Marie-Hélène Ouellette, agente immobilière pour Re/Max 1er Choix, précise que lorsqu'il y a un mandat de vente pour ces ateliers, le syndicat de copropriété doit approuver la candidature du futur propriétaire.

Marie-Hélène Ouellette, agente immobilière pour Re/Max 1er Choix, précise que lorsqu'il y a un mandat de vente pour ces ateliers, le syndicat de copropriété doit approuver la candidature du futur propriétaire.

La définition d'artiste est assez large. Ainsi, un créateur chez Ubisoft peut être admissible au même titre qu'un peintre. Une diversité généralement bien acceptée, même valorisée, par la majorité des personnes que Le Soleil a rencontrées.

La pression monte

Aux Ateliers du roulement à billes, le maintien de la vocation artistique engendre des discussions enflammées. Dans la mesure du possible, les artistes souhaitent léguer leur espace à un autre artisan. Mais la pression est forte, affirme le peintre et graveur Jacques Lacasse. On refuse l'accès aux ateliers à des acheteurs potentiels prêts à «payer le gros prix», parfois contre la volonté de l'artiste propriétaire qui désire vendre au plus offrant, explique-t-il. Marie-Hélène Ouellette confirme que certains clients doivent renoncer à l'achat car ils ne remplissent pas les conditions.

Mais Jacques Lacasse compte défendre bec et ongles l'aspect artistique. «Si les artistes cèdent à ces pressions-là et qu'on ouvre les vannes à tous ceux qui ont de l'argent, les artistes devront quitter les ateliers.»

D'autres copropriétaires sont plus nuancés. Bien qu'il ne désire pas se départir de son espace, Ulysse Dubois admet qu'il y a songé en voyant les prix monter. Artiste multidisciplinaire, il ne ferme pas la porte à d'autres types d'acheteurs. «C'est sûr qu'idéalement, je vendrais à un artiste, mais ça dépend de la différence de montant. Je ne serais pas prêt à perdre 50 000 $ juste par principe. (Jusqu'à présent), les gens ont réussi à vendre à des artistes, ça va être de plus en plus difficile.» Il ne voit pas pourquoi ils ne pourraient pas eux aussi profiter de la manne.

À La Cartonnerie, sur Langelier, Manon Bourdon pense qu'elle pourrait facilement revendre son atelier, et ce, même si l'édifice subit actuellement des rénovations.

Simon (nom fictif) a vendu son loft il y a quelques mois pour s'installer en banlieue. L'artiste de 32 ans déménageait avant tout pour des raisons familiales, mais aussi parce qu'il a été déçu par la formule : il n'a pas réellement trouvé un milieu de création dans sa copropriété d'ateliers. Il a réalisé qu'un atelier hors Saint-Roch lui conviendrait autant, sinon plus. La force du marché l'a incité à vendre. Pour l'achat, le stationnement et les rénovations à exécuter, il a investi environ 85 000 $ il y a six ans ; il a vendu pour 165 000 $. Un gain intéressant de 80 000 $, mais qui sera fortement imposé, précise-t-il.

Artistes spéculateurs ?

S'ils tirent avantage du marché, les artistes ne seraient pas des spéculateurs pour autant. «Les artistes ne sont pas des money makers dans le mauvais sens du terme, avance Danielle April. Ils ne vont pas miser sur leur investissement pour faire de l'argent. La spéculation ? Ça ne nous passe pas par la tête.» Florent Cousineau se réjouit de la situation. «Pour une fois que ce n'est pas un promoteur immobilier qui profite de la plus-value du quartier. Pourquoi pas !»

Par ailleurs, il reste de moins en moins de bâtiments à convertir dans Saint-Roch, et le coût à la base est plus élevé, observe l'entrepreneur Florent Cousineau. Il estime que de nouveaux projets sont possibles. Il négocie actuellement pour deux emplacements.