Les arbres ont ceci d'ennuyeux qu'ils mettent du temps à pousser. Faut-il se résigner pour autant à vivre sans ombre du moins à court terme dans un nouveau lotissement? Non. Des terrains boisés subsistent à une vingtaine de minutes de Vaudreuil, à l'ouest de Montréal. Les amateurs d'arbres matures ou de tranquillité se sont passé le mot et la population de Saint-Lazare a crû de 32% entre 2001 et 2006.

Les taxes sont moins élevées dans cette localité de 17 016 habitants qu'à Hudson, située dans la même région.

 

Carol Braid, 44 ans, et Luc Himbeault, 51 ans, ont déménagé de Saint-Constant à Saint- Lazare dans une construction neuve et ils ne regrettent pas leur choix.

«Avant, cela me prenait entre 12 minutes et une heure et demie pour me rendre au travail par le pont Mercier», dit Luc Himbeault, dont l'employeur se trouve à Saint- Laurent. «Parfois, la 13 était bloquée, la 20 était bloquée, le pont était bloqué, tout était bloqué !» Ce camionneur parcourt chaque semaine de 3000 à 4000 km au volant de son mastodonte.

De l 'asphalte, Luc Himbeault et sa conjointe en mangent: les deux parcourent jusqu'à 10 000 km par année sur leurs motos.

Q Comment vous êtes-vous retrouvés ici ?

R Carol : La mère de Luc a déjà habité à Saint-Lazare. Sa soeur n'habite pas loin. Quand on vivait sur la Rive-Sud, on était tannés des ponts et on voulait vivre dans une région un peu plus tranquille, alors on a décidé de regarder dans le coin de Saint-Lazare. Les gens qui me connaissent bien me disaient que j'allais m'ennuyer loin des centres commerciaux, mais jamais de la vie ! Ici, on a 19 000 pieds carrés de terrain. Et on n'a plus les petits bruits des scooters, de la circulation Nous sommes à 10 minutes du village. C'est sûr qu'il ne faut pas oublier le lait ou le pain. Avant, nous avions un petit centre commercial avec un dépanneur derrière notre cour

Luc : Mais il y avait une douzaine de jeunes le soir qui étaient là aussi, à crier et à casser des bouteilles de bière. On entendait le boum-boum de leur radio stéréo. Ici, on a la paix.

Q Comment décririez-vous votre secteur?

R Luc : Tu peux t'asseoir un dimanche matin , prendre ton café et voir quelqu'un passer à cheval. Et te rappeler qu'on est en 2009: son cellulaire sonne et le gars sur le cheval ne répond pas. (Rires)

Carol : On a l'accès internet rapide seulement depuis 2008. Notre rue, c'est un chemin de pierres car c'est zoné équestre.

Luc : Cela veut dire que la rue ne sera jamais asphaltée, pour permettre le passage des chevaux.

Carol : Être isolé, cela veut aussi dire que nous avons une fosse septique, un champ d'épuration, un puits commun. Il n'y a aucun lampadaire. C'est une ancienne érablière, avec beaucoup d'érables. Quand il y a de nouvelles constructions, l'idée, c'est d'en couper le moins possible. Nous sommes à Green Maple Hill, l'un des différents secteurs de Saint- Lazare avec Saddlebrook, Sand Castle, etc.

Q: Tous vos déplacements sont motorisés. Vous avez deux automobiles et deux motos. Vous aimez faire de la route

R Carol : C'est une habitude. J'ai toujours habité sur la Rive-Sud et travaillé à Montréal. C'est normal dans ma vie que je mette 45 minutes, une heure pour aller travailler.

Luc : J 'aime mieux rouler 30 minutes à 80 km/h que rester coincé dans la congestion. En trois ans, j'ai mis une fois plus que 30 mi nutes ( pour aller travailler) . Lorsqu'on part à moto, on roule le moins possible sur des autoroutes

Carol : C'est bien pour nous parce qu'on est près de l'Ontario où les routes sont plus belles. Au Québec, on n'a pas beaucoup le temps de regarder le paysage parce qu'il faut prêter attention à l'état des routes. L'été dernier, il y avait tant de trous que des vibrations ont cassé le support de mon pare-brise !

Luc : On s'est rapprochés des États-Unis. Dans l'État de New York, il y a plusieurs routes intéressantes à parcourir à moto.

Q Des désavantages?

R Carol : Non. On s'ennuyait un peu des restaurants, mais il y a un «Apportez votre vin» qui a ouvert au village.