Paul Comtois, professeur de géographie à l'Université de Montréal, spécialisé en contamination de l'air et en allergies, explique que certaines personnes hypersensibles sont importunées par la moindre particule aéroportée qui circule dans leur logis. «Souvent, les hypersensibles ont un système immunitaire déréglé. Ils peuvent être allergiques à plusieurs éléments», éclaircit-il.

Paul Comtois, professeur de géographie à l'Université de Montréal, spécialisé en contamination de l'air et en allergies, explique que certaines personnes hypersensibles sont importunées par la moindre particule aéroportée qui circule dans leur logis. «Souvent, les hypersensibles ont un système immunitaire déréglé. Ils peuvent être allergiques à plusieurs éléments», éclaircit-il.

Les matériaux de construction, tels le bois, la colle et la peinture, sont des sources potentielles d'allergènes. En effet, ces matières continuent de dégager des éléments volatils après avoir été installés.

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a cependant démontré qu'il est possible de construire un refuge hypoallergène. L'air de sa maison-modèle, utilisée pour la recherche, est exempt de vapeurs chimiques, de moisissures, de pollen et même de poussière. Afin de limiter au maximum l'émanation de particules, le prototype de cette maison «ultra saine» est composé de matériaux minutieusement choisis. L'innovation a été poussée à ses limites pour pouvoir satisfaire les plus vulnérables.

Outre un système de ventilation conçu de toutes pièces, une penderie de séchage remplace le sèche-linge mécanique. La chambre à coucher est pressurisée pour que l'air y soit le plus pur possible. Le meuble qui loge le téléviseur et les autres appareils électroniques est relié au circuit d'extraction d'air et permet même d'isoler les odeurs des livres et des magazines. La présence de plastique est restreinte puisque chauffé, il peut devenir une source d'émanations néfastes.

Virginia Salares, coresponsable du projet de maison de recherche à la SCHL, explique que les locataires doivent être prêts à faire certains compromis pour obtenir une maison saine. "Il faut accepter que les murs soient recouverts de plâtre de finition plutôt que de peinture", illustre-t-elle.

Mme Salares possède elle-même une maison de ce type, construite il y a plus de 20 ans. «Il n'y a pas de sous-sol, pour éviter la pénétration de l'humidité par le sol. Je n'ai ni tapis, ni plywood, ni gaz naturel, ni huile. Nous n'avons utilisé aucune colle pour la céramique. Il y a un excellent système de ventilation et de chauffage électrique», détaille-t-elle.

Maisons préfabriquées

Il n'existe pas encore de formule clés en main pour ces demeures anti-allergies. «Les acheteurs doivent d'abord définir leurs exigences, leurs goûts et leur budget. C'est un engagement entre le client, l'architecte et le constructeur», avise Mme Salares.

D'après la SCHL, la construction en série permet de réduire les coûts tout en maintenant une qualité constante dans ces maisons spécialisées.

Danny Bonneville, vice-président aux ventes et marketing aux Industries Bonneville, soutient que c'est au futur proprio de communiquer ses demandes à l'entrepreneur. «On peut bâtir la maison de n'importe quelle façon», assure-t-il. Cependant, il incombe au client de faire les recherches sur les matériaux désirés.

Pierre Bergeron, conseiller en habitation pour les maisons préfabriquées Laprise, explique que l'isolation en mousse de polystyrène permet un «meilleur contrôle» des habitations. Contrairement à la laine minérale, le styromousse ne se déplace pas. Il empêche donc la création de «poches d'air» qui causent l'humidité, source de moisissures et de détérioration des matériaux.

Bernard Royal, vice-président aux opérations chez les Maisons usinées Côté de Saint-Isidore, indique que les matériaux de construction ayant causé des réactions inopportunes chez ses employés ont été mis de côté. «On a testé une laine. Il faisait chaud et les gars avaient plein de boutons sur les bras, même s'ils étaient couverts», raconte-t-il. Les laines minérales soufflées, plus volatiles, sont également prohibées par l'entreprise.

Autres facteurs

Les matériaux de construction ne sont pas les seuls fautifs quand il s'agit d'allergies. D'autres facteurs qui dépendent des locataires sont aussi en cause; les poils d'animaux, par exemple, ainsi que les moisissures. Ces dernières proviennent en majorité de la nourriture ou des déchets, deux éléments que le propriétaire doit contrôler pour assurer la propreté de son logis.

Paul Comtois note la forte présence des acariens et de leurs excréments, facilement respirables. Transportées par la poussière et se cachant notamment dans les matelas, ces petites bestioles de la famille des araignées aiment l'humidité.

Pas pour tout le monde

Bien que le professeur Comtois estime que ces maisons anti-allergies peuvent soulager les personnes hypersensibles, il déconseille fortement à M. et Mme Tout-le-monde de vivre dans un environnement aussi aseptisé. Des recherches effectuées par des experts suisses démontrent effectivement une augmentation des allergies au cours des 10 dernières années. La stérilisation parfois excessive de notre milieu n'y serait pas étrangère. Selon M. Comtois, il ne faudrait pas abuser des produits antibactériens qui dissuadent notre corps de combattre les contaminants. Question de ne pas craindre de mettre de nouveau le nez dehors...

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Avec la collaboration de Marie-Hélène Giguère