Mais voilà que l'ascenseur résidentiel frappe à la porte. Il s'apprête à faire son entrée dans les demeures et à détourner plusieurs occupants de leur projet de s'en aller. Y compris de leur bungalow.

Mais voilà que l'ascenseur résidentiel frappe à la porte. Il s'apprête à faire son entrée dans les demeures et à détourner plusieurs occupants de leur projet de s'en aller. Y compris de leur bungalow.

À Vancouver, à Toronto et en Floride, l'ascenseur résidentiel est fréquent. À Montréal, spécialement à Westmount où s'élèvent des maisons en hauteur sur de petits lots, il arrive. Dans la région de Québec, il tarde encore.

L'Association provinciale des constructeurs d'habitations de Québec (APCHQ), constatant le besoin et voyant poindre la demande, montre le chemin. En effet, dans la maison Expo habitat 2007, actuellement en chantier rue Edward-Staveley, dans le Domaine de l'Érable Rouge à Sainte-Foy, il y en aura un.

«L'ascenseur joint un train de détails de construction, de sorte que cette maison soit habitable par des personnes de tous âges, qu'elles soient bien portantes ou à mobilité réduite», précise le président de Construction Habco, Yves Fiset. Avec le concours de la société d'architecture Icos, c'est son entreprise qui construit la maison. Le public pourra la visiter à compter du 17 février 2007.

La largeur des portes et des passages, les douches à ras de sol, les montées pour chaise roulante, les barres de soutien, les portes coulissantes donnant accès sans encombre à des pièces névralgiques, le dégagement des plafonds à l'étage pour la mise en place éventuelle d'un pont roulant pour le déplacement de malades et la sécurité assistée par domotique sont, tout comme l'ascenseur, au nombre des particularités qui auront donné à cette maison somptueuse sa dimension évolutive.

M. Fiset se félicite que, dans toute l'histoire de la Ville de Québec, ce soit la première maison de démonstration de prestige accessible aux gens en chaise roulante. « Quant à ceux qui en seront propriétaires, ils pourront recevoir à l'aise leurs parents ou amis de condition pareille », dit-il.

À Saint-Augustin

L'APCHQ et l'entrepreneur n'ont toutefois pas eu à explorer l'Europe ou l'Amérique du Nord à la recherche d'un ascenseur de choix. C'est dans le parc industriel de Saint-Augustin-de-Desmaures qu'ils l'ont trouvé. C'est le Groupe manufacturier d'ascenseurs Global Tardif — avec le soutien d'Ascenseurs Cloutier de Québec qui, du reste, en fait l'installation — qui l'a conçu et le fabrique.

«Hormis un panneau de contrôle électronique situé dans un placard adjacent à la cage d'ascenseur, il n'y a aucune salle des machines», explique le directeur des produits «d'accessibilité» chez Global Tardif, Richard Buies.

C'est un système de câbles d'acier et de contrepoids, mis en mouvement par un moteur électrique de très petite taille, mais d'une grande efficience, qui en est le principe.

Le roulement du moteur (SoftRide) est tout à fait silencieux et procède d'une technologie du dernier cri. Les arrêts et départs se font tout en douceur, tandis que l'ensemble du mouvement, programmé par microprocesseur, est, à la façon d'un rhéostat, continu ou sans à-coups.

Relais à pile

La cabine peut être panoramique et en plexiglas — si on tient à voir qui s'y trouve ou si on est claustrophobe — ou bien fermée. On peut y intégrer un appareil téléphonique ordinaire ou à mains libres.

«S'il survient une panne d'électricité, un relais à pile assure une descente douce jusqu'au niveau inférieur le plus près», précise M. Buies qui plaide la grande tenue de l'appareil aussi bien que le rayonnement mondial de son entreprise dont l'effectif est de 225 employés et le chiffre d'affaires annuel de 35 millions $.

L'intérieur d'une cabine régulière est de 36 po sur 48 po et nécessite un puits de 54 po sur 54 po. La finition sera, par exemple, en similibois avec moulures. Pour faciliter l'entretien, la cabine comporte un mur escamotable derrière lequel sont réunis tous les dispositifs mécaniques.

«À chaque trimestre, on recommande de faire faire une inspection et, au besoin, une petite mise au point de son ascenseur puisque, après tout, il a pour objet de transporter des personnes. De toute façon, l'installateur vous proposera un contrat d'entretien à prix raisonnable », dit encore le porte-parole de Global Tardif.

Idéalement, un ascenseur doit être mis en place lors d'une construction neuve ou d'un agrandissement bien pensé. Le prix varie de 35 000 $ à 50 000 $ selon la hauteur de la desserte et les finesses optionnelles de la cabine. Si on veut l'implanter dans la maison qu'on a déjà, il faut prévoir 10 000 $ de plus pour la démolition locale et la reconstruction.

«Certains retraités s'offrent une caravane motorisée de 200 000 $. Par opposition, d'autres s'offriront un ascenseur pour quatre fois moins, avec l'opportunité de continuer à vivre chez eux, d'aller partout dans leur maison selon leur bon plaisir», pondère M. Fiset.

François Tardif, 41 ans, est le président de Global et fils de Guy, son fondateur. Il trouve que, dans une maison évolutive où on installe un ascenseur, on a toute sa vie pour l'amortir.

Global est aussi spécialisée dans la fabrication d'ascenseurs et de monte-charges dans les établissements industriels, commerciaux et institutionnels. « Néanmoins, à la lumière de ce qui se passe aux États-Unis et ailleurs au Canada, nous croyons à l'imminence de la demande au Québec d'ascenseurs résidentiels. C'est pourquoi nous sommes prêts », confie-t-il au Soleil.

Économe

De son côté, le directeur de service de recherche et développement chez Global Tardif, François Martin, plaide la fiabilité du système, le confort de locomotion qui en découle et un moteur, presque miniature, très économe en énergie.

«Le système de contrepoids permet l'utilisation d'un moteur moins puissant donc beaucoup moins énergivore. Sans compter que son mécanisme sans engrenages permet de monter et descendre en silence et en douceur», reprend Richard Buies. Le seul bruit produit par l'ascenseur résulte de la fermeture ou de l'ouverture de la porte. Et il n'est pas incommodant.

Pourquoi, à la place d'un mécanisme par moteur électrique et contrepoids, n'avoir pas préféré un système hydraulique, d'ailleurs très répandu? demande Le Soleil.

«Parce que l'hydraulique est plus énergivore, plus bruyante, et qu'il y a risque d'épanchement d'huile. En fait, en matière d'ascenseur résidentiel, l'hydraulique, c'est la Pontiac, la technologie SoftRide, la Cadillac», tranche M. Buies.

Enfin, l'ascenseur résidentiel n'est pas qu'utile aux personnes plus âgées ou à mobilité réduite, pense Yves Fiset. Même les personnes jeunes et en forme s'en accommodent. Surtout lorsqu'elles descendent de voiture au sous-sol, les bras chargés de paquets ou de sacs d'épicerie. «Dans ce cas, elles le préféreront à l'escalier», parie-t-il.