Pourtant, le président de l'Ordre des architectes du Québec (OAQ), André Bourassa, un spécialiste de la maison saine, s'oppose à la prolifération des toits verts. Selon lui, cette technique de construction représente un trop grand risque de défaillance.

Pourtant, le président de l'Ordre des architectes du Québec (OAQ), André Bourassa, un spécialiste de la maison saine, s'oppose à la prolifération des toits verts. Selon lui, cette technique de construction représente un trop grand risque de défaillance.

M. Bourassa ne conteste pas les bienfaits des toits verts (efficacité énergétique, diminution des frais de climatisation, réduction de l'effet d'îlot thermique urbain, etc.) et souscrit à 100% aux objectifs de verdir la ville.

Ces bienfaits, selon lui, s'accompagnent cependant d'un grand risque de complications: «Je n'ai aucune objection à construire un toit vert au-dessus d'un stationnement à étages. Mais sur des habitations, c'est une autre histoire. On a déjà assez de problèmes d'infiltrations d'eau, au Québec, sans en augmenter volontairement le risque», soutient-il.

En conservant l'humidité sur les toitures pour faire pousser des plantes, on augmente la possibilité de fuites d'eau. Par la suite, ces infiltrations peuvent avoir des conséquences désastreuses dans une maison en favorisant le développement de moisissures dangereuses pour la santé, explique-t-il.

Si les architectes s'emballent pour les toits «végétalisés», c'est qu'ils sont victimes de «green washing», affirme le président de l'OAQ. «La plupart des architectes sont de bonne foi, mais ils misent généralement sur le perfectionnement des membranes pour justifier leur croisade. Mais les meilleures membranes du monde sont installées par des humains. On n'est jamais à l'abri d'une défaillance», dit-il.

M. Bourassa croit que l'on devrait travailler à réduire les risques d'infiltration d'eau plutôt que les augmenter, comme on le fait avec une toiture verte. Il propose des options plus sécuritaires pour verdir la ville, comme les toits-terrasses où les plantes et la végétation demeurent en pots, ce qui diminue les risques d'infiltration et facilite l'inspection de la toiture.

Promoteurs des toits verts, les architectes Daniel Smith et Owen A. Rose ne comprennent pas l'opposition du président de l'OAQ. «Si c'est bien fait, les toits verts ne représentent pas plus de risques que les toitures conventionnelles. En Allemagne, on utilise cette technique depuis une quarantaine d'années», soutient M. Smith, de la firme Smith Vigeant

Par contre, M. Rose admet qu'avec l'installation de toits verts, il va falloir changer la mentalité des gens. «Contrairement aux toitures conventionnelles, les toits végétaux exigent un entretien régulier. Il faut désherber régulièrement, comme avec le gazon. Les propriétaires devront donc intégrer cette nouvelle tâche à leur vie quotidienne, comme ils ont pris l'habitude de sortir leurs bacs verts», dit-il.

M. Bourassa n'en démord pas. Il critique aussi plusieurs médias qui expliquent, en trois étapes faciles, comment aménager soi-même un toit vert. «C'est extrêmement dangereux! Les bricoleurs vont se mettre à la tâche, sans se douter de la quantité de problèmes qui pourraient en résulter», dit-il. Pour le moment, le point de vue M. Bourassa demeure extrêmement minoritaire dans le milieu. Seul le temps pourrait lui donner raison.