«N'avoir droit de visiter un immeuble à logements en vente qu'à la condition d'avoir présenté une promesse d'achat qui ait été acceptée est un non-sens!» dénonce un ménage de Limoilou. Au contraire, objectent deux courtiers immobiliers, cela est tout à fait normal.

«Rue de la Ronde, pouvait-on voir dans l'espace publicitaire du cahier Maison dernièrement. Trois logements. Deux 3 1/2, un 5 1/2 et deux chambres à coucher au sous-sol. Fenêtres neuves, très grand terrain, huit espaces de stationnement. Visite sur promesse d'achat (Pa) acceptée. 385 000 $.»

«Signer une promesse d'achat avant de visiter est absurde», reprend le couple. Le moins qu'on puisse dire, pense un autre, pareille pratique paraît irrationnelle.

«Actuellement, les immeubles à logements locatifs sont terriblement recherchés. Les visiter n'est pas une mince tâche alors que mobiliser de nombreuses fois les locataires à cette fin est une impossibilité», précise Hélène Lauzier, courtière immobilière agréée et présidente de l'agence de courtage à son nom de Québec.

Actuellement, les courtiers sont assaillis par la demande. Un immeuble multilogements peut donner lieu minimalement à 25 manifestations d'intérêt.

«Il s'agit d'investisseurs. Parmi eux, des gens qui veulent diversifier leur portefeuille de placements. À moins qu'ils ne craignent les aléas de la Bourse. D'autres qui veulent mettre en copropriété les logements locatifs», détaille-t-elle.

Ou encore, selon un propriétaire d'un triplex très au fait du marché, il peut s'agir de baby-boomers qui se détournent de leur maison située dans une ville de banlieue, achètent un plex, logent au rez-de-chaussée, installent leurs enfants qui sont aux études aux étages.

Achat basé sur des chiffres

C'est d'abord sur la base des chiffres (revenus et dépenses), de l'aspect extérieur, de l'historique des réparations et des améliorations qu'un acheteur se met en mouvement. Il présentera ou non sa promesse d'achat. À certaines conditions, bien entendu.

«Il sait à peu près à quoi il doit s'attendre», trouve de son côté Karl Robert, courtier immobilier sous la bannière Royal LePage Inter-Québec.

Si sa proposition est «vainqueure», il a droit de visite. «La propriété et son prix lui plaisent, il prend. Dans le cas contraire, il se désiste. Ou bien, le vendeur lui fait une contre-proposition», détaille M. Robert.

En revanche, si les tractations sont infertiles, le vendeur peut toujours passer à la deuxième promesse d'achat en importance. Et ainsi de suite.

D'après Mme Lauzier, le prix de ces propriétés a augmenté de façon significative ces dernières années. Il peut cependant être plus ou moins élevé selon leur état et le secteur.

Il n'y a pas que des investisseurs «professionnels» qui sont en quête d'un «plex», trouve Karl Robert. Il y a des jeunes acheteurs qui veulent accéder à la propriété, y trouvant l'occasion de baisser leurs coûts par les revenus de location.