«Iconoclaste, il l'a été parce qu'il a combattu le langage classique et aussi l'art nouveau. Mais il a inventé un modèle toujours d'actualité, le grand intérieur blanc avec éclairage naturel par opposition à l'intérieur du XIXe siècle plein d'objets et baignant dans la pénombre», explique à l'AFP l'historien de l'architecture Jean-Louis Cohen.

«Iconoclaste, il l'a été parce qu'il a combattu le langage classique et aussi l'art nouveau. Mais il a inventé un modèle toujours d'actualité, le grand intérieur blanc avec éclairage naturel par opposition à l'intérieur du XIXe siècle plein d'objets et baignant dans la pénombre», explique à l'AFP l'historien de l'architecture Jean-Louis Cohen.

Dans son héritage, «on trouve toujours l'utilisation des pilotis, du béton brut, des fenêtres en longueur», indique Jean-Louis Cohen, qui publie le 9 septembre «Le Corbusier, la planète comme chantier», à l'occasion du quarantième anniversaire de sa disparition le 27 août 1965.

L'intérieur de La Villa Turque

Ce livre-album retrace à travers de nombreux documents intimes (photos, croquis, cartes postales, dessins), l'histoire d'un personnage contradictoire, génial et mégalomane, opportuniste en politique et antisémite, meilleur architecte qu'urbaniste... Il avait notamment imaginé la destruction du centre de Paris pour en faire une ville plus rationnelle et ordonnée.

Le directeur de la Fondation Le Corbusier à Paris, Michel Richard, estime que «Le Corbusier est l'un des plus grands architectes du XXe siècle et reste très présent, notamment dans la demande des éditeurs du monde entier de traduction de ses écrits».

«Par exemple, dans des pays où il n'a pas construit comme au Brésil, en Italie ou en Espagne, il a conservé une influence considérable auprès des enseignants et des étudiants d'architecture», indique M. Richard.

La Fondation, qui a pour mission la protection de l'oeuvre de l'architecte suisse né à La Chaux-de-Fonds et l'information du public (www.fondationlecorbusier.fr), vient de publier un guide franco-anglais des constructions en région parisienne. Elle en prépare une version pour les Japonais qui vouent un véritable culte à l'architecte.

Aujourd'hui, on peut visiter des villas modernistes des années 20, dont la maison de ses parents à Corseaux en Suisse, des «unités d'habitation» ou «immeubles collectifs équipés» à Nantes, Marseille ou Berlin, mais aussi passer une nuit dans l'hôtel restauré de la Cité radieuse de Marseille.

Les «unités d'habitation» avaient été conçues dans les années 50 comme habitat social. Depuis, enseignants, intellectuels et professions libérales ont investi les lieux, séduits par les appartements à double hauteur et la sociabilité créée par «les rues en hauteur» et les équipements collectifs.

L'architecte s'était acquis une réputation internationale, dès avant la Seconde guerre mondiale, lors de ses voyages pour présenter ses idées sur la modernisation des villes. Mais il passait aussi pour un opportuniste.

Après avoir construit au pays des soviets, il tente de séduire en 1936 le gouvernement de Front populaire puis essaie de rencontrer Mussolini ou, en 1940-42, de convaincre le gouvernement collaborationniste de Vichy de lui confier l'aménagement du territoire national. Sans succès.

«C'est dans l'Inde indépendante qu'il trouve son principal lieu de commande étatique en 1960», précise Jean-Louis Cohen. Il y concevra la nouvelle capitale du Pendjab, Chandigarh, une ville nouvelle de 500 000 habitants créée de toutes pièces.