Des artistes ont été les premiers à redécouvrir Saint-Henri. Des gens comme Michelle Beaudoin, 47 ans, qui fabrique des objets décoratifs dans l'ancienne manufacture de matelas Simmons.

Ici comme ailleurs, la recherche de grandes surfaces abordables (l'atelier de Mme Beaudoin occupe 3200 pieds carrés) incite les créateurs à explorer les friches industrielles. «Des fois, c'est super brut et ce n'est pas nécessairement invitant, mais nous avons cette ouverture-là : nous débarquons dans des lieux plus ou moins désaffectés quand même! et, tranquillement pas vite, nous les habitons. Je pense que c'est ce qui a provoqué l'engouement pour ce quartier, bien avant la réouverture du canal, et ce qui a mis de la vie dans cet immeuble en particulier. « (Complexe du canal de Lachine, 4710, rue Saint-Ambroise)

Q - Il y a 15 ans, Saint-Henri n'était pas aussi populaire que maintenant.

R - Non! C'était plus audacieux de venir ici que, disons, dans les quartiers «chauds» de l'époque : angle Ontario et Saint-Laurent ou autour de Parthenais. Je me rappelle quand je venais ici le soir, j'allais au métro Place Saint-Henri à pied, mais je choisissais mes heures. Moi, une fille du Mile End, je débarquais dans un endroit différent. Bref, j'aimais beaucoup le lieu même s'il n'était pas très attirant. On ne cherchait pas à faire de l'argent (avec les loyers). La rue Notre-Dame était plus tranquille, moins chic. Maintenant, beaucoup n'auraient plus les moyens de se payer un local au Château St-Ambroise (NDLR: autre complexe industriel transformé en lofts commerciaux), les vieilles fenêtres, l'histoire de l'immeuble, les vues Ce qui est particulier de Saint-Henri, ce sont les étendues: tu vois au loin! Dehors, tu ne te sens pas étouffé. C'est particulier.

Q - C'est dégagé, on voit le ciel.

R - Oui, c'est ça que j'aime du quartier. Le voisin est souvent loin devant. Il y a des arbres, des parcs et des découvertes à faire à pied, par exemple une vieille maison cachée en retrait d'une rue La première fois que je suis venue visiter l'appartement (qu'elle a déniché à 400 mètres de son atelier), c'était l'hiver et là j'ai eu un coup de foudre en apercevant quelqu'un passer en skis de fond sur le canal. Les gens devant chez moi sont joyeux.

Q - Que voulez-vous dire ?

R - Ils font une balade, ils sont de bonne humeur. Ils font du vélo, de la raquette, ils promènent leurs toutous. Plusieurs de mes voisins échangent avec moi. Nous sommes 24 copropriétaires à vivre des choses

similaires, cela crée des liens.

Q - Des avantages, des inconvénients?

R - Ce qui ressort, c'est le stationnement: c'est vraiment facile. J'aime beaucoup la cohabitation entre le neuf, le désaffecté, les usine transformées.Ces éléments industriels font partie du décor. C'est un paysage urbain, sans les désavantages; on n'est pas l'un sur l'autre. Et c'est tranquille. C'est peut-être plus animé, plus dur autour de la polyvalente et du métro. Des résidants de longue date ont fait des graffitis disant que l'arrivée des nouveaux ne les amusait pas. Cet embourgeoisement ne me dérange pas du tout parce que je sais que nous n'avons pas délogé qui que ce soit. Ce qui manque, c'est une épicerie d'aliments naturels.

À 20 MINUTES

Michelle Beaudoin trouve :

- le marché Atwater ;

- une épicerie ;

- une pharmacie ;

- une galerie d'art contemporain

- un grand square ;

- le canal de Lachine et ses berges aménagées.