Ensemble depuis presque un an, Marie-Ève Bédard et Stéphane Séguin ont choisi de continuer leur parcours de locataires, mais en amoureux. En juillet, ils emménageront dans un trois et demi de Saint-Romuald, propriété des parents Séguin. Marie-Ève étant encore sur les bancs de l'université, l'arrangement plaît bien au duo: «C'est lui qui paye tout !» blague l'étudiante.

Ensemble depuis presque un an, Marie-Ève Bédard et Stéphane Séguin ont choisi de continuer leur parcours de locataires, mais en amoureux. En juillet, ils emménageront dans un trois et demi de Saint-Romuald, propriété des parents Séguin. Marie-Ève étant encore sur les bancs de l'université, l'arrangement plaît bien au duo: «C'est lui qui paye tout !» blague l'étudiante.

En réalité, Stéphane mettra seul son nom sur le bail, mais le prix du loyer sera divisé en deux. Quant aux autres frais, ils seront séparés au prorata du salaire de chacun. «C'est un bon test pour une relation, mais on va bien ensemble», assure Marie-Ève. «D'un point de vue logique et financier, on serait innocent de ne pas le faire», ajoute son beau.

Lorsqu'une cohabitation est assise sur des rapports sentimentaux, le couple est tenu aux mêmes responsabilités que dans toute autre entente de colocation. Un fait qu'il est important de garder en tête dans l'harmonie comme dans la bisbille. Encore ici, savoir parler argent est primordial pour préserver la joie dans le ménage.

«Les nouveaux locataires ont souvent tendance à vouloir quelque chose de très beau, donc de plus cher. Quand on pousse le budget à la limite, ça peut causer des problèmes», note Jean-Pierre Le Blanc, porte-parole de la Régie du logement.

M. Le Blanc insiste sur la nécessité d'être prudent quand vient le temps d'emménager avec sa douce moitié. «Un bail est un contrat légal qu'il faut prendre au sérieux. Un jugement contre soi est bon pour 10 ans et une tache à notre crédit peut nous nuire longtemps.»

Même si on se porte la plus grande confiance, Jean-Pierre Le Blanc suggère de toujours signer le bail à deux. «De cette façon, on ne peut pas se faire mettre à la porte», explique-t-il.

Un contrat de colocation qui définit les aspects pratiques de l'habitation (paiement du loyer, usage des meubles, assurances, etc.) peut aussi s'avérer pratique si des nuages apparaissent dans le ciel des conjoints.

«Souvent, les couples ne veulent pas entrer dans ce genre de paperasse, mais ça peut être bien utile», avance M. Le Blanc.

Maîtres chez eux

En couple depuis un an et demi, Marie-Claude et son copain Simon feront le grand saut sous peu. À la recherche d'un condo ou d'un jumelé, c'est maîtres chez eux que les amoureux apprivoiseront leur vie à deux.

«Ça fait cinq ans que je vis en appart un peu partout. J'étais tannée de payer dans le vide, j'avais envie d'avoir quelque chose à moi», indique la jeune femme, qui s'avoue nerveuse devant l'aventure immobilière qu'elle vient d'entreprendre.

«Ça me stresse énormément, laisse-t-elle tomber. Mais en même temps, je me dis que si ça ne marche pas, on pourra toujours revendre. Ce n'est pas vraiment pire que de louer. C'est un coup à donner.»

Pourtant, l'apprentissage de son nouveau rôle de propriétaire présente plus de défis qu'elle avait imaginé. La banque, le notaire, l'inspecteur... Marie-Claude confie avoir sous-estimé la complexité des démarches d'acquisition d'une maison. «Je n'avais pas vu ça aussi gros. Je pensais qu'on pouvait demander chacun notre prêt pour la moitié du montant... J'ai énormément à apprendre.»

C'est d'ailleurs cet inconnu qui inquiète la future proprio, plus que l'engagement que le projet implique dans sa relation avec son conjoint.

Agente immobilière chez Remax Référence 2000, Ingrid Drouin juge cette incertitude tout à fait normale. «Les premiers acheteurs savent généralement ce qu'ils veulent. C'est souvent un projet qui mijote depuis longtemps. Sauf qu'ils posent plus de questions. Ils veulent s'assurer que ça ne leur coûtera pas beaucoup plus cher que de louer.»

Sur le plan financier, les jeunes tourtereaux en voie de devenir propriétaires doivent se montrer vigilants pour éviter de frapper un mur. Selon Ingrid Drouin, nombreux sont les couples qui vivent une déception quand vient le temps de passer devant le banquier pour demander un prêt hypothécaire.

«Parfois, les gens pensent qu'ils peuvent acheter cher, mais ils sont refusés. Il est préférable de bien budgéter et de se faire préqualifier avant de commencer à visiter des maisons, pour ne pas être déçus.»

Une question d'adaptation

(Photo Érick Labbé, Le Soleil)

Qu'on soit propriétaire ou locataire, une première cohabitation demande une adaptation. Selon la psychologue Johanne Côté, apprivoiser la vie à deux s'étale sur une période d'environ 12 mois.

«La première année est la plus exigeante, sur un fond d'excitation, nuance-t-elle. C'est là qu'on vit de grandes joies, mais aussi de grandes surprises! C'est ce qu'on appelle la "déidéalisation". Plus on connaît la personne, plus on voit ses failles, mais ses forces aussi. Et ça ne se fait pas en une semaine.»

Le SPM, la vaisselle, le lavage, les chaussettes qui traînent ne sont peut-être pas très romantiques, mais la psychologue les décrit comme la zone de maturité d'une relation amoureuse.

«Sortir les poubelles, tout le monde doit le faire, sauf les rois et les reines. C'est ça la vraie vie! lance-t-elle. Le défi, c'est de se faire une belle vie par rapport au quotidien.»

Établir son budget dans l'harmonie

Utiliser une grille de dépenses détaillée.

- Attention aux coups de coeur: si le loyer dépasse le montant prévu, il faudra faire des ponctions ailleurs.

- Prendre des ententes à l'avance sur le partage des dépenses.

- Prévoir un fonds de roulement, dans un compte séparé, pour les dépenses ponctuelles (branchement du câble, du téléphone, immatriculation, achat de lunettes, etc.)

- Parler d'argent avec son conjoint.

- Ne pas dépenser plus de 30 % du revenu pour les frais liés au logement.

- Éviter d'utiliser le crédit pour les dépenses courantes.

- Si possible, prévoir un coussin de sécurité équivalent à trois mois de dépenses.