Devons-nous frotter autant pour vivre dans une maison saine? «Il y a la propreté et la propreté extrême, tranche Sylvie Dupéré, conseillère en salubrité. Il faut garder en tête que nous pouvons très bien supporter la majorité des bactéries qui se trouvent dans nos maisons. Nous les combattons naturellement.»

Devons-nous frotter autant pour vivre dans une maison saine? «Il y a la propreté et la propreté extrême, tranche Sylvie Dupéré, conseillère en salubrité. Il faut garder en tête que nous pouvons très bien supporter la majorité des bactéries qui se trouvent dans nos maisons. Nous les combattons naturellement.»

Ainsi, même si Junior (et papa) n'urinent pas toujours directement dans la cuvette, inutile de se prendre la tête. Un chiffon d'eau savonneuse suffit à tenir les microbes à l'écart.

«Tout le monde, au moins une fois dans sa vie, n'a lavé sa salle de bains qu'aux deux semaines, tempère Mme Dupéré. Personne n'a été malade à cause de cela. Il n'y a donc rien de néfaste à prendre une semaine de congé de ménage. Tout est une question de tolérance à la saleté, pas de salubrité.»

D'après la conseillère, des endroits publics comme les hôpitaux et les toilettes des centres commerciaux doivent être nettoyés chaque jour avec des produits antibactériens. À la maison, toutefois, les règles peuvent être beaucoup plus souples.

Médecin détenteur d'une maîtrise en épidémiologie, Ray Bustinza croit pour sa part que c'est justement l'utilisation abusive des produits nettoyants qui peut causer des inconforts. «Les produits nettoyants sont moins toxiques qu'il y a 20 ans, mais on peut avoir l'impression qu'ils sont encore très irritants parce qu'on les utilise trop», explique-t-il.

Le médecin prévient qu'à force de vouloir garder sa maison propre comme un sou neuf, les accros au ménage contaminent l'air ambiant avec leurs produits nettoyants. Le parfum et les particules chimiques qui restent en suspension dans l'air irritent les voies respiratoires. L'Association pulmonaire du Canada affirme d'ailleurs que 72% des personnes asthmatiques font des crises d'asthme à la suite d'une exposition à un parfum.

Ainsi, le mot d'ordre pendant les séances de nettoyage est de tenir les personnes sensibles et les enfants à l'écart, d'ouvrir les fenêtres, de porter des gants et idéalement un masque, croit M. Bustinza. Certains produits sont aussi sans fragrance, et limitent ainsi la pollution de l'air.

Un canon pour tuer une mouche?

Sylvie Dupéré croit qu'une séance hebdomadaire de ménage est suffisante pour garder une maison saine et protéger ses occupants de la plupart des maladies. Inutile toutefois de soumettre tout l'intérieur à un traitement antibactérien.

«Les produits désinfectants sont très à la mode, constate le Dr Bustinza. Ils contiennent pour la plupart du triclosan, un produit qui tue aussi les bonnes bactéries qui protègent notre corps. Dans quelques années, les bonnes comme les mauvaises bactéries auront appris à se défendre et nous devrons utiliser des antibiotiques de plus en plus forts pour traiter les maladies.»

L'Environmental Protection Agency, l'organisme américain chargé d'évaluer les produits de consommation chimiques aux États-Unis, conseille lui aussi l'utilisation restreinte des antibactériens à la maison. Une planche à découper où on a dépecé un poulet et un plancher où un animal a fait ses besoins justifient l'emploi de ces produits, mais ailleurs, un savon conventionnel fait très bien l'affaire.

L'Agence de santé publique du Canada conseille aussi les consommateurs sur les produits d'entretien ménager qu'il convient d'acheter. L'organisme croit notamment qu'il est préférable d'éviter les articles sur lesquels des symboles d'avertissement apparaissent (corrosif, inflammable, toxique et explosif).

Et puis, en cas de doute, «faites vos propres produits de nettoyage», suggère l'Agence dans un document sur l'entretien ménager. Par contre, les produits maison peuvent aussi avoir des effets néfastes: mieux vaut indiquer ce que contiennent les contenants de plastique pour éviter une ingestion accidentelle ou une mauvaise utilisation.

«Ce n'est pas sorcier, croit le Dr Bustinza. Que les produits soient faits à la maison ou qu'ils proviennent du commerce, les instruc-tions d'utilisation doivent être claires, et chaque produit doit être utilisé au bon endroit. Et il ne faut pas hésiter à s'informer sur les effets de n'importe quel produit dont on ignore les effets.»

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INFORMATIONS

> Agence de santé publique du Canada: https://www.canadian-health-network.ca ou (514) 283-2306.

> Institut national de la santé aux États-Unis: https://householdproducts.nlm.nih.gov