«Je suis devenue une veuve universitaire, dit-elle, un statut qui me convient moyennement.» Elle s'ennuie, quoi. Elle songe donc à rejoindre son conjoint à Québec.

«Je suis devenue une veuve universitaire, dit-elle, un statut qui me convient moyennement.» Elle s'ennuie, quoi. Elle songe donc à rejoindre son conjoint à Québec.

«J'ai la chance de pouvoir me trouver un nouvel emploi assez facilement, assure-t-elle. Mais nous ne voulons pas vendre le condo que nous aimons beaucoup.»

Elle voudrait donc louer ce condo à un prix qui couvrirait les mensualités hypothécaires, les taxes foncières, l'assurance copropriété divise, l'impôt foncier et les charges de copropriété, soit une somme de 1420 $ par mois.

Impôts sur le loyer

«Devrais-je payer des impôts sur le loyer perçu même s'il n'est destiné qu'à couvrir les frais du condo?» s'interroge-t-elle.

Hélas oui, répondent le fiscaliste Simon Beauchemin et le planificateur financier Denis Bellemare, de Desjardins Cabinet de services financiers.

Le revenu net de location devra être ajouté au salaire de Stéphanie dans le calcul de son revenu imposable.

Les intérêts, taxes foncières, assurance et charges de copropriété sont déductibles, mais pas le remboursement de capital d'environ 5500 $ par année.

«Il en résultera un revenu net de location de l'ordre de 5500 $, qui pourrait coûter 2300 $ d'impôt à Stéphanie», prédisent nos experts.

Ce point étant fixé, un déménagement à Québec est-il envisageable? Premier obstacle: la location du condo à Montréal. Un loyer de 1400 $ par mois est-il réaliste? Cette prévision apparaît raisonnable à Denis Bellemare.

La location du condo tout meublé épargnerait à Stéphanie les frais de déménagement du mobilier à Québec, qui pourrait atteindre 4000 $ à 5000 $.

Bonne stratégie, donc. Reste encore à se loger à Québec.

Stéphanie et Éric veulent payer un loyer moins élevé qu'à Montréal, question de dégager la marge de manoeuvre nécessaire à la location d'une petite voiture. En supposant un aménagement spartiate, Denis Bellemare évalue que le couple pourrait s'en tirer avec un loyer de 600 $ par mois.

Par rapport au logement montréalais, ils économiseraient ainsi 9840 $ par année.

Si on suppose que les parents d'Éric continueraient à contribuer au logement de leur fils à Québec- à hauteur de 2880 $ par année-, le jeune couple dépenserait donc 12 720 $ de moins par année. Par ailleurs, d'autres coûts viendraient s'ajouter. La location et l'usage d'une voiture- petite, japonaise, économe- pourraient coûter environ 4000 $, en supposant un très modeste kilométrage.

Ajoutons-y l'impôt de 2300 $ à payer sur le revenu net de la location du condo, pour un total de 6300 $ en frais supplémentaires. Bénéfice annuel de l'opération «déménagement temporaire à Québec»: 6420 $.

Intéressant! Mais attention, prévient Denis Bellemare. Ce surplus peut aisément fondre si le loyer est plus élevé que prévu, ou si la voiture se révèle plus gourmande.

Néanmoins, les chiffres montrent que le déménagement à Québec se justifie sur le plan financier.

C'est toutefois sur un autre plan que la décision est lourde de conséquences.

«Il s'agit d'un changement d'emploi et d'un changement de milieu, pour une certaine période seulement, prévient le planificateur. Les enjeux personnels et professionnels sont grands.»

Où est le coussin?

Le planificateur joue pleinement son rôle et fait au passage une petite observation: les épargnes non enregistrées de Stéphanie se montent à un maigre 500 $, ce qui est nettement insuffisant pour constituer un coussin financier confortable.

Il en profite donc pour suggérer une stratégie qui fournirait une meilleure marge de manoeuvre pendant les années d'études d'Éric.

Pour soutenir les études de son conjoint de fait, Stéphanie peut retirer des fonds de son REER en vertu du Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP).

Cet argent sera remboursé quand Éric accédera au marché du travail. Suivez bien la manoeuvre. Stéphanie a déjà accumulé 6200 $ dans son REER.

Pour sa déclaration de 2005, elle fait un emprunt de 9000 $, au maximum de ses droits de cotisation inutilisés, et les verse dans son REER avant le 28 février. Trois mois plus tard, respectant les délais, elle retire 10 000 $ au titre du REEP. Elle touche également un remboursement d'impôt de 3800 $ pour sa contribution REER.

Elle peut alors rembourser son emprunt de 9000 $, plus les frais d'intérêt de 118 $ (3 mois à un taux de 5,25 %). De cette opération se dégage une somme disponible de 4680 $. Stéphanie pourra répéter le même coup l'année suivante.

«Ces sommes, indique Denis Bellemare, pourront servir au couple pour la constitution d'un fonds d'urgence ou pour d'autres besoins à court terme qu'ils identifieront.»

La location d'une voiture à Québec, par exemple.