En achetant un terrain face à un grand stationnement, José DiBona, président d'Anobid, se doutait bien que ce grand espace libre serait un jour occupé. Seulement, la taille du pavillon des sciences biologiques que l'Université du Québec à Montréal (UQAM) y a fait construire l'a surpris.

En achetant un terrain face à un grand stationnement, José DiBona, président d'Anobid, se doutait bien que ce grand espace libre serait un jour occupé. Seulement, la taille du pavillon des sciences biologiques que l'Université du Québec à Montréal (UQAM) y a fait construire l'a surpris.

«On se sent écrasés, déplore-t-il. Ce mur de huit étages nuit à nos ventes. Nos terrasses offrent une belle vue sur les feux d'artifices et sur le sud de Montréal, mais du côté du centre-ville, c'est franchement moins beau.» Ce sont surtout les appartements du quatrième et dernier étage qui demeurent invendus depuis la construction du pavillon.

Elizabeth Gibb, qui habite au deuxième étage des Terrasses Saint-Urbain, se demande pourquoi cette face secondaire du pavillon ne s'harmonise pas mieux à l'architecture victorienne de cette portion de la rue Saint-Urbain.

«Si c'était à refaire, j'achèterais quand même un appartement aux Terrasses Saint-Urbain, affirme-t-elle. J'aime le concept des terrasses privées sur le toit pour tous les propriétaires, mais je suis très déçue de l'apparence du bâtiment qui nous fait face.»

Comme l'immeuble des Terrasses Saint-Urbain se trouve à l'intérieur de l'aire de protection de la maison Notman, le ministère de la Culture et des Communications du Québec a forcé le promoteur à harmoniser son projet au secteur. José DiBona, qui prévoyait construire un bâtiment de six étages en brique, a donc opté pour la pierre grise, et pour quatre étages seulement.

Mais de l'autre côté de la rue, c'est la brique et le verre qui dominent. L'architecte retenu par l'UQAM pour réaliser les pavillons de biologie et de la Téluq (rue Sherbrooke), ainsi que les résidences universitaires, se défend d'avoir nui à la beauté du secteur.

«La ville doit évoluer», tranche Mario Saia, architecte. Au sujet de l'usage de la brique jaune, il ajoute qu'en vertu du Plan d'ensemble de l'Université du Québec à Montréal, c'est le matériau de recouvrement qui a été retenu pour tous les immeubles universitaires dans le quadrilatère formé par les rues Saint-Urbain, Président-Kennedy, Jeanne-Mance et Sherbrooke. La Ville de Montréal a d'ailleurs entériné ce Plan d'ensemble en 1992.

En construisant trois nouveaux bâtiments sur son terrain, l'UQAM crée un campus à l'intérieur duquel les étudiants et le public pourront profiter de plusieurs espaces verts. Entre les rues Sherbrooke et Président-Kennedy, les résidants de la rue Saint-Urbain pourront y accéder par trois corridors.

Les propriétaires des Terrasses Saint-Urbain habitent donc face à un campus discret, mais que Mario Saia a voulu aussi convivial que celui de l'Université McGill, ou encore Harvard, à Boston. C'est d'ailleurs l'architecte paysagiste Claude Cormier qui en a conçu l'aménagement.

«Nous ne sommes pas en banlieue. Nous sommes situés à la base du centre-ville et il faut en tenir compte», poursuit M. Saia, pour expliquer pourquoi il n'a pas laissé d'espace vert à l'extérieur du campus.

À la Ville de Montréal, le responsable des communications pour l'arrondissement de Ville-Marie, Bernard Daoust, confirme que l'UQAM a respecté les règlements de zonage de ce quadrilatère. L'université serait donc dans son droit quant à la hauteur de ses bâtiments.