Il est vrai qu'ici et là, on trouve des différences: la brique des façades, les bardeaux des toitures ou les persiennes peuvent être d'une couleur différente de celles des voisins. Mais c'est à se demander si le constructeur n'avait pas qu'un seul plan à proposer.
Il est vrai qu'ici et là, on trouve des différences: la brique des façades, les bardeaux des toitures ou les persiennes peuvent être d'une couleur différente de celles des voisins. Mais c'est à se demander si le constructeur n'avait pas qu'un seul plan à proposer.
Jean-François Voyer, président de Construction Voyer, accepte les plans d'architectes des clients. Mais il observe que ce sont surtout les maisons semblables qui «pognent» auprès des acheteurs. La grande majorité des plans de l'entreprise sont conçus par des technologues.
«Les futurs propriétai res aiment que leur maison ressemble à celle du voisin, constate-til. Surtout, ils craignent qu'une maison flyée ne se construise à côté de chez eux. Dans ce cas, leur résidence pourrait se déprécier.»
«Tissée de manière uniforme, la banlieue est une zone où les propriétaires désirent trouver de la sécurité et du confort», explique l'architecte Richard de la Riva.
Reproduire pour économiser
Reproduire le même modèle de maisons à quelques différences près est plus économique qu'une série de constructions différentes. Les matériaux et les accessoires s'avèrent ainsi moins chers, en raison de la quantité. Chez Construction Voyer, une douzaine de modèles de maisons ont du succès. Mais le constructeur en possède une cinquantaine au total. Des matériaux, comme du vinyle, sont offerts afin d'abaisser les coûts. Exemple : une maison de moins de 350 000 $ sera couverte de vinyle ou d'aluminium sur les cotés et à l'arrière. Seule, la façade sera en maçonnerie. Dans le cas d'une maison de plus de 350 000 $, tous les côtés risquent d'être en maçonnerie.
Même si le constructeur adhère à votre plan d'architecte, il n'est pas dit que le promoteur, de son côté, l'acceptera. «On fait affaire avec des promoteurs qui ont parfois des exigences, révèle Jean-François Voyer. Ils peuvent même refuser un plan.»
Suivre le règlement
Autre considération: les normes des municipalités. Certaines villes sont dotées de territoires ou de projets pour lesquels s'appliquent un règlement sur les plans d'implantation et d'intégration architecturale ou PIIA. L'approbation d'un PIIA constitue une condition supplémentaire à l'obtention d'un permis ou d'un certificat. La municipalité s'assure ainsi de la qualité de l'implantation et de l'intégration architecturale d'une construction.
Prenons l'exemple de la municipalité de Terrebonne: le Vieux-Terrebonne, ainsi que plusieurs projets résidentiels de cette ville sont assujettis à l'application d'un règlement sur les PIIA. On ne peut donc pas y construire n'importe quoi, n'importe comment.
Mais un acheteur peut-il construire ce qu'il veut sur SON terrain? S'il fait partie d'une zone où s'applique un règlement sur les PIIA, la réponse est non. Mais si le secteur convoité est hétérogène ou si les terrains sont vastes, les chances de pouvoir bâtir ce que l'on veut augmente. Dans le cas d'un projet résidentiel découpé en petits lots, la proximité entre les maisons devient grande. «Il est alors peu souhaitable d'avoir de grands écarts architecturaux», indique Raymond Provost, conseiller en urbanisme, architecture et patrimoine à la Direction de l'aménagement du territoire à la Ville de Terrebonne. «Le règlement sur les PIIA assure l'homogénéité de l'ensemble et l'agencement harmonieux des bâtiments», ajoute-t-il.
Outre les édifices commerciaux, les ensembles locatifs et les condos, les projets résidentiels au style actuel et conçus par des architectes sont peu nombreux à Terrebonne. Pourquoi? «La Ville n'impose pas de style architectural en particulier, dit Raymond Provost. Nous serions même ouverts à la construction de maisons d'allure plus moderne. Mais il faudrait qu'elles soient regroupées dans un ensemble cohérent. Sans compter que les promoteurs sont réticents à nous proposer de tels projets.»