Tous les résidants du parc Chaudière rencontrés par Le Soleil ont choisi cette zone de maisons unifamiliales pour les mêmes raisons: l'environnement et la tranquillité. Ils sont au bon endroit. Leur quartier est parmi les plus boisés de la région. Il est aussi méconnu et difficile d'accès. Une seule sortie, une seule entrée. Résultat: rares sont les curieux qui s'y aventurent.

Tous les résidants du parc Chaudière rencontrés par Le Soleil ont choisi cette zone de maisons unifamiliales pour les mêmes raisons: l'environnement et la tranquillité. Ils sont au bon endroit. Leur quartier est parmi les plus boisés de la région. Il est aussi méconnu et difficile d'accès. Une seule sortie, une seule entrée. Résultat: rares sont les curieux qui s'y aventurent.

Le parc Chaudière est une véritable presqu'île. Bordé par le Saint-Laurent au nord et par la Chaudière au sud-est, il est aussi coupé du reste de la Rive-Sud par les voies d'accès aux ponts de Québec et Pierre-Laporte.

Ce qui crée des inconvénients. «On se sent un peu prisonniers quand on doit quitter le quartier», concède Jean-Guy Houle, un chirurgien à la retraite qui habite le parc Chaudière depuis 17 ans avec son épouse, Odette Berberi. «Si tu veux une pinte de lait, ça prend l'auto».

Mais c'est un petit prix à payer pour avoir la tranquillité recherchée. «On a l'impression de vivre à la campagne», ajoute Mme Berberi. Idéale pour plusieurs, la «campagne» n'est pas toujours attrayante pour d'autres. Mathieu Beaudet, qui a maintenant 18 ans, a grandi en plein coeur du parc Chaudière. Adolescent, il s'est parfois senti loin de ses amis. Mais aujourd'hui, il ne dénigre pas pour autant ce quartier qu'il habite toujours. «J'aime bien ça ici. T'es un peu éloigné, mais sans trop l'être».

Les résidants du parc Chaudière sont en effet plus près de la Rive-Nord que tous les autres Lévisiens. Ils n'ont qu'à sortir de leur cour et hop !, les voilà sur le pont de Québec. «Ça prend moins de temps aller dans les centres d'achats de Sainte-Foy que dans celui de Lévis», confirme M. Houle. D'autant plus que le trafic sur le pont cause peu de problèmes.

La meilleure vue du parc Chaudière est celle qu'offre le pont de Québec.

Les premières habitations du quartier ont été construites à la fin des années 60. Avant, les voitures qui empruntaient le pont de Québec traversaient un parc Chaudière situé en pleine forêt. Le pont Garneau, aujourd'hui disparu, enjambait la rivière Chaudière à son embouchure avant de rejoindre Saint-Romuald.

Yvan Canac-Marquis habite le parc depuis 1972. Conseiller municipal de Saint-Nicolas dès 1975, puis maire de la Ville de 1983 à 1991, il a oeuvré afin que son quartier conserve sa vocation unifamiliale. «Des promoteurs ont voulu faire construire des maisons en rangée. J'ai bloqué ça. Tout les projets qui n'étaient pas unifamiliaux, je les bloquais», explique l'ex-maire.

Le quartier s'est développé suivant cette philosophie. Construction de nouvelles routes, amélioration des infrastructures, pavage: le parc Chaudière est rapidement devenu attrayant pour les acheteurs fortunés.

Aujourd'hui, il y a une centaine de maisons qui abritent environ 250 personnes.

Parmi celles-ci depuis quatre ans, Julie Blouin a trouvé l'endroit où elle veut passer sa vie.

Toutefois, ce ne fut pas un coup de foudre pour l'infirmière bachelière, qui y vit avec son conjoint et leurs deux enfants. «La nuit avant qu'on déménage, je ne dormais pas. Je me disais qu'on s'en allait dans un quartier de grands-parents. Ce n'est qu'une fois installée que je suis tombée en amour avec le coin». Depuis quelques années, plusieurs petites familles comme celle de Julie ont choisi cette enclave pour y élever leur marmaille.

Diversité

L'architecture du parc Chaudière est diversifiée. Les reproductions de vieilles maisons québécoises côtoient souvent des constructions contemporaines, comme celle réalisée par Louise Amiot.

L'architecture du parc Chaudière est hétéroclite. La plupart des résidences ont le même âge, mais elles sont de toutes les formes et de toutes les couleurs. Les reproductions de vieilles maisons québécoises du XVIIIe siècle y côtoient des bâtiments contemporains audacieux qui ne font pas l'unanimité.

«Il y a de superbes maisons et d'autres qui ne cadrent pas dans le décor», croit Odette Berberi.

Cette diversité architecturale s'explique par la multitude de promoteurs immobiliers - dont le désormais célèbre Raymond Malenfant - qui ont bâti le parc Chaudière.

La première maison réalisée par l'architecte Louise Amiot s'y trouve. «C'est encore ma plus belle. Elle est parfaitement intégrée à son site», dit-elle au sujet de cette demeure résolument contemporaine.

Malgré son goût pour l'audace, Louise Amiot croit que le parc Chaudière manque d'homogénéité. C'est le mauvais exemple de ce que ça peut faire lorsque l'on donne trop de libertés, affirme-t-elle.

En effet, les constructions ont peu de normes à respecter. «Les maisons ne doivent pas excéder deux étages, doivent être à 30 pieds de la rue. Ce sont des règlements qui sont assez faciles à appliquer, dit M. Canac-Marquis. Lorsque j'étais au conseil, la diversité était bienvenue. Il y a des maisons très originales dans tout ça».

Le voisinage

«Je ne pense pas qu'on puisse dire que c'est snob», dit Édouard Shoiry au sujet de son voisinage. «Les terrains sont assez grands, alors on ne se voit pas souvent. Mais on est en bons termes».

M. Houle et Mme Berberi admettent peu connaître leurs voisins, même s'ils habitent le quartier depuis 1989. «C'est chacun dans sa cour et ça nous convient très bien», dit le sympathique couple.

Comme l'explique Yvan Canac-Marquis, les résidants du secteur tiennent à leur quiétude. «Personne ne voudrait d'un nouveau pont entre le parc et Saint-Romuald. Personne ne voudrait qu'il y ait du va-et-vient. Même que les gens ont refusé que l'on mette des tables à pique-nique dans le parc du pont Garneau (situé là où nichait l'ancien pont), parce que la rue aurait tout le temps été parsemée d'autos. C'est tranquille et c'est ce que les gens souhaitent».