La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) estime à une vingtaine par kilomètre carré le nombre de mouffettes qui vivent en ville. On compterait autant de ratons laveurs, un nombre indéterminé de marmottes et des centaines d'écureuils (ne parlons pas des rats et des pigeons). D'ailleurs, il suffit d'aborder le sujet autour de soi pour s'en convaincre: quelqu'un quelque part a toujours une histoire abracadabrante à raconter, qui met en scène un pauvre citoyen aux prises avec un squatteur à quatre pattes.

La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) estime à une vingtaine par kilomètre carré le nombre de mouffettes qui vivent en ville. On compterait autant de ratons laveurs, un nombre indéterminé de marmottes et des centaines d'écureuils (ne parlons pas des rats et des pigeons). D'ailleurs, il suffit d'aborder le sujet autour de soi pour s'en convaincre: quelqu'un quelque part a toujours une histoire abracadabrante à raconter, qui met en scène un pauvre citoyen aux prises avec un squatteur à quatre pattes.

Si autant d'animaux sauvages élisent domicile en milieu urbain, c'est qu'ils y trouvent tout ce dont ils ont besoin pour croître et se multiplier, c'est-à-dire, essentiellement, un abri sûr et de quoi se nourrir. La plupart du temps, ils font leur petite affaire de nuit, sans déranger personne. Cependant, lorsqu'ils décident de cueillir nos laitues, de nicher dans les combles de nos maisons ou d'arroser le chien de leur capiteux parfum, on ne rigole plus. Il faut agir. Mais comment?

Là-dessus, les opinions divergent. On peut faire comme un certain Chicoutimien de notre connaissance, dont le potager, prunelle de ses yeux et orgueil de ses vieux jours, est régulièrement visité par des générations de marmottes qui raffolent de ses légumes bio. Sans état d'âme aucun, il leur tend un piège à ressort appelé Conibear, qui les zigouille tout net avant même qu'elles aient eu le temps de se reconnaître. C'est radical, mais non dépourvu d'inconvénients. Ainsi, l'an dernier, le monsieur en question a eu la surprise de trouver une mouffette prise par la patte dans ce piège pourtant conçu pour étrangler. Dans sa panique, la bête avait bien sûr copieusement parfumé les alentours. Il a fallu l'achever d'un coup de 22. En plein quartier résidentiel, ce n'est pas très casher. En fait, c'est complètement illégal, d'où l'anonymat dans lequel nous maintiendrons notre chasseur de marmottes.

En principe, on devrait donc: A) effaroucher l'animal pour qu'il décampe; ou B) le capturer et le relâcher plus loin, où il ne nuira pas. Et même alors, la chose n'est permise qu'en cas d'absolue nécessité.

En effet, selon la SPCA et le refuge du Berger blanc, à Montréal, le plan B est sans effet: tout habitat comptant exactement le nombre de bêtes qu'il peut nourrir, si l'on déplace ou élimine un animal, un autre s'empressera de prendre sa relève. La nature, comme on dit, a horreur du vide. De plus, l'individu qu'on déménage aura beaucoup de mal à trouver sa place dans son nouveau milieu, déjà occupé au maximum. Il vaudrait donc mieux privilégier le plan A, qui consiste à rendre l'habitat... inhabitable.

Vivre à Guantanamo

On profitera donc du jour, lorsque la bête fait dodo dans son trou (histoire d'éviter une fâcheuse rencontre), pour lui rendre la vie impossible. Il s'agit en principe d'enfoncer dans le terrier des chiffons ou des serviettes généreusement imbibés d'ammoniaque. Normalement, l'animal, incommodé par l'odeur, les retirera pour pouvoir sortir de chez lui. Il faut remettre en place les chiffons, nouvellement imbibés, tant qu'ils auront été déplacés. Le jour où ils n'ont pas bougé, c'est que vous avez gagné: l'indésirable a déménagé. On peut aussi faire un petit Guantanamo de son terrier et laisser en permanence la lumière et la radio allumées à proximité. Votre squatteur, dégoûté, fera bientôt son balluchon. On peut enfin effaroucher les visiteurs nocturnes à l'aide du ScareCrow, un dispositif (vendu sur Internet) muni d'un détecteur de mouvement qui asperge les indésirables d'un puissant jet d'eau. Il s'agira ensuite de bloquer l'accès à tout ce qui pourrait servir d'abri à son éventuel remplaçant: grillager le dessous de la remise et du perron, l'entrée du terrier, la prise d'air du toit, les soupiraux du sous-sol, etc.

