. C'est à n'en point douter le plus gastronomique des restaurants de Verdun, avec une cuisine inventive à prix assez doux et une carte des vins équilibrée. Un must, que vous viviez dans le coin ou non. - E.D.

3779, rue Wellington, 514-544-3779

MARCHÉ BRANCHE D'OLIVIER

C'est l'éclectisme de cette cuisine qui fait une bonne partie de son charme. Le fromage halloum côtoie le cheddar québécois l'Ancêtre. Les théières marocaines partagent la vitrine avec les couches bio. Les légumineuses en vrac font bon ménage avec la vaisselle jetable en bois de cocotier. C'est le paradis des gourmets curieux et soucieux. Plusieurs appellent cette institution qui vient de souffler 20 bougies la «caverne d'Ali Baba ». Avec raison. E.D.

4232, rue Wellington, 514-768-5930

Photo: Robert Skinner, La Presse

Maison de thé Cha Noir.

D'autres adresses

Les viandes McCormack

947, rue de l'Église, 514-766-6566

Restaurant Casa Manolo (grillades portugaises)

4436, rue Wellington, 514-439-1119

Restaurant péruvien Villa Wellington

4701, rue Wellington, 514-768-0102

Restaurant Les Îles en ville

5335, rue Wellington, 514-544-0854

Café/épicerie fine Lefebvre et Filles Bouchées de Bonheur

3539, boulevard Lasalle, 514-766-3564

Café et épicerie fine La Tazza

3922, rue Wellington, 514-768-3940

Le Baobab Café

4800, rue Wellington, 514-509-1334

Viandal Charcuterie

550, rue de l'Église, 514-766-9906

Photo: Robert Skinner, La Presse

Fromagerie Copette & Cie.