Au train des laines isolantes de verre, de roche, de mouton, de coton ou de jeans se joint désormais la laine de chanvre. Verte à maints égards, elle est fabriquée suivant un procédé mûrement réfléchi et éprouvé en Bretagne, et mise en marché par Matériaux écologiques pour la maison (MEM) de Rimouski.

«Sa valeur R, par unité d'épaisseur, est identique à la laine de verre», plaide le président de MEM, Sébastien Bélec. Le matériau, nullement hallucinogène, peut contenir jusqu'à 20 % de son poids en eau sans perte de rendement. Il ne s'affaisse pas - ou presque - bien qu'il puisse se dilater légèrement.

Très coriace, détaille M. Bélec, il est thermolié au polyester. Il est si sain qu'il pourrait, à la limite, être utilisé comme isolant dans des vêtements «chauds». S'il est trois fois plus cher que la laine de verre, il l'est, en revanche, trois fois moins que le polyuréthane giclé.

En Amérique du Nord, on cultive le chanvre pour la graine, non pour le crin. C'est pourquoi celui de MEM est importé de France où la production correspond à 5000 tonnes d'isolant par an.

Il faut trois mois, précise M. Bélec, pour moissonner le chanvre dont les nattes comprennent d'ailleurs quelques rognures de son «bois» ou chènevotte. Après quoi, il faut assoler ou céder la place à une autre culture car la plante synthétise beaucoup d'azote.

D'un autre côté, le chanvre intègre et fixe énormément d'oxyde de carbone (CO2). De la sorte, il abaisse, dans l'air, la quantité de gaz à effet de serre.

Trop tôt

On ne peut hélas! trouver la laine de chanvre chez nos marchands de matériaux. Il est sans doute trop tôt, trouve M. Bélec.

«Alors que les consommateurs se tournent facilement vers la laine de verre parce qu'elle leur est familière, il faudrait déployer beaucoup d'efforts pour leur faire saisir le bien-fondé de la laine de chanvre pour laquelle, seuls, ils se poseraient beaucoup de questions», se résigne, pour l'instant, l'homme d'affaires âgé de 38 ans, qui fait profession de production et de mise en marché de matériaux de construction verts.

En attendant, il s'emploie particulièrement à sensibiliser, sinon à persuader, les architectes, les technologues et les autres professionnels du bâtiment de l'à-propos du produit.

Vente directe

On peut s'approvisionner directement auprès de MEM (418 736-0123, meminc@hotmail.fr) qui promet livraison, d'une manière ou d'une autre, en quelques jours.

La laine de chanvre, qui sent bon le rustique, donne lieu à l'échappement d'un peu de poussière lorsque manipulé ou installé. Le port du masque est donc opportun.

Enfin, tandis qu'on évoque l'exploitation de la nanocellulose cristalline (cellulose de bois extrêmement fine) découlant, entre autres, du mort-bois ou de broussailles forestières, qui devrait révolutionner, dans un horizon assez proche, l'industrie du bois et donner naissance à des produits de troisième, voire de quatrième transformation comme du polymère, M. Bélec prévoit l'émergence entre-temps de la laine isolante de bois.

«Après tout, la fibre de bois contient de l'air comme on le voit dans les maisons en rondins et pièce sur pièce dont le matériau, comme isolant, se suffit généralement à lui-même. La laine de bois est donc un produit d'avenir», calcule-t-il.