«Tout ce bruit paraît tolérable. Il semble, en tout cas, que la majorité s'en accommode, chacun se disant qu'il fait partie de la vie et découle de l'avancement technique», pense l'acousticien et président d'Octave Acoustique de Saint-Laurent (Î.O.), Christian Martel.

«Tout ce bruit paraît tolérable. Il semble, en tout cas, que la majorité s'en accommode, chacun se disant qu'il fait partie de la vie et découle de l'avancement technique», pense l'acousticien et président d'Octave Acoustique de Saint-Laurent (Î.O.), Christian Martel.

D'un autre côté, selon une psychologue clinicienne de la région de Québec qui se confie au Soleil sous le couvert de l'anonymat, il est clair que le bruit induit le stress. «Quand une personne en vit déjà un qui résulte d'une autre cause, le bruit est plus exaspérant encore», trouve-t-elle. Et quand celui qu'on juge insupportable persiste, on peut le ressentir comme une agression. Enfin, elle admet qu'un même bruit peut être insoutenable aux uns et acceptable aux autres.

Des appareils bruyants

«En fait, pour augmenter leur confort à domicile et profiter aussi des avantages du progrès, les gens font l'acquisition d'appareils qui font du bruit», constate M. Martel.

Le système audio au volume parfois extravagant, la télé, le cinéma maison et son vibrant subwoofer, le réfrigérateur, le lave-vaisselle, le duo «laveