«Être locataire, c'est très urbain», note Andrée Fortin, professeure au département de sociologie de l'Université Laval et chercheuse au sein du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les banlieues (GIRBa). Devant l'intérêt démontré par les jeunes pour la vie en banlieue et à la campagne, elle ne s'étonne donc pas de la place accordée à la propriété. Les deux éléments vont de pair, observe-t-elle.

«Être locataire, c'est très urbain», note Andrée Fortin, professeure au département de sociologie de l'Université Laval et chercheuse au sein du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les banlieues (GIRBa). Devant l'intérêt démontré par les jeunes pour la vie en banlieue et à la campagne, elle ne s'étonne donc pas de la place accordée à la propriété. Les deux éléments vont de pair, observe-t-elle.

En 1998, dans une étude sur les «Préférences et intentions de la génération X en matière de logement», la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) décrivait la présence du rêve d'accéder à la propriété. L'envie de s'affranchir des désagréments des logements avoisinants, l'impression de payer dans le vide ou les relations parfois tendues avec le propriétaire étaient autant de raisons qui incitaient les locataires à vouloir passer chez le notaire, une offre d'achat en main. Un désir qui est toujours bien là en 2005, pense le porte-parole de la SCHL, Jean-François Dion.

Curieusement, si cette envie ne date pas d'hier, l'organisme a pourtant noté un recul du taux de propriétaires chez les 25-35 ans entre 1981 (46 %) et 1996 (41%). Ce taux était de 38 % en 2001 pour ce groupe dans la région de Québec. Pendant ce temps, pour l'ensemble des ménages, le taux a cependant poursuivi une croissance graduelle (étant tout juste sous les 60 % au recensement de 1996).

Locataires P.Q.

Au cours des 40 dernières années, le Québec a toujours remporté la palme avec la plus grande proportion de locataires au pays.

Une situation qui est en train d'évoluer, analyse Paul Villeneuve, professeur à l'école supérieure d'aménagement du territoire et du développement régional de l'Université Laval. De façon globale, il voit un changement culturel qui s'est échelonné sur une longue période. «L'objectif d'être chez soi est, de nos jours, vu comme étant plus accessible.»

Encore plus ces dernières années, alors que l'économie et le marché de l'immobilier ont connu des années records. «Avec les nouveaux modes de financement, si ton crédit est bon, tu n'as même plus besoin de faire de mise de fonds», résume Ingrid Drouin, agente immobilière chez Remax Référence 2000. «Sans compter que tout le monde travaille», complète son collègue Yves Desgagnés. Autant de facteurs qui permettent au rêve de devenir une réalité, en particulier pour les jeunes.

Les deux associés de Remax observent notamment un intérêt grandissant depuis quatre ou cinq ans pour les maisons neuves chez leurs jeunes clients. «Souvent, ils se disent: tant qu'à payer 125 000 $ pour une maison usagée, aussi bien mettre 20 000 $ de plus pour une neuve!» décrit M. Desgagnés. Puis, il y a aussi ceux qui veulent investir dans l'immobilier. «Beaucoup de familles achètent un immeuble à revenus», explique Ingrid Drouin.

C'est le choix qu'à fait Laurie L'Hérault et son conjoint Jean-François, lorsqu'ils sont débarqués à Québec. Bricoleurs, ils voyaient là l'opportunité d'avoir une première résidence à leur goût et dans laquelle ils pourraient investir à long terme.

«On pense vraiment loin», affirme l'enseignante de 28 ans, au sujet de son triplex qu'elle habite dans Limoilou. Le quartier plaît et elle ne pourrait être mieux ailleurs. Avec pour l'instant un seul enfant, le petit Xavier, 20 mois, le couple ne s'inquiète pas. Car si la famille s'élargit, le plan est déjà prêt : on va agrandir dans l'appartement du dessus, plutôt que de déménager. Et pourquoi pas? Tout est possible quand on est chez-soi.