Normand Laprise a toujours cuisiné au gaz. Lorsqu'il a emménagé avec sa famille dans sa maison de Mont-Royal, en juin dernier, il a dû faire un choix déchirant: dépenser plusieurs milliers de dollars pour se brancher au réseau de Gaz Métro ou installer une plaque à induction dans sa cuisine entièrement rénovée. Les bonbonnes de gaz propane n'étant pas une option, il a choisi l'induction. Et il ne le regrette pas.

«À la maison, le gaz n'est plus une nécessité, estime-t-il. Je suis agréablement surpris.»

Ce qui lui plaît? La rapidité d'exécution et la précision de l'induction, comparables à celles du gaz. L'eau bout à une vitesse étonnante, démontre-t-il sur sa plaque, dotée de cinq sources de chaleur. Et la cuisson cesse dès que le contact est interrompu. Plus besoin de déplacer les casseroles pour éviter que le contenu colle ou continue à cuire.

 

«À une puissance très, très basse, je peux faire mijoter très doucement des jarrets de veau pendant deux heures, apprécie le célèbre chef du restaurant Toqué!. Or, avant, avec le gaz, même si j'avais un excellent appareil à la maison, il arrivait que la flamme s'éteigne sans que je m'en rende compte.»

Autre avantage: les manches des casseroles ne sont plus brûlants. La surface de cuisson, en effet, ne se réchauffe pas. C'est beaucoup plus sécuritaire lorsque sa petite Béatrice, qui a 2 ans, lui donne un coup de main.

La cuisson à induction a réalisé une percée importante sur le marché nord-américain au cours des deux dernières années. La technologie, bien implantée en Europe, est de mieux en mieux connue ici. Ce qui la distingue? La source de chaleur n'est pas un élément à flamme ou électrique. La chaleur est transmise directement aux casseroles grâce à un procédé électromagnétique.

La plupart des fabricants offrent des plaques de cuisson à induction. De 15, 30 ou 36 pouces de largeur (avec 2, 4 ou 5 éléments), leurs prix varient de 1800$ à 5000$. Pour être juste, il faut comparer ces prix à ceux des surfaces de cuisson au gaz, qui offrent une performance similaire. Or, le coût des produits haut de gamme comparables varie entre 1500$ et 4500$.

À cause de contraintes techniques, peu de fabricants proposent des cuisinières à induction. Viking, Electrolux (qui fabrique les appareils Frigidaire) et Samsung le font. Mabe attend de voir si son modèle de marque GE Profile sera bien accueilli aux États-Unis avant de le lancer au Canada. Les prix sont élevés: chez Sears, par exemple, les cuisinières à induction de marque Kenmore (fabriquées par Electrolux) coûtent environ 3500$, tandis que les appareils Samsung coûtent environ 3000$. Il faut par ailleurs débourser environ 6700$ pour la cuisinière de Viking.

«L'induction prendra vraiment son envol quand les fabricants offriront un plus grand choix de cuisinières à un prix plus raisonnable», estime Claude Hallé, représentant des ventes chez Signature Bachand.

Une autre contrainte? La cuisson à induction exige davantage d'ampérage qu'une cuisinière traditionnelle électrique. On ne peut donc pas simplement remplacer un vieil appareil ordinaire par un nouvel appareil à induction. Il faut la plupart du temps changer le filage et le disjoncteur (le breaker).

«Aucun compromis n'a été fait, souligne Roberto Moran, spécialiste de produits chez Viking. Un ampérage supérieur est requis pour atteindre une grande puissance de cuisson. Sinon, on se retrouve avec une cuisinière électrique ordinaire.»

Aussi, à l'heure actuelle, la plupart des consommateurs qui optent pour l'induction rénovent en profondeur leur cuisine ou se font construire une nouvelle maison. Ils prévoient alors le filage électrique requis.

«L'induction est très populaire auprès de ceux qui aiment le style contemporain, fait remarquer David Amiel, vice-président de Distributions Maroline, qui importe et distribue notamment les produits haut de gamme Wolf. C'est très facile de garder la plaque propre.»

L'induction offre le meilleur des deux mondes: la facilité d'entretien de la plaque électrique, de même que la puissance et la précision du gaz, estime Valérie St-Germain, directrice de produits à Électroménagers BSH, qui fabrique les produits de marques Bosch, Thermador et Gaggenau. «Avec certaines de nos plaques, les consommateurs ont accès à 17 différents réglages pour aller d'un doux mijotage jusqu'à la friture!»