Il fait jaser, ce chalet de bois haut perché, qui semble déposé sur le bord du lac Aylmer, dans un village au nom impossible, Beaulac-Garthby, non loin de Thetford.

Il fait jaser, ce chalet de bois haut perché, qui semble déposé sur le bord du lac Aylmer, dans un village au nom impossible, Beaulac-Garthby, non loin de Thetford.

«Les gars qui ont coulé les formes pensaient que c'était une maison mobile», relate le proprio, qui a fait appel à sa soeur architecte et à son mari, Anne Vallières et Gianpiero Moretti, pour la réalisation de cette singulière résidence secondaire.

Pour profiter de la vue sur le lac, il n'a eu d'autre choix que de surélever son chalet, en raison du terrain très plat et d'une nouvelle réglementation interdisant toute construction à moins de 10 mètres de la ligne des hautes eaux.

Les pièces de vie se trouvent au deuxième niveau. La lumière y pénètre effrontément par deux immenses fenêtres en coin. L'été, les rayons de midi frappent si fort qu'il a fallu installer un pare-soleil, seul relief sur la surface uniformément plane de ce bâtiment aux lignes contemporaines.

Les propriétaires rêvaient d'une maison bien intégrée à la nature et ils souhaitaient qu'elle soit faite de matériaux bruts. Ils ont opté pour le cèdre de l'Ouest et pour le Fibrociment, une matière décorative, abordable, mais pas structurale, qui s'apparente au Bet flex utilisé sur de nombreux édifices du quartier Saint-Roch. Le premier niveau en est recouvert.

Cette portion sert de socle au chalet. Elle abrite la remise, une salle d'eau, ainsi que la cuisine d'été, une pièce ouverte à l'abri du soleil, du vent et de la pluie, dotée d'un évier, d'un petit frigo et d'un BBQ. Quand le couple s'absente, il rassemble tous ces meubles derrière une porte accordéon de métal qu'il verrouille à double tour. Les voleurs peuvent bien rôder, ils ne trouveront que les galets de rivière et le carré de gazon que monsieur entretient avec une tondeuse écologique.

Si les plaisanciers pouvaient apercevoir l'intérieur de la «cabane en bois», ils trouveraient matière à alimenter leurs bavardages. Le salon, très haut de plafond, est sobrement décoré. La lumière fait tout le travail. L'hiver, elle est secondée par le foyer, qui trône au centre de l'espace.

La cuisine, elle, a été insérée dans un cubicule ouvert qui la distingue du salon. Le toit de ce cubicule sera bientôt aménagé en mezzanine qui servira de chambre d'amis. Pour s'y rendre, les deux proprios ont fait installer un escalier coulissant sur poulies. Ils le remontent au besoin, pour libérer le couloir qui mène à l'une des deux autres chambres.

Les invités, de leur mezzanine, auront accès à une vaste terrasse qui embrasse le paysage boisé de ce lieu de villégiature, situé «à la limite du 418 et du 819». En août, les Perséides dessinent des tableaux vivants sur le ciel qui fait un somptueux chapiteau à cette terrasse.

La salle de bains est localisée tout au centre de la maison, entre deux petits couloirs qui mènent chacun à une chambre. Mais la frangine architecte est astucieuse: elle a ménagé une trouée de lumière au-dessus de la baignoire grâce à des vitraux multicolores. Quand la porte coulissante est ouverte, la petite fenêtre d'un couloir jette de la clarté dans cette pièce bleue parée d'accessoires en inox.

Les planchers de contre-plaqué verni sont «fonctionnels et sans entretien», ainsi que le désirait madame. Qui voudrait d'un chalet pour frotter sans arrêt?

Cette «cabane en bois» de Beaulac-Garthby a valu à son propriétaire et à sa conceptrice le Prix Marcel-Parizeau de l'Ordre des architectes du Québec, en 2003, pour un projet de moins de 150 000 $.