Ce devait être un moment plus facile. Après avoir eu maille à partir avec les fondations de leur maison, Alexandre Thibodeau et Marie-Ève Cloutier s'attendaient à ce que l'érection de la charpente leur cause moins de soucis. C'était sans compter une série d'imprévus sur l'approvisionnement en bois écologique. La Presse, qui suit le chantier depuis le début, est retournée à Bolton-Ouest pour cette étape cruciale.

Ce devait être un moment plus facile. Après avoir eu maille à partir avec les fondations de leur maison, Alexandre Thibodeau et Marie-Ève Cloutier s'attendaient à ce que l'érection de la charpente leur cause moins de soucis. C'était sans compter une série d'imprévus sur l'approvisionnement en bois écologique. La Presse, qui suit le chantier depuis le début, est retournée à Bolton-Ouest pour cette étape cruciale.

«Pousse un peu vers la droite... encore un peu... un, deux, trois... attention... c'est beau!»

Alexandre Thibodeau, appuyé par trois copains, vient de déposer une septième pièce de bois sur les fondations de la maison de Bolton-Ouest, dans les Cantons-de-l'Est. On voit encore une partie de l'écorce de l'épinette que les acolytes viennent tout juste de tailler.

Le bois pour la charpente tarde à arriver sur le chantier. Pour accélérer les travaux, le bachelier en architecture utilise les arbres les plus mal en point autour de sa future maison.

Au départ, Alexandre devait utiliser du bois de grange recyclé pour ériger toute la charpente. Au moment de sélectionner les poutres et les colonnes, il a toutefois constaté qu'aucune pièce n'était assez large pour supporter le poids de la maison. Un pépin qu'il a dû rapidement écarter de sa route.

«Il a fallu trouver une solution de rechange, et vite, parce qu'on ne peut pas se permettre de trop grands délais, explique le jeune homme, père de Léopol, 2 ans, et de Mirek, 6 mois. La banque nous donne jusqu'à cet automne pour terminer la construction de la maison.»

S'il érigeait une maison conventionnelle, le couple aurait pu se rendre chez un détaillant, acheter des pièces de bois, et poursuivre les travaux illico. Or, il vise la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design, une des plus hautes certifications en habitation verte). Il doit donc s'assurer que le bois qu'il utilise, s'il n'est pas recyclé, provient d'une forêt bien gérée.

Alexandre s'est mis à la recherche des pièces de bois certifiées FSC (Forest Stewardship Concil), des matériaux tirés d'une forêt exploitée de façon responsable. Pas de coupe irraisonnée ni de tronçonnage d'espèces d'arbres menacées. Seulement l'assurance que la forêt demeure saine après le passage de l'industrie.

Génial, mais pour obtenir les pièces volumineuses dont il a besoin, Alexandre devait attendre un mois dans le meilleur des scénarios.

«J'aurais dû m'y prendre d'avance, mais comme je fais tout moi-même, je n'ai pas ce luxe», tranche Alexandre. En bout de ligne, il se tourne vers un exploitant terrien des Cantons-de-l'Est dont la gestion est irréprochable. Le bois devait lui être livré ces jours-ci.

Un bois issu d'une terre bien exploitée, mais pas FSC. Le processus de certification est complexe et l'entrepreneur ne s'y est pas intéressé. Alexandre perdra donc un point à son bulletin LEED.

«À moins d'une catastrophe, je vais quand même avoir la certification LEED, calcule-t-il. Je saurai par contre que la charpente de ma maison est irréprochable au point de vue environnemental. Si un jour elle est détruite, je sais aussi que le bois sera recyclable parce qu'il est de bonne qualité.»

Avant de monter un huitième billot sur les fondations de sa future maison, Alexandre ajoute qu'il apprend beaucoup de cette autoconstruction. Des détails techniques, certes, mais surtout qu'il lui faut sortir de la forêt de temps à autres. «Il y a toujours quelqu'un, tout près, qui a une solution à mes problèmes, avance-t-il. Je dois apprendre à davantage parler à mes voisins. On ne soupçonne pas la force des réseaux en milieu rural.»