En fait, entre l'adjonction d'un chauffe-air électrique ou d'une pompe à chaleur (thermopompe) à leur fournaise actuelle, le remplacement de cette dernière par une autre plus performante ou une renonciation radicale au mazout pour une autre source d'énergie, ils ne savent quel parti prendre.

En fait, entre l'adjonction d'un chauffe-air électrique ou d'une pompe à chaleur (thermopompe) à leur fournaise actuelle, le remplacement de cette dernière par une autre plus performante ou une renonciation radicale au mazout pour une autre source d'énergie, ils ne savent quel parti prendre.

«Le problème est souvent posé aux experts en bâtiment du CAA-Habitation», relate l'architecte et directeur du service-conseil de l'organisme, Jacques Gobeil. Or, la façon suggérée de faire, soupèse-t-il, n'est ni catégorique ni universelle. Elle procède du «cas par cas».

«S'il y avait une approche unique et idéale, tout le monde aurait le même système de chauffage et s'en porterait mieux», démystifie M. Gobeil.

Entre-temps, il estime qu'il ne faut pas paniquer. «D'autant plus qu'il faudrait une bien grosse boule de cristal pour percer l'avenir du prix du mazout, de l'électricité ou du gaz.»

Avant tout, continue-t-il, il faut savoir de quoi retourne l'enveloppe du bâtiment qu'on habite. Est-elle étanche ou farcie de fuites? D'après lui, un test d'infiltrométrie - par ÉnerGuide idéalement - s'impose afin de savoir «ce qu'on a à chauffer au juste».

Profitable

À la suite de quoi il se pourrait, plaide-t-il, qu'on ait à allonger ne serait-ce que quelques centaines de dollars pour isoler ou calfeutrer. Dans ce cas, il parie que le geste sera immédiatement profitable.

Ensuite, il faut voir la vétusté de son appareil de chauffage au mazout. S'il a 20 ans et plus, il est possible que son état soit lamentable. Alors on lui substituera éventuellement une fournaise biénergie mazout-électricité contre un déboursé théorique de 5000$ à 6500$, suggère Daniel Beaudoin, mécanicien en plomberie-chauffage et directeur technique chez F. Dufresne de Québec.

D'un autre côté, le calibre du nouvel appareil s'accordera à la taille du bâtiment à chauffer. Autrefois, plusieurs étaient trop puissants. Ils démarraient et stoppaient à tout bout de champ, donnant lieu à une dépense inutile de combustible, à de l'inconfort et à une usure mécanique prématurée.

En revanche, si la chambre à combustion et les périphériques sont toujours en bon état, le remplacement du brûleur par un neuf à haut rendement peut suffire. Prix: 1000$ à 1200$.

«La diminution de consommation de mazout sera d'au moins 30 %», selon M. Gobeil. Étant entendu que 80 % à 90 % des gaz sont consumés dans les brûleurs high tech par opposition à 60 % et moins dans les anciens.

Serpentin

Si la fournaise au mazout a 10 ans et moins, on peut faire installer «à sa sortie» un serpentin chauffe-air électrique avec contrôles afférents. Du coup, elle sera «biénergie» et admissible au tarif préférentiel différencié d'Hydro-Québec. Ainsi, par permutation automatique, le mazout prendra le relais de l'électricité par temps très froid. Sitôt, en fait, que la température descendra sous les - 15 °C ou - 12 °C, selon le cas. Sinon, le tarif sera au moins quatre fois plus élevé que normalement.

D'après Camil Gagnon, professeur en mécanique du bâtiment au Cégep de Jonquière, les températures inférieures à - 15 °C ne correspondent d'ordinaire qu'à 12 % de toute une année. Par opposition, les besoins de chauffage pour cette période seulement sont, en principe, de 30 %.

Thermopompe

Mais en lieu et place d'un chauffe-air électrique, on peut joindre une thermopompe. Ce couple est également admissible à la tarification «biénergie».

«On le fait spécialement si on trouve opportun de se climatiser», dit Pierre Savard, conseiller en chauffage et climatisation chez Miville Solution Climat Confort de Québec.

Pour ce, il faut débourser 5000$. Sans compter le changement d'ampérage le cas échéant, le grossissement des conduits de ventilation et la mise en place d'autres retours d'air. Encore que l'espérance de vie utile d'une thermopompe ne soit que de 15 ans.

«Les économies de chauffage réalisées serviront à couvrir au moins les frais de climatisation l'été», évalue M. Savard.

À moins, dit un observateur, d'opter pour la pompe à chaleur «hyper économe» de marque Refripac qui donnerait lieu à un gain énergétique substantiel. Fabriquée à Longueuil, elle est distribuée exclusivement à Québec par Isolation Beauport. Son coût d'acquisition est d'environ 7000$.

On peut, par ailleurs, fixer son choix sur un appareil de chauffage scellé au mazout d'une efficacité à nulle autre pareille. À charge cependant d'ajouter un chauffe-air électrique. Ce, pour une dépense globale de 7000$.

Louise Labrie, technicienne en chauffage et directrice générale du Centre du foyer de Saint- Henri, propose, de son côté, le jumelage de l'annexe au bois à haut rendement de marque Caddy à la fournaise au mazout. Cela, au prix de 3000$.

«Vous êtes sur place, vous chargez de bois votre annexe; vous êtes absent, le mazout prend automatiquement le relais», détaille-t-elle. Elle prétend que les économies en résultant sont appréciables.

Vieillesse

Par ailleurs, certains particuliers seront plus circonspects et visionnaires. Ils s'emploieront, en effet, à appréhender leur vieillesse.

Ainsi, au couple mazout - thermopompe, ils préféreront le couple mazout - électricité et un appareil de climatisation «bibloc» indépendant.

Car, après 15 ans, une fois la vie utile de leur thermopompe terminée, ils pourraient ne pas juger utile de la remplacer sachant qu'à l'âge où ils seront rendus, la chaleur ne les accablera plus autant. Auquel cas ils seraient captifs du mazout. Ce qu'ils ne voudraient pas, d'après M. Beaudoin.

Puis Sophie Gagnon du service des communications du CAA met en garde contre la renonciation pure et simple au mazout pour ne se satisfaire, par exemple, que de l'électricité. «Un tel virage à 180° doit être précédé d'une solide réflexion», croit-elle.

Délégué aux communications chez F. Dufresne, Jean-Marc Lessard craint que l'électricité ne cesse de monter de prix, tandis qu'en contrepartie, celui du mazout pourrait diminuer. «Dans ce cas, on se reprochera d'avoir tourné le dos au mazout», prévient-il.

Enfin, dit-on, fini les beaux jours où le prix du litre de mazout était à 42 ¢. «Visez une meilleure isolation, un brûleur plus efficace, un jumelage de votre fournaise avec un système supplétif à l'électricité ou par thermopompe», récapitule Alain Daneau de l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec.

Dans l'analyse de vos besoins, termine M. Gobeil, il est opportun de prendre en compte le temps qu'il faudra pour amortir le coût des équipements que vous voulez vous offrir.