«Nous sommes encore sous le choc, s'exclame Mark Puddubiuk, cofondateur de l'OEUF. Nous avons toujours cru en ce que nous faisions, mais c'était souvent frustrant car nous n'avons pas toujours été appuyés dans notre action. C'est terriblement encourageant de voir notre travail validé par un organisme international de cette envergure.»

«Nous sommes encore sous le choc, s'exclame Mark Puddubiuk, cofondateur de l'OEUF. Nous avons toujours cru en ce que nous faisions, mais c'était souvent frustrant car nous n'avons pas toujours été appuyés dans notre action. C'est terriblement encourageant de voir notre travail validé par un organisme international de cette envergure.»

Invités à la remise des prix, à Boston, le 30 septembre, les architectes de la firme savaient qu'ils figuraient parmi les lauréats. Mais ils étaient loin de se douter qu'ils rafleraient le premier prix, assorti d'une bourse de 100 000$ US. «À un certain moment, en voyant les autres gagner, on a pensé avoir été oubliés», confie Mark Poddubiuk.

L'OEUF, qui partage son prix avec l'ingénieur Martin Roy, travaille depuis plus de 10 ans au réaménagement de Benny Farm, un quartier de Notre-Dame-de-Grâce. Créé en 1947 pour les anciens combattants, celui-ci renaît grâce à l'engagement de la communauté, la conscience sociale de la Société immobilière du Canada, propriétaire des terrains, et la participation de la Ville de Montréal.

Certains édifices connaissent aussi une seconde vie. Deux premiers bâtiments ont été rénovés en favorisant le plus possible la réutilisation et le recyclage de matériaux. Grâce aux efforts conjugués de l'OEUF et de Martin Roy, ils abritent les logements sociaux les plus efficaces, d'un point de vue énergétique, au Canada.

Diverses stratégies ont en effet été adoptées pour réduire considérablement la facture d'électricité et de chauffage des résidants, aux revenus moyens ou faibles. On a par exemple eu recours à des ventilateurs à récupération de la chaleur et des récupérateurs de la chaleur des eaux grises (qui utilisent la chaleur de l'eau de la douche et du lave-vaisselle pour préchauffer l'eau du chauffe-eau).

Mais les architectes et l'ingénieur sont allés encore plus loin, au cours de la dernière année, en créant l'organisme à but non lucratif «Verdir l'infrastructure de Benny Farm», géré par différents groupes au sein de la communauté. Celui-ci veille sur 187 logements répartis dans quatre propriétés à vocation sociale (les deux bâtiments rénovés et deux nouveaux édifices), boulevard Cavendish.

Ceux-ci bénéficient de systèmes énergétiques qui font appel à des échangeurs d'air géothermiques, des sources hybrides d'énergie solaire et électrique, le chauffage radiant, des récupérateurs de chaleur de l'air et de l'eau. Les systèmes sont reliés entre eux et mutuellement dépendants. Une partie des économies de chauffage et d'électricité sont refilées aux résidants. Mais une partie des profits sera aussi éventuellement réinvestie dans des projets environnementaux qui profiteront à tous comme l'aménagement de toits verts.

«Le projet a été primé pour sa vision sociale ambitieuse, sa viabilité financière et sa contribution à la planification d'un quartier, tout en tenant compte de l'esthétisme, a déclaré la présidente du jury régional, Adèle Naudé Santos, doyenne de l'École d'architecture du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Le projet encourage les groupes concernés à s'impliquer et offre des réductions potentielles de coûts en matière de services publics.»

Les Prix Holcim soulignent pour la première fois l'excellence de projets de construction durable dans les cinq régions du monde: l'Amérique du Nord, l'Amérique latine, l'Europe, l'Asie Pacifique et l'Afrique Moyen-Orient. Les trois meilleurs projets de chaque région participeront ensuite au Global Awards, à Bangkok, en avril 2006.

Que feront les gagnants avec leur prix de 100 000$? «Nous n'en avons aucune idée, dit Mark Poddubiuk en riant. Pour une petite firme qui en a arraché pendant plusieurs années, c'est un beau dilemme!»