Il y a environ cinq ans, Cécile Vermette, députée péquiste de la circonscription Marie-Victorin à Longueuil, en a eu assez. Comme c'est le cas actuellement pour une dizaine de politiciens provinciaux - tous partis confondus - , elle a fait son deuxième chez-soi, au Hilton Québec, pratiquement dans la cour de l'Assemblée nationale.

Il y a environ cinq ans, Cécile Vermette, députée péquiste de la circonscription Marie-Victorin à Longueuil, en a eu assez. Comme c'est le cas actuellement pour une dizaine de politiciens provinciaux - tous partis confondus - , elle a fait son deuxième chez-soi, au Hilton Québec, pratiquement dans la cour de l'Assemblée nationale.

Pour les quelques journées par semaine qu'elle passe dans la capitale durant les sessions et commissions parlementaires, elle a décidé de se départir de l'appartement qu'elle utilisait jusqu'alors. Une façon d'être plus proche de l'action. Un choix surtout plus facile depuis que ses enfants sont grands. «ça me permet de rencontrer beaucoup de gens», raconte la députée, qui siège depuis 1985.

Durant ses périodes de travail à l'Assemblée, elle passe donc habituellement deux à trois nuits par semaine au Hilton. «Lorsqu'il fait tempête, je peux même emprunter les corridors souterrains pour rejoindre mon bureau !» Malgré le fait qu'elle et ses collègues, qui choisissent ce mode d'hébergement, n'ont pas nécessairement toujours les mêmes chambres à leur disposition, et qu'ils doivent par le fait même vivre un peu plus «dans leurs valises», Mme Vermette ne reviendrait pas en arrière. «On s'ajuste !»

Des vêtements à son bureau sont toujours prêts pour dépanner, tandis que les repas sont pris, comme il est souvent coutume durant ses moments de travail intense, à l'extérieur. «Comme ça, au lieu de me retrouver seule à mon appartement, je peux aller manger tout près, sur la Grande Allée ou sur la rue Saint-Jean.»

Évidemment, pour recevoir famille et amis, ce n'est pas comme autrefois, juge-t-elle, mais la gentillesse du personnel de l'hôtel compense un peu ces occasions où elle regrette un logis plus intime.

Motus et bouche cousue

La discrétion est grande chez les tenanciers qui accueillent des clients de longue durée. Ici, les noms ne tombent pas aisément car, de bonne guerre, on protège la tranquillité des pensionnaires. Difficile à chiffrer, le phénomène ne semble pas si fréquent ou généralisé dans les hôtels. Mais il existe bien.

À titre d'exemple, actuellement, à l'hôtel montréalais Reine Élizabeth, sur les 1039 chambres, il n'y aurait que trois couples installés pour une période de deux à trois mois, illustre Johanne Papineau, directrice régionale des relations publiques pour le groupe Fairmont. Au Château Frontenac, aucune suite ou chambre ne sont louées en permanence ou à long terme, assure à son tour Micheline Dubé, coordonnatrice des ventes, marketing et relations publiques au célèbre hôtel.

Mais ça n'a pas toujours été le cas, alors que d'illustres politiciens ont fait par le passé du Château leur résidence officielle. Les suites «Maurice Duplessis» (no 8259) et «Robert Bourassa» (no 1107) rappellent cette période où le premier ministre du Québec habitait au quotidien à l'hôtel.

Outre les politiciens, les sportifs professionnels ont eux aussi l'habitude de faire leur pied-à-terre dans les complexes hôteliers. Richard Germain, directeur général de l'Hôtel Dominion 1912 à Québec, se souvient du passage d'un hockeyeur professionnel à un autre établissement de sa chaîne, Le Germain à Montréal. «Ancien du Canadien, il avait été échangé aux États-Unis. Comme il voulait venir passer l'été à Montréal et qu'il avait vendu sa maison, il s'est installé à l'hôtel pour deux mois.» Une superbe suite sur deux étages a fait l'affaire pour le séjour du sportif et de son entourage. Sans doute de quoi s'ennuyer du Tricolore!

Plus fréquentes, les ententes corporatives qui lient des entreprises aux hôtels seraient quant à elles en augmentation, observe Pascale Banville, directrice des communications au Château Bonne Entente. Ainsi, il n'est pas rare qu'une compagnie utilise une chambre ou une suite pour une longue période à l'intention de ses employés qui se relayent sur la route. Une quarantaine d'entreprises seraient ainsi de fidèles clients du Château Bonne Entente et profiteraient du programme Plume d'or, spécialement conçu pour eux. «Ils appellent l'établissement leur première maison !», fait remarquer le sourire dans la voix Mme Banville, au sujet de ces gens d'affaires toujours on the go.

Vie d'artiste

Dans le pavillon qu'il loue au Château Bonne Entente, Michel Jasmin s'est créé une aire de travail. (Photo Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil)

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, malgré le nombre grandissant de tournages cinématographiques d'importance réalisés notamment à Montréal, les acteurs habiteraient peu à l'hôtel lors de ces occasions. Même chose pour les séries de spectacles, comme ceux que présente le Capitole à Québec. «C'était un peu plus fréquent (de séjourner longtemps à l'hôtel) il y a quelques années», souligne Sylvie Jacques, directrice des communications de l'établissement. «De plus en plus, les artistes recherchent un genre d'appartement.»

Installé au Château Bonne Entente depuis bientôt six ans, Michel Jasmin nous a ouvert sa porte. «C'est la troisième fois que je viens m'installer à Québec», raconte l'animateur montréalais qui a repris la barre de son émission.

S'il a déjà possédé une maison en Haute-Ville, il a préféré débarquer à l'hôtel en 2000 lorsque TVA lui a proposé de venir animer sa propre émission à partir de la capitale.

Comme l'offre était assortie d'un contrat d'un an renouvelable et qu'il se souvenait des ennuis qu'il avait connus avec sa maison, habitée par périodes - il lui a fallu quatre ans pour la vendre - , il s'est dirigé vers l'établissement du chemin Sainte-Foy.

Depuis, il occupe un pavillon indépendant du Château Bonne Entente qui possède toutes les commodités. «Il y a peu de gens qui savent qu'ils existent !» Sur deux étages, il a recréé son univers, où l'on est bien loin de l'ambiance hôtelière. «C'est comme si c'était ma résidence secondaire. C'est vraiment comme chez moi.»

Un chez-soi avec des avantages. Comme la possibilité de recevoir dans les salles de réunion de l'hôtel ou encore de profiter l'été de la terrasse du Napa Grill, comme si c'était la sienne... ou presque. «Ils font le meilleur carré d'agneau au monde», s'enthousiasme l'animateur qui y a développé ses habitudes.

Inconvénient

Seul inconvénient, selon M. Jasmin, qui possède autrement un condo à l'Île-des-Soeurs: «Je vis dans deux villes! Donc, je suis équipé en double». Il anticipe d'ailleurs avec humour le moment où il devra s'installer à un seul endroit. «Qu'est-ce que je vais faire alors? Je crois que je vais devoir m'acheter une fermette», lance l'homme de télévision dans un éclat de rire.