«Une entreprise de construction qui jouit d'une excellente réputation est la clé. Si elle est bonne en tout autre temps de l'année, elle le sera durant l'hiver. Les chefs de chantier, spécialement à l'étape des fondations, savent planifier le travail en fonction des prévisions du temps», déclare Ken Corcoran, président de Kenco Construction de Saint-Jean-Chrysostome.

«Une entreprise de construction qui jouit d'une excellente réputation est la clé. Si elle est bonne en tout autre temps de l'année, elle le sera durant l'hiver. Les chefs de chantier, spécialement à l'étape des fondations, savent planifier le travail en fonction des prévisions du temps», déclare Ken Corcoran, président de Kenco Construction de Saint-Jean-Chrysostome.

À une température de moins 30 º Celsius, plaide ce dernier, ce n'est le moment ni de creuser ni de procéder à une coulée de béton. On attendra une température plus clémente.

«Cela, même si creuser est actuellement facile du fait que le sol est à peine gelé en raison du gros couvert de neige», explique-t-il.

Cependant, comme le suggère l'architecte David Leslie de Québec, une fois l'excavation exécutée, que la température ambiante soit de moins 10 º Celsius ou de moins 30 º Celsius, il faut couvrir le fond de paille ou d'une couverture isolante. À moins qu'on ne le chauffe (à 5 º Celsius, par exemple) sous une toile de polyéthylène.

Ensuite, on coulera la semelle en béton qu'on isolera de la même manière jusqu'à ce que le coffrage soit installé pour la coulée des murs de fondation.

Une fois que le béton est pris, on défait le coffrage - le lendemain de la coulée, généralement - tandis qu'on se hâtera à apprêter les murs extérieurs (pose de goudron, d'isolant, voire d'une membrane de polyéthylène haute densité) parallèlement à la mise en place du drain français. Puis, on revêt tout ça d'une toile isolante.

Du coup, on fera le plancher du rez-de-chaussée afin que l'intérieur des fondations, qu'on chauffera de façon uniforme, ne soit pas à ciel ouvert.

Enfin, on procédera au remplissage du pourtour des fondations suivant les mesures requises de sable «classe A» et de pierre nette. Sans oublier les membranes géotextiles.

En tout cela, pense un observateur, les entreprises de construction consciencieuses et accréditées en regard du Plan étatique de garantie des bâtiments résidentiels neufs connaissent leur affaire. Néanmoins, le particulier qui se fait bâtir a obligation de vigilance.

Par ailleurs, David Leslie explique que le béton, dont l'eau aurait gelé avant d'avoir gommé ses composants en un bloc monolithique, sera friable.

«Par contre, s'il est bien pris, mais repose sur un sol auquel on aurait donné le temps de geler, il se produira au printemps, lors du dégel, un mouvement de sol qui pourrait faire bouger la maison au point où le gypse lézardera. Ce peut aller jusqu'à entraîner des fissures dans les fondations», met en garde l'architecte.

Pas en janvier

Mais de janvier jusqu'à la mi-février, pense Marc Vaillancourt, président de la société de construction Maurice Bilodeau Inc. de Saint-Rédempteur, il est préférable de ne pas creuser. «Car la météo est souvent exécrable», déplore-t-il.

Dans le cas de son entreprise, on a creusé tard cet automne eu égard à la mise en chantier de quatre maisons. Aussi, l'équipe d'ouvriers qualifiés, après que chaque bâtiment eut été minimalement accommodé, peuvent travailler à l'abri et mener, par conséquent, quatre chantiers de front.

En fait, l'idée de creuser durant les grandes froidures déplaît à l'entrepreneur. Lors du remblai des fondations, craint-il, c'est de la terre enneigée qu'on peut envoyer par le fond qui peut avoir, lui aussi, sa part de neige.

«Lorsque la terre se réchauffe, la neige captive le fond, le sol se tasse et il y a éventuellement nécessité de reniveler la surface une couple de fois. Le cas échéant, il faut faire revenir la machinerie sur les lieux«, dit-il.

«Creuser en janvier, d'accord. Exceptionnellement, toutefois», concède-t-il. Ce serait le cas pour un client qui ne pourrait faire autrement. Il aurait, par exemple, vendu sa maison et ne voudrait pas se trouver «sans abri» durant un mois.

En novembre

L'idéal, pense David Leslie, c'est de creuser en novembre, de sorte que, pour Noël, l'ossature soit dressée, les murs montés et le revêtement de toit posé. Le tout, sur des fondations bien arrangées.

Autrement, en janvier, sur un chantier qui débute, les travailleurs qui, pour plus de dextérité, travaillent les mains nues, sont contraints de prendre des pauses fréquentes pour se dégourdir les doigts.

En revanche, à l'abri dans la maison, ils sont réputés plus productifs, car la température modérée des lieux les porte à s'activer.

D'un autre côté, d'après le président de l'Association des constructeurs d'habitations (APCHQ) de Québec, Réjean Badeau, la productivité d'un chantier d'hiver est accrue du fait que, contrairement aux périodes de pointe de la construction, les maîtres plombiers, électriciens, carreleurs, installateurs d'armoires, tireurs de joints et peintres ne se bousculent pas sur les chantiers. Les irritants sont donc moindres, le contrôle de la qualité meilleur et le climat de travail plus serein.

Maîtrise

Technicien en architecture au service du fabricant de maisons usinées Modulex, Clément Cauchon est d'avis qu'il n'y a pas de risques à bâtir durant les gros froids. «Pourvu qu'on suive scrupuleusement toutes les étapes et que l'entrepreneur soit compétent, consciencieux et qu'il maîtrise bien les techniques de construction hivernale», plaide-t-il.

Puis il soutient que le printemps et l'automne sont les saisons de construction idéales. Surtout lorsqu'il fait beau

Durant les canicules, en revanche, ce n'est pas mieux: les travailleurs en arrachent, la productivité est discutable, certains matériaux, tels le bardeau, mollissent et sont donc moins maniables alors que béton, en raison de l'évaporation, a tendance à prendre trop vite. C'est pourquoi, on lui met un «retardateur de prise». L'hiver, au contraire, c'est un activant qu'on y incorpore.