Barbara Mullally Pauly, chef du programme d'habitation au ministère des Ressources naturelles du Canada, décrit ainsi les efforts que ses collègues et elle déploient pour sensibiliser les Canadiens à l'économie d'énergie à la maison. Elle a disserté sur le sujet aux quelques mêmes personnes pendant des années, mais soudainement, de plus en plus de Canadiens l'écoutent. Et s'intéressent activement à la question.

Barbara Mullally Pauly, chef du programme d'habitation au ministère des Ressources naturelles du Canada, décrit ainsi les efforts que ses collègues et elle déploient pour sensibiliser les Canadiens à l'économie d'énergie à la maison. Elle a disserté sur le sujet aux quelques mêmes personnes pendant des années, mais soudainement, de plus en plus de Canadiens l'écoutent. Et s'intéressent activement à la question.

L'efficacité énergétique, un des concepts piliers de l'habitation verte, n'en est encore qu'à ses premiers balbutiements. Les fenêtres à double vitrage et les appareils électroménagers certifiés EnergyStar (à consommation énergétique réduite) ne séduisent qu'une portion limitée de la population. Simplement parce que ces produits coûtent plus cher.

D'après l'Office d'efficacité énergétique, seulement 4% des nouvelles constructions canadiennes surpassent les critères de base au niveau de la consommation d'énergie. La presque totalité des propriétaires refuse donc d'investir davantage pour surpasser les normes en vigueur. Pourquoi donc Mme Mullally Pauly est-elle si enthousiaste?

«Parce que nous percevons un réel intérêt des promoteurs immobilier depuis deux ans, explique-t-elle. La hausse globale des coûts de l'énergie fait en sorte que les propriétaires cherchent à économiser. Ils veulent que leur maison soit plus efficace. De leur côté, les promoteurs qui veulent être compétitifs répondent à cette demande.»

Ce ne serait donc qu'une question de temps avant que l'efficacité énergétique devienne un critère majeur en habitation, au même titre qu'une salle de bains spacieuse et qu'une cuisine fonctionnelle. Suivront les considérations comme l'achat de bois certifié écologique et l'utilisation de produits locaux.

Sandra Marshall, chercheure pour la Société canadienne d'hypothèques et de logement croit que le Canada rattrape peu à peu son retard sur l'Europe. «Au niveau de l'habitation verte, l'Europe est en avance sur l'Amérique du Nord, constate-t-elle. Bien entendu, les Européens ont des contraintes d'espace et de ressources que nous n'avons pas. Par contre, on voit depuis quelques années beaucoup de projets dignes de mention de notre côté de l'océan. On se rattrape lentement.»

L'intérêt des propriétaires canadiens pour l'efficacité énergétique n'est toutefois pas inconditionnel. Ceux qui veulent faire leur part ne le font pas à n'importe quel prix. Ils n'acceptent en moyenne de dépenser qu'entre 2 et 5% de plus pour améliorer leur maison. «Je pense que les consommateurs réalisent actuellement que les prix de l'énergie ne sont plus stables, affirme Mme Mullally Pauly. Devant cette incertitude, le virage vert devient plus attrayant.»

Vert foncé... ou vert pâle?

Dans un marché qui bouillonne, difficile aussi de porter un regard critique sur tous les nouveaux procédés dits écologiques. Se rapprocher de l'environnement et économiser un maximum d'énergie, d'accord, mais pas aveuglément.

Comment faire des choix éclairés dans un domaine où les experts sont plutôt rares? «L'habitation verte évolue rapidement, remarque Emmanuel Blain-Cosgrove, consultant en habitation écologique. On peut cependant faire un parallèle avec la médecine. Un médecin vous parle d'une intervention que vous ne connaissez pas? Vous vous informez, vous interrogez d'autre médecins, et vous prenez ensuite une décision éclairée. C'est la même chose en habitation verte. Il faut y investir du temps.»

Les compagnies d'assurance ne donnent d'ailleurs pas leur bénédiction à n'importe quelle habitation verte. «Quand la construction d'une maison sort de l'ordinaire ou est artisanale, la plupart de nos membres envoie un inspecteur pour s'assurer que la maison respecte le code du bâtiment, affirme Alexandre Royer, porte-parole du Bureau d'assurance du Canada. Les techniques se raffinent et se commercialisent. Il est rare qu'un propriétaire ne trouve pas d'assureur.»

L'habitation verte quitte peu à peu son statut marginal pour rejoindre la masse, s'entendent les observateurs. Les promoteurs influents, comme Proment - qui construira des tours vertes à l'île des Soeurs - emboîtent le pas. L'Office d'efficacité énergétique refuse toutefois de faire des prévisions pour les années à venir. «Nous sommes optimistes, mais un rien peut faire changer le marché alors nous restons prudents, conclue Barbara Mullally Pauly. Seulement, je crois que toute l'industrie doit se tenir prête. Il y a un vent de changement qui souffle sur l'habitation.»