Boucherville, c'est la banlieue classique des années 50. Aujourd'hui, plus de 40 000 personnes y habitent et c'est même devenu un pôle d'emploi important sur la Rive-Sud grâce à la croissance de son parc industriel depuis la construction du pont-tunnel. Martine Moranville, 51 ans, est revenue vivre à Boucherville après des années de galère écartelée entre deux banlieues. Témoignage d'une travailleuse très attachée à son patelin.

Petites rues ombragées, église de pierre et berges pittoresques: quiconque se promène dans le Vieux-Boucherville ne peut ignorer la beauté du paysage. «C'est l'un des plus beaux noyaux villageois historiques de la région de Montréal, avec le Vieux-Terrebonne et une partie de Sainte-Rose», dit Claude Marois, professeur titulaire au département de géographie de l'Université de Montréal.

La fondation de Boucherville remonte à 1667. C'est l'une des villes du Québec les plus anciennes.

Voilà l'«exemple remarquable» d'une municipalité qui a su «conserver son patrimoine architectural», ajoute M. Marois en parlant des «maisons de construction rurale» et de la majestueuse résidence pour personnes âgées qu'on y trouve au bord de l'eau.

C'est là, dans le Vieux-Boucherville, qu'a grandi Martine Moranville. Elle a déménagé dans d'autres banlieues des couronnes montréalaises avec son ex-conjoint. Certaines années, elle pouvait passer jusqu'à 15 heures par semaine au volant. «J'ai fait Blainville-Candiac pendant un an, c'était l'enfer!» confie cette mère de deux enfants, Alexandre, 15 ans, et Sophie, 11 ans.

Pour cette diplômée universitaire francophone, la recherche d'une «qualité de vie» passait soit par un nouvel emploi, soit par un déménagement. Boucherville s'est imposé naturellement. Parce que ses parents y habitent «depuis toujours», que Boucherville lui rappelle son enfance et parce qu'elle y trouve tout ce dont elle a besoin, à commencer par un bon emploi dans le secteur pharmaceutique... à trois kilomètres de chez elle.

«Il y a une trentaine d'années, on avait toujours besoin d'aller à Montréal, pour des rendez-vous chez le dentiste par exemple», dit-elle. «Puis les grandes surfaces sont arrivées, mais il y a aussi de petits commerces agréables comme l'Amour du pain et d'excellents restaurants comme le Tire-Bouchon (141-K, boulevard de Mortagne) et La Saulaie.» Cette institution rebaptisée L'autre côté de La Saulaie a déménagé place Lionel-Daunais, dans un secteur construit ces dernières années sur la partie est du territoire, «Harmonie». On a tenté de créer là un centre-ville avec des commerces et des services, près d'un lac artificiel. Les fils d'utilité publique y sont enfouis.

Le choix d'une banlieue

Notre interlocutrice habite un autre quartier, plus ancien, doté de deux écoles primaires: La Seigneurie (au nord du boulevard Industriel). Que des maisons unifamiliales ici. Toutes avec garage simple ou double.

Mme Moranville fait tout en auto, sauf marcher avec Pichenotte. Elle adore sa maison «avec de grandes chambres», son terrain, sa haie de cèdres.

À Boucherville, elle apprécie particulièrement les activités municipales pour les jeunes (soccer, camps de jour, piste d'athlétisme, etc.).

«Les municipalités sont en compétition entre elles» et non plus seulement avec la ville centre, note M. Marois, et l'une de leurs stratégies pour retenir la population tourne autour de l'offre de loisirs.

En plus de sa «vision patrimoniale», Boucherville aurait, selon le professeur, un autre atout «digne de mention» dans «l'environnement naturel» que forment les cinq îles du parc des Îles-de-Boucherville. On peut les atteindre par bateau et ou l'autoroute Jean-Lesage (20).

La bibliothèque municipale, sur quatre étages, est «appropriée pour une grosse ville comme Boucherville», ajoute Mme Moranville, mais la piscine municipale est vétuste, selon elle. C'est à peu près son seul bémol.

Elle déplore aussi l'absence d'écoles privées. Mais comme le choix d'un quartier, le choix d'une école, «c'est très personnel», relève-t-elle.

À cinq minutes

>L'Amour du pain pour les bons croissants, plusieurs variétés de pain, les quiches, les pâtisseries maison, les repas de soupe et sandwichs servis aux tables (393, rue Samuel-de Champlain)

>le traversier vers le parc national des Îles-de-Boucherville pour s'échapper d'un milieu urbain sans devoir aller très loin: sentiers de marche, de vélo, de raquette, de ski, activités nautiques, activités d'observation et de pêche

> la piste cyclable longeant le bord de l'eau en direction de Longueuil ou de Varennes

> le club d'aviron de Boucherville (239, boul. Marie-Victorin)

> l'autobus no 86 assurant la liaison avec Montréal (Place Bonaventure) en une trentaine de minutes durant les pointes du matin et du soir.

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