L'est de l'arrondissement de Ville-Marie a été dévasté pour faire place au pont Jacques-Cartier, à l'autoroute Ville-Marie, à l'UQAM et à la Maison de Radio-Canada. Le Faubourg Saint-Jacques a été le premier à retrouver son dynamisme, grâce à l'éclosion du quartier gai. Attirant un grand nombre d'artistes et de créateurs, le Faubourg Sainte-Marie, situé aux abords et à l'est du pont Jacques-Cartier, se métamorphose à son tour. Les deux quartiers profitent (enfin) de la proximité du centre-ville et les projets résidentiels, petits et gros, s'y multiplient. La construction projetée du CHUM et de centaines de logements autour de la Maison de Radio-Canada pèse lourdement dans la balance. Un des défis? Offrir des logements de bonne dimension à des prix abordables pour attirer des familles.

Bombardé à répétition pour faire place au pont Jacques-Cartier, à l'autoroute Ville-Marie, à l'UQAM, à la Maison de Radio-Canada et à l'élargissement du boulevard René-Lévesque, l'est de l'arrondissement de Ville-Marie a mis du temps à pauser ses plaies. Longtemps oublié, le secteur est en pleine ébullition. 

Le faubourg Saint-Jacques, qui englobe la Cité des Ondes et le Village gai, a été le premier à trouver un nouveau dynamisme. C'est au tour maintenant du faubourg Sainte-Marie, situé aux abords et à l'est du pont Jacques-Cartier, de se transformer.

 

«Le quartier est en train de se redessiner et de se donner une nouvelle image, indique Jean Perron, directeur général de la Société d'investissement de Sainte-Marie. Les trous se bouchent. De nouvelles familles s'installent et rénovent. Et les projets majeurs qui se préparent tout près, comme celui de Radio-Canada et le CHUM, nous toucheront grandement.»

Plusieurs zones sont encore sous-développées. «Sainte-Marie est comme Saint-Jacques il y a 25 ans, estime l'architecte Ron Rayside, porte-parole de la Table multisectorielle pour l'aménagement du Centre-Sud. C'est un quartier en transition. Il faut le renforcer, créer des emplois et amener un développement qui ne chasse pas ceux qui sont déjà là. On veut que les conditions de vie s'améliorent, mais sans causer une escalade des prix. Il faut que tous aient leur place.»

Dans les faubourgs Saint-Jacques et Sainte-Marie, la proximité du centre-ville, de même que la perspective des grands chantiers qui se profilent à l'horizon, entraînent une hausse des prix des terrains. La circulation à toute vitesse des automobiles dans les rues et la pollution qu'elles produisent sont aussi sources de préoccupation. Un des grands enjeux? Retenir les familles qui y habitent déjà et en attirer de nouvelles.

«Des jeunes ménages, qui sont locataires, veulent rester en ville, constate Nancy Shoiry, directrice du département de l'aménagement urbain et des services aux entreprises à l'arrondissement de Ville-Marie. Ils désirent devenir propriétaires, mais à des prix abordables. Ils n'ont pas d'auto et aiment vivre dans les quartiers centraux, mais ils veulent des parcs, des écoles et des pistes cyclables.»

Des résidants et des membres des milieux sociaux, communautaires, culturels, institutionnels et des affaires travaillent conjointement avec l'arrondissement pour créer de véritables quartiers, convenables pour tous. Leurs efforts commencent à porter leurs fruits. Deux terrains de soccer synthétiques ont notamment été aménagés à l'école secondaire Pierre-Dupuy et une piscine est en construction au Centre Jean-Claude-Malépart.

Diane De Courcy, présidente de la Commission scolaire de Montréal, a de grandes visées pour le secteur. «Le taux de réussite et de persévérance scolaire est trop faible et nous préoccupe grandement, explique-t-elle. Or, quand l'école va bien, tout un réseau s'organise autour d'elle. Nous avons voulu donner un coup de barre il y a un an et le milieu a vraiment bien répondu.»

Son but? Créer des écoles où les parents rêvent d'envoyer leurs enfants. En septembre prochain, par exemple, l'école secondaire Pierre-Dupuy deviendra la première cyber-école de la commission scolaire, intégrant des technologies de l'information et de la communication. Chacune des écoles primaires du secteur, par ailleurs, aura son projet éducatif particulier.

«Pour que les familles ne soient plus défavorisées, il faut que les enfants réussissent, croit Mme De Courcy. Et pour que les faubourgs deviennent des quartiers où il fait bon vivre, cela prend des écoles renommées. Mais cela prend aussi des logements abordables, pour avoir autant des familles à revenus modestes que des familles de la classe moyenne.»

Alors qu'il se construit surtout des (petits) condos et que le prix des terrains grimpe, il est de plus en plus difficile d'obtenir cette mixité, constate Éric Michaud, porte-parole de la Table de concertation Habiter Ville-Marie, qui regroupe une quinzaine d'organismes. «Il y a un grand boom immobilier dans l'arrondissement depuis environ six ans, mais la part du logement communautaire n'est pas importante, déplore-t-il. Le processus d'embourgeoisement est assez répandu dans le centre-ville. Et cela touche aussi Sainte-Marie. Il faut davantage de mixité dans les types de logements offerts.»

Toutes sortes de projets sont dans l'air, dont la revitalisation des alentours de la station de métro Frontenac. Réputés pour leur vitalité dans le domaine des arts et de la culture, les faubourgs Sainte-Marie et Saint-Jacques ont par ailleurs été reconnus comme pôle de création culturelle, en juillet dernier. «Les cafés et les terrasses s'en viennent», prédit Jean Perron. Cette fois, assure-t-il, des efforts seront prodigués pour ne pas repousser les artistes et les résidants du quartier.