Pour aller où? Tout le problème est là. Même si elle en apprécierait la sécurité, Mme Parent se trouve bien jeune pour une résidence de personnes âgées. «Dans les résidences, je trouve les gens vieux», glisse-t-elle, presque gênée de sa réflexion.

Pour aller où? Tout le problème est là. Même si elle en apprécierait la sécurité, Mme Parent se trouve bien jeune pour une résidence de personnes âgées. «Dans les résidences, je trouve les gens vieux», glisse-t-elle, presque gênée de sa réflexion.

Autre obstacle: les prix. Dans une résidence de son secteur, un appartement de trois pièces et demie de 650 pi² (60 m²) coûterait 1200 $ par mois, électricité incluse.

Selon un agent immobilier, elle pourrait obtenir 185 000 $ pour sa maison.

Présentement, ses frais en taxes foncières, électricité, entretien et déneigement totalisent environ 460 $ par mois. Le petit logement en résidence à 1200 $ lui coûterait donc 750 $ de plus qu'actuellement. «Mais j'ai bien de la difficulté à laisser l'espace et la lumière pour aller mourir dans un petit 31/2 au onzième étage», confie Mme Parent.

Tout près de chez elle, un condo de cinq pièces est en vente pour 180 000 $, avec une surface de 1100 pi² (102 m²). Il y a une place au garage- autre critère important en hiver. Dilemme...

Discussion

Les personnes plus âgées font face au défi de la longévité: elles doivent détenir leur copropriété suffisamment longtemps pour traverser les éventuelles baisses de moral du marché. «Celui qui veut vendre rapidement fait un pari, estime l'analyste de la SCHL, Paul Cardinal. Si on le conserve à plus long terme- cinq, dix ou 15 ans-, on est supposé voir la valeur augmenter. Avec une détention de dix ans, on est à peu près sûr d'avoir franchi un cycle.»

Avant de se lancer dans l'aventure, mieux vaut donc faire une auto-évaluation de son état de santé et du poids de son hérédité.

On réduira encore le risque en choisissant une copropriété moins sensible aux perturbations immobilières- même en périphérie. «Plus votre condo est près du centre-ville de la banlieue, meilleures sont vos chances de prendre de la valeur», énonce François Morency.

Il faut vérifier la proximité des services- pharmacie, supermarché, soins médicaux, église, transports en commun.

Les personnes qui ont longtemps été seuls maîtres à bord de leur unifamiliale devront s'accoutumer à la démocratie en copropriété. «Il y a des exigences particulières à un certain âge, liées surtout à la santé et au besoin de sécurité, formule Jacques Saint-Pierre, de l'UQAM. Les gens se sentiront-ils seuls dans leur building à ressentir ces besoins? Les assemblées de copropriétaires reflètent les goûts et les besoins de la majorité.»

À cet égard, une copropriété en existence depuis quelques années a habituellement dépassé la période pendant laquelle les premiers copropriétaires font l'apprentissage- souvent rugueux- de leur nouvelle situation. «Dans les premières années, les gens qui arrivent n'ont jamais vécu en copropriété, souligne Patricia Lallier. Ils ne connaissent pas la mécanique. Dans les deux premières années suivant la construction, il y a un rodage à faire: le constructeur n'a pas fait telle ou telle chose. Avec l'immeuble existant, on sait ce que l'on achète. La copropriété est déjà rodée.»

La fin de l'histoire

Pas de conclusion encore pour Mme Parent, qui soupèse des possibilités. Elle cherche, hésite. Elle est sensible aux arguments de son conseiller financier, qui estime qu'après 70 ans, le temps de la copropriété est passé.

Elle veut de l'espace, mais les coûts d'un 41/2 dans une tour pour personnes âgées la font renâcler. Un appartement ordinaire n'est pas exclu.

Rien n'est joué.