Plus l'été est chaud, plus on se plaint du bruit que font les climatiseurs, dont les thermopompes, et les filtres à piscine. Mais attention! il y a des limites à tirer des décibels à bout portant sur ses voisins. Les règles diffèrent selon les municipalités. Par exemple, Québec a son règlement, Lévis le sien.

Plus l'été est chaud, plus on se plaint du bruit que font les climatiseurs, dont les thermopompes, et les filtres à piscine. Mais attention! il y a des limites à tirer des décibels à bout portant sur ses voisins. Les règles diffèrent selon les municipalités. Par exemple, Québec a son règlement, Lévis le sien.

 «Plus il fait chaud et longtemps, plus on se plaint», note Georges René, responsable du secteur inspection au sein de la division de la qualité du milieu du service de l'environnement de la Ville de Québec.

Il précise qu'en 2005, plus de 325 plaintes ont été portées concernant le bruit émis par des machines fixes dont la majorité pour thermopompes, climatiseurs et filtres à piscine. En 2004, le décompte était de 374.

D'après M. René, le repli de 2005 sur 2004 est conjoncturel. «Tout dépend du temps qu'il fait», précise-t-il. Depuis la fusion, en 2002, la Ville dénombre annuellement entre 300 et 350 plaintes. L'hiver, il n'y en a pas pour ainsi dire. Chaque ménage vivant isolément dans sa maison tandis que, dehors, les sources de bruit sont moins nombreuses.

«Lorsque, sur une même propriété, l'été, la thermopompe de la maison, celle de la piscine et le filtre de cette dernière crachent de concert leurs décibels, cela donne lieu à un méchant fracas», déclare M. René.

C'est ainsi, dit un observateur, que ces équipements, qui sont source de confort, peuvent devenir, sans le secours du civisme, source de conflits.

Il arrive parfois, d'après M. René, que des propriétaires, eux-mêmes grands générateurs de décibels, se plaignent d'un voisin qui en fait autant, voire moins.

Président de Miville Solution Confort de Québec, Jacques Miville, dit que de nombreuses gens ne veulent pas que leur «compresseur» soit installé sous leur balcon ou leur terrasse. Ils ne veulent pas être incommodés par ce bruit-là. Ils le voudront latéralement à leur maison, là où ils vont le moins, et dirigé ou presque sur le voisin.

Mais lorsque les deux voisins s'accordent pour mettre chacun le sien, entre les deux maisons, tout en élevant un écran de cèdre ou de végétation pour faire en sorte qu'ils ne soient pas visibles de la rue, «là, dit M. Miville, on s'approche de l'idéal».

Encore que le bruit d'un grand nombre d'appareils du dernier cri s'apparente à un bruissement peu perceptible. «Un producteur asiatique fait et distribue depuis quelque temps un climatiseur si discret qu'on a peine à croire qu'il marche tellement il est aphone alors que d'autres, déjà silencieux, marchent à bas régime si la demande de climatisation est moins grande, faisant taire encore plus le murmure», explique Carl Bolduc, copropriétaire de Filtre-Plus, boulevard Pierre-Bertrand.

À Québec, dit François Marchand, du service des communications de la Ville, le ronflement des climatiseurs et thermopompes tombe, pour l'ensemble du nouveau territoire, sous l'empire du Règlement sur le bruit, entré en vigueur il y a un an.

Il est fondé sur tout bruit perturbateur, c'est-à-dire qui soit repérable du bruit d'ambiance. S'il est excessif, long ou insolite, s'il trouble la paix ou la tranquillité, il peut être considéré comme une nuisance.

Georges René précise que la puissance du son produit à une période ou l'autre de la journée, plus que la localisation des appareils sur les propriétés, est la norme désormais pour l'évaluation du préjudice causé par le bruit.

De 7 h à 19 h, il ne doit pas dépasser 60 décibels ; de 19 h à 23 h, 55 ; de 23 h à 7 h, 50. De l'endroit même, dans la maison, où la tranquillité des gens est perturbée, le nombre de décibels est limité à 45, 40 et 38.

Un bruit sera reconnu nuisance s'il dépasse le niveau maximal «sonore» prescrit. En cela, le particulier qui est la source de l'émission est punissable.

Comparatif

Pour se donner une idée la puissance des sources de bruit - ce que les spécialistes appellent la pression acoustique - , la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), précise que le bourdonnement d'un insecte à 1 mètre induit de 15 à 25 décibels ; une maison «silencieuse», de 25 à 35 ; un bruit de fond dans un bureau individuel, de 35 à 40 ; une voix humaine à 1 mètre, de 55 à 60 ; une radio ou une télé réglée à un niveau d'écoute ordinaire, de 70 à 90 ; un camion ou une motocyclette sans silencieux, de 80 à 100 ; un spectacle rock ou un cinéma maison, de 100 à 120 ; un avion au décollage, de 120 et plus.

Mais si une thermopompe émet 50 décibels, reprend M. René, et qu'une thermopompe de piscine en produit autant au même moment, l'accroissement théorique de décibels sera de trois. La pression acoustique totale sera donc de 53. Si se joint un filtre à piscine de même pression que les deux autres, la somme sera de 56. La progression est logarithmique, non arithmétique.

Par ailleurs, précise M. René, lorsque le bruit croît de 10 décibels, cela a généralement pour effet de doubler la pression acoustique ou l'effet perturbateur.

Enfin, n'entrent pas dans l'ordinaire du règlement sur le bruit de la Ville les cloches des églises, les sirènes des véhicules prioritaires, les réunions, spectacles, festivités ou réjouissances populaires autorisés.

À Lévis, le règlement sur le bruit, après fusion, n'est pas encore uniformisé.

«La tolérance dans l'ancienne Lévis est de 56 décibels. Ailleurs, le règlement est fondé sur la paix et l'ordre qui ont le civisme pour corollaire. Cela, eu égard au bruit, aux aménagements, aux activités, voire à la hauteur du gazon», déclare André Lacroix, du service des communications de la Ville.

En revanche, si les appareils de climatisation occasionnent des plaintes, elles ne semblent ni assez nombreuses ni assez significatives, d'après M. Lacroix, pour que l'administration municipale en fasse un sujet de tracas.