C'est en tout cas le constat du Musée d'Art moderne de New York (MoMA) qui leur consacre sa première exposition de design depuis la réouverture de ses locaux fin 2004.

C'est en tout cas le constat du Musée d'Art moderne de New York (MoMA) qui leur consacre sa première exposition de design depuis la réouverture de ses locaux fin 2004.

«Quels que soient la manière et le lieu où nous vivons, nous recherchons tous la sécurité», relèvent les concepteurs de Sécurité: le design prend des risques, qui veulent célébrer la force et la vulnérabilité des gens, et l'intelligence des designers.

À l'entrée, un abri en polypropylène conçu par un jeune Allemand se déplie comme de l'origami japonais, et est censé résister à tous les vents.

À côté se succèdent l'imperméable convertible en matelas, la parka japonaise à 44 poches pour stocker nourriture et pilules, et la couverture made in USA à l'épreuve des balles en lourd «nylon balistique» noir.

Avant le 11 septembre 2001, «nous avions commencé à réfléchir à une exposition sur l'urgence», explique le directeur du MoMA, Glenn Lowry. Mais après les attentats, on est passé à quelque chose de plus large, de plus sophistiqué sur la façon dont on vit notre sécurité et les émotions qui entourent la question.»

Le musée est allé chercher plus de 300 objets, certains bien connus -couteau suisse, lampe Maglite- d'autres à l'état de prototypes, conçus spécialement dans des écoles ou cabinets de design du monde entier. Ainsi on peut voir d'élégants t-shirts pare-balles présentés par un trio israélo-italien, installé en France. Ces hauts en coton et métal, ou coton et plumes de cygne sont rendus par leur kératine quasi aussi résistants que du kevlar.

D'autres s'attaquent aux peurs les plus universelles, peur du noir, des vols (voir la chaise qui retient les sacs à main) ou des séismes (radio sans pile, table transformable en tente de survie).

Alors l'exposition du MoMA serait-elle le reflet d'une paranoïa ambiante ?

«Beaucoup considèrent qu'elle arrive à point nommé. Il y a un mois c'était Katrina, aujourd'hui le séisme au Pakistan, dit Paola Antonelli, commissaire de l'exposition. Elle parle de la condition humaine... Au Bangladesh, il s'agit de filtrer l'eau, en Australie de se protéger contre le soleil... Le monde entier est en danger, mais sans paranoïa».

Une jeune Néerlandaise a par exemple conçu des cagoules pour permettre aux musulmanes de faire du sport tout en se sentant protégées. Cindy van den Bremen en vend aux femmes les plus éduquées.

L'époque semble porteuse. Safe fait écho à une exposition organisée récemment près du site du World Trade Center disparu. Baptisée Le Jardin de la sécurité intérieure, elle rassemblait des objets confiés par 200 New-Yorkais anonymes, censés représenter pour eux réconfort et sécurité: uniforme, médicament, journal, nourriture.

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L'exposition Safe: Design Takes on Risk est présentée jusqu'au 2 janvier.

Sur Internet: www.moma.org/safe