Avant que ne s'éteigne la garantie de la maison toute neuve que vous avez achetée, il peut être opportun de la faire inspecter et de dénoncer, le cas échéant, les vices qui pourraient finalement s'avérer. À défaut de quoi il y a risque que, par la suite, vous soyez dans l'incapacité d'exiger réparation.

Les particuliers ont généralement le regard vif pour détecter les vices qui se manifestent, depuis la réception de leur maison neuve jusqu'à ce que prenne fin leur garantie «obligatoire». D'autres, moins aguerris, auront besoin d'un inspecteur en bâtiment qui sera, en quelque sorte, leurs yeux.

Une infiltration d'eau, par exemple, procède d'un vice important qui ne rend toutefois pas la maison impropre à l'usage auquel elle est destinée. Une maison qui s'affaisse sur un sol qui se dérobe procède d'un vice de nature à mettre en péril son intégrité. Or, le délai de garantie est de trois ans pour l'un, de cinq pour l'autre.

«Est-il à propos, en regard du plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs, de faire inspecter sa maison avant que n'arrive le terme de trois ans pour un vice résultant d'une malfaçon, de cinq ans pour un vice profond?», demande au Soleil une lectrice du Bas-du-Fleuve. Cela, de peur de n'avoir aucune prise, après coup, si des vices apparaissaient.

«À quoi bon s'offrir les services d'un inspecteur pour ça. Ce serait de l'argent gaspillé», tranche le directeur du bureau de Québec de Qualité Habitation, Bernard Gaudichon.

Qualité Habitation est le vocable que l'Association de la construction du Québec (ACQ), comme administratrice déléguée du plan étatique de garantie obligatoire des bâtiments résidentiels neufs, donne à son programme.

«En tant que particulier, lorsque votre maison neuve révèle un défaut de construction, vous le savez. Le régime est d'ailleurs bien fait, car les problèmes se produisent la plupart du temps durant les premières années», trouve M. Gaudichon qui, du même élan, plaide la compétence, en général, des entrepreneurs et assure que les réclamations, pour ces motifs, sont tout compte fait exceptionnelles.

Mais, capitule-t-il, on peut bien faire inspecter si on en a envie.

Profitable

Les particuliers sont minutieux et voient à leur affaire, soutient le directeur du plan de garantie, dont l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) est pour sa part administratrice déléguée, cette fois sous l'appellation de Programme de garantie des maisons neuves.

Infiltrations d'eau, condensation indue et fissures sont au nombre des problèmes qui se manifestent les premières années suivant la construction.

«Prudents et vigilants, car leur maison est leur bien le plus précieux, les propriétaires sont aux aguets. S'ils constatent une incorrection, ils s'inquiètent, joignent leur entrepreneur en construction ou l'administrateur de leur plan de garantie. Il interviendra pour remédier au problème ou rassurera le particulier si le problème signalé - une petite lézarde dans les fondations, par exemple [N.D.L.R.] - est sans gravité», précise Ronald Ouimet.

Aux gens peu habitués aux signes que donne un bâtiment, il est d'avis qu'une inspection peut être profitable. L'inspecteur pourrait trouver des vices apparents ou détecter des signes suggérant l'existence de vices cachés.

Visuel

Il s'agit d'un examen visuel, insiste, pour sa part, le président de l'Association des inspecteurs en bâtiment du Québec (AIBQ), Albert Arduini. Ouvrir des murs, faire des tests de sol ou de structure, par exemple, ce n'est pas son affaire.

«Au particulier d'aller plus loin afin de faire sa preuve, s'il y a lieu, auprès de l'administrateur de son plan de garantie. À moins que le problème ne saute aux yeux», pense-t-il.

Car un vice mis au jour ou dénoncé juste après l'échéance est d'autant plus perturbant qu'on est, en principe, à découvert eu égard au plan de garantie.

Mario Grondines est inspecteur en bâtiment chez Habitation Expert-Conseil de Loretteville. «La plupart des gens ne sont pas rompus à la chose du bâtiment. Leurs connaissances sont ténues, c'est pourquoi ils ont besoin d'être assistés. L'examen a beau n'être que visuel, les signes répertoriés peuvent être symptomatiques d'un désordre réel ou latent.»

Vaut mieux avoir sa petite idée là-dessus avant que le plan de garantie ne soit échu. Si l'inspecteur ne trouve rien de préoccupant, le propriétaire n'en dormira que mieux. L'inspection aura été tout au moins fondée sur le principe de précaution raisonnable.