Lina Desbiens, avocate de Montréal, a déjà vu une maman raton choisir les combles de sa maison de Notre-Dame-de-Grâce pour élever sa famille. «Elle était entrée par la prise d'air du toit. On nous avait suggéré de mettre de la naphtaline pour la décourager. Mais la portée était déjà née quand nous l'avons fait. Alors la nuit suivante, nous avons pu entendre la mère traîner un par un ses petits jusqu'à l'autre extrémité du grenier pour échapper à l'odeur!» Évidemment, il n'était pas question d'empoisonner tout ce beau monde ni de les emmurer dans les combles... En fin de compte, la famille humaine est partie en vacances et, à son retour, la famille raton avait décampé. On a vite grillagé la prise d'air du toit, et on n'a plus jamais entendu parler des ratons laveurs.

Mais les solutions ne sont pas toujours aussi simples. Outre qu'il faut s'armer de patience, les résultats d'un siège en règle, qui peut durer une quinzaine de jours avant d'aboutir, ne sont pas garantis. Et encore faut-il trouver toutes les issues du terrier. C'est ce que soutient Sylvain Lévesque, ex-pompier qui s'est recyclé, comme il le dit lui-même, en «trappeur urbain» après 25 ans de lutte contre les incendies.

Son entreprise, SOS Dundee, se spécialise dans la capture d'animaux indésirables. Bon an mal an, entre mai et septembre, il place une bonne trentaine de cages par jour un peu partout dans la grande région de Montréal. La cinquantaine fringante, l'oeil moqueur et la cigarette au bec, il déborde d'anecdotes collectées au fil de ses aventures. Outre les banals ratons, marmottes et autres mouffettes, son tableau de chasse est étonnant: il a déjà attrapé un sanglier (!) et un taureau (!!). Il s'occupe aussi des chauves-souris, des pigeons et des écureuils, mais pas de la vermine (rats, souris) dont se chargent habituellement les exterminateurs, à moins d'un cas de force majeure.

Lui ne croit pas du tout, ou bien peu, aux méthodes proposées par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune et par la SPCA. «Oui, la naphtaline ou l'ammoniaque, ça peut marcher dans les lieux clos. Mais il faut du temps, et il y a des cas où il faut agir rapidement. Quand le raton laveur est dans ta cuisine, ce n'est pas le moment de lui mettre la radio!»

CE QUE DIT LA LOI

(Article 67 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune)

«Une personne ou celle qui lui prête main-forte ne peut tuer ou capturer un animal qui l'attaque ou qui cause du dommage à ses biens ou à ceux dont elle a la garde ou est chargée de l'entretien lorsqu'elle peut effaroucher cet animal ou l'empêcher de causer des dégâts.»

Lorsqu'il est impossible d'effaroucher un animal ou de l'empêcher de nuire, on peut le capturer à l'aide de pièges ou l'abattre même en dehors des saisons réglementaires de piégeage et de chasse. Il n'est pas nécessaire d'obtenir d'autorisation pour ce faire.

Comment se débarrasser des importuns:

> Ressources naturelles et Faune Québec: www.mmf.gouv.qc.ca (cliquez «Faune» puis «animaux importuns» dans les liens utiles).

> Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux: www.spcamontreal.com

___________________

Source: Ressources Naturelles et Faune Québec