Non loin du centre-ville, boulevard Laird, croise la rue Stanstead où sont érigées de grandes résidences entourées d'immenses parterres ombragés. Au 211, la maison des Milliken, les premiers propriétaires qui ont fait construire la maison en 1936, se démarque par son style néo-géorgien.

Non loin du centre-ville, boulevard Laird, croise la rue Stanstead où sont érigées de grandes résidences entourées d'immenses parterres ombragés. Au 211, la maison des Milliken, les premiers propriétaires qui ont fait construire la maison en 1936, se démarque par son style néo-géorgien.

La maison, maintenant propriété de l'architecte Émilien Bujold, a conservé ses éléments architecturaux d'origine: son recouvrement de pierres naturelles, ses deux immenses cheminées, sa fenestration double à carreaux et ses volets de bois, son porche et son garage habillés de la même pierre que le bâtiment. Son état de conservation remarquable lui a permis de se voir décerner par la Ville de Montréal le prix émérite du patrimoine 2005 de l'arrondissement de Mont-Royal.

Le style néo-géorgien, assez répandu en Nouvelle-Angleterre, est caractérisé par un bâtiment de forme rectangulaire, par ses fenêtres en bois à carreaux, par son entrée fermée (tambour) ornée de pilastres cannelés, couronnée de moulures en bois stylisées et dotée d'un imposte dont le verre gravé affiche généralement une décoration. Dans ce cas-ci, l'artisan a gravé une toile d'araignée. De chaque côté de l'entrée, deux petites fenêtres en forme de hublot assurent l'éclairage durant le jour.

La maison compte 12 pièces (incluant le garage) sur quatre étages dont un immense salon et une grande chambre principale. Chaque étage a son foyer avec parement de marbre. Les propriétaires d'origine avaient fait construire une annexe à l'arrière afin d'y loger un bureau et un boudoir à l'étage. Cet appendice en bois de couleur verte n'a pas la noblesse de la pierre naturelle, mais il n'est heureusement pas visible de la rue.

La résidence comptait autrefois un quartier pour les domestiques. Sous le toit à deux versants où percent sur les côtés deux fenêtres en quart de lune est aménagée une grande pièce de séjour, autrefois un gymnase, qui fait le bonheur de Clodine, la fille de M. Bujold.

La quincaillerie, particulièrement les pentures, les poignées de porte d'origine en verre taillé et en porcelaine de même que les lustres et appliques aux foyers proviennent tous d'Angleterre. À noter aussi la porte d'entrée qui est ornée d'un vitrail plombé de forme ovale et bombée.

M. Bujold signale que sa défunte femme, Pauline Malo, était tombée en amour avec la maison au moment de son achat en 1968. «Diplômée de l'École des beaux-arts de Montréal à l'époque du Refus global de Paul-Émile Borduas, c'est elle qui s'est occupée de la décoration intérieure. Elle a tenue à ce que le salon et la chambre principale conservent leurs dimensions originales, ce qui nous permet de bénéficier de l'éclairage du jour sur trois côtés.»

La résidence n'a pas subi de modifications majeures si ce n'est un agrandissement de la cuisine qui était autrefois occupée en partie par le quartier des domestiques. «Cet agrandissement nous a obligé à faire insérer une poutre d'acier sous le plancher de la cuisine afin de solidifier la charpente», signale l'architecte à la retraite, en ajoutant que les salles de bains ont aussi été rajeunies à quelques reprises.

Des mouvements de terrain ont cependant obligé le propriétaire à faire réparer à quelques reprises les murs du bâtiment. Il semble qu'un ancien ruisseau maintenant comblé qui passait sur ou près de la propriété soit à l'origine de ces inconvénients. D'ailleurs, un hêtre majestueux devant la résidence témoigne de la présence de sources souterraines, puisque ce type d'arbres aime les plaines humides et bien drainées. L'hêtre a été classé par Ville Mont-Royal parce qu'il est aussi vieux que la municipalité.