C'est l'histoire de la maison qui était LEED platine sans le savoir. «Les clients potentiels, au salon du chalet, nous demandaient si notre maison de campagne Orfie détenait la certification LEED, relate Alain Chagnon, président de Le Vertendre. Ça ne nous avait pas paru important au départ. Nous voulions juste préserver l'environnement et construire de façon durable.»

Avec Écohabitation.com, gestionnaire de LEED, la respectée certification du Conseil du bâtiment durable du Canada, le promoteur s'est mis à compter les points de la grille d'évaluation. «Quand on a vu qu'on se qualifiait pour le niveau platine, rapporte M. Chagnon, on s'est mis à aimer ça!»

 

Orfie est devenue la première habitation, en décembre 2009, à recevoir officiellement le LEED platine Canada, plus haut degré de distinction de la certification.

Au tout début, ce coin de pays en périphérie d'Eastman n'était que le lieu de prédilection de la famille Chagnon (aucun lien avec la Fondation Chagnon) pour aller faire de la raquette. De fil en aiguille, l'homme d'affaires a acheté 1200 acres de terrain et revendu des lots petit à petit.

«La plus jeune de mes trois filles, qui avait alors 7 ans, apprenait à l'école des notions d'écologie et n'aimait pas me voir couper des arbres. Cela a déclenché une réflexion qui m'a amené à fournir un projet clé en main, avec une équipe d'une grande motivation écologique. Le développement se fait maintenant par grappes: nous formons un parc, qui contient des lacs et des bandes riveraines, et nous construisons les maisons autour.»

Le Vertendre s'est adjoint l'architecte Rob Miners, de Studio MMA Atelier d'architecture. Ce dernier dessine une maison à consommation d'énergie minimale, simple, contemporaine et s'harmonisant à la forêt de feuillus qui couvre le versant sud-ouest du mont Orford.

La maison Orfie a 1400 pieds carrés, trois chambres à coucher et pas de sous-sol, un format compact qui contribue à sa performance LEED. Les planchers radiants (en béton) demeurent passifs si le foyer de masse (optionnel) est en action.

M. Chagnon tenait à ce que la maison soit pourvue d'un compteur d'eau, relié à un lecteur bien visible (sur le mur entre le salon et la cuisine). On peut y lire la consommation en temps réel de l'eau du puits et celle de l'eau de pluie. Mis au point en collaboration avec la compagnie Auper, qui fabrique des compteurs semblables pour les brasseurs de bière, cette installation a valu des points LEED en bonus, pour récompenser l'innovation. Un second compteur marque en temps réel la consommation d'électricité.

Treize maisons ont été vendues, à une clientèle diversifiée: à des familles et des baby-boomers, comme habitation secondaire ou permanente. Les prix débutent à 278 900$, incluant tout l'aménagement (puits, fosses septiques) mais pas le terrain lui-même. On peut louer une de ces habitations vertes pour un week-end ou quelques semaines.

Seulement 10% du potentiel de développement est atteint, sur ce terrain de 1200 acres. «Nous en avons pour 15 ans», conclut M. Chagnon.