Jacynthe Gauthier et Patrice Ouellet voulaient une maison qui donne l'impression d'entrer chez soi comme dans une autre partie de la forêt.

Un logis «transparent», très écologique, au style contemporain épuré, aussi propice aux loisirs qu'au travail autonome. Mission accomplie: leur lumineuse demeure de Saint-Adolphe-d'Howard, dans les Laurentides, a reçu au début du mois la prestigieuse certification écologique LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) du US Green Building Council, niveau argent qui plus est. La première maison LEED des Laurentides!

Pour la plus grande fierté du constructeur, Robin Gauthier, d'Écohabitations Boréales.

Après le hall d'entrée, un vaste espace lumineux se déploie, embrassant la cuisine, la salle à manger, le salon et, au fond, la véranda, toute de fenêtres et de cèdre des Laurentides, très près de la nature. «Nous voulions vivre dans une maison traversée par la lumière, dit Patrice Ouellet. Nous voulions aussi des formes qui rappellent les montagnes environnantes.» Et voilà qu'ils habitent avec bonheur, lui et sa compagne Jacynthe Gauthier, quelque 2850 pieds carrés d'architecture aérée bien nichée dans les arbres. 

Il y a un an à peine, il n'y avait ici que la forêt, et les propriétaires du terrain remettaient leurs spécifications au constructeur, Robin Gauthier (Écohabitations Boréales), et au dessinateur des plans, Sylvain Charette (Dessins Drummond).

 

«Nous avons procédé d'une façon rigoureuse qui a rapporté au-delà de nos attentes, affirme Patrice Ouellet. Partout où on pose les yeux, les éléments architecturaux sont intéressants, la vue est imprenable et la lumière est belle. Et c'est tellement bon de se lever le matin sans avoir l'impression d'avoir respiré de l'air vicié une partie de la nuit!»

La grande surprise, qui a augmenté les coûts d'excavation, s'est dévoilée dès les débuts du chantier: «On était sur un monstrueux amas de pierres déposées par un glacier», relate M. Ouellet. Mais à quelque chose malheur est bon: les roches ont servi à faire des murs de soutènement qui donnent du caractère au chemin d'entrée.

À flanc de montagne

La nature tant appréciée peut aussi être dévastatrice, si on n'y prend pas garde. Les deux défis majeurs, à flanc de montagne: l'infiltration d'eau et l'érosion. Pour éviter que la maison ne glisse vers le chemin, on a percé des trous dans le roc, environ 18, et fixé des tiges d'acier à la verticale avec un ciment à prise rapide. Ces longues tiges traversent l'épaisseur de la semelle et s'insèrent dans les fondations, maintenant la maison bien place. En plus du drain français (qui fait six pouces de diamètre au lieu de quatre), un important système de drainage entoure la résidence: à environ 10 pieds du périmètre, en amont et latéralement, on a disposé, à 20 pouces sous le sol, un lit de pierres concassées dans un gros tuyau de drainage. Les bras latéraux amènent l'eau de ruissellement presque jusqu'à la rue (à 20 pieds).

«Le début de l'été a été tellement extrême, relate Robin Gauthier, que cela nous montrait de façon évidente les endroits du terrain à protéger. Les murets de soutènement sont munis de drains français.

La charpente, de bois certifié FSC, a été réalisée par Construction au sommet, également auteur du système pare-air des murs. «Résultat, dit Robin Gauthier: notre test d'infiltrométrie est le meilleur que l'inspecteur de Novoclimat ait vu pour une maison avec autant d'éléments architecturaux (0,7 changement d'air à l'heure).»

Citons quelques éléments qui diminuent l'empreinte environnementale de cette maison: les cadres de porte et tringles en peuplier récupéré Dava, les salles d'eau l'une au-dessus de l'autre afin de minimiser la tuyauterie, des tablettes au lieu d'armoires dans la salle de lavage (économie de matériaux) et des murs isolés avec du carton recyclé (un produit québécois). L'efficacité énergétique est de 35% supérieure à celle d'un bâtiment comparable conventionnel, la consommation d'eau réduite de 20% et les déchets de construction de 50%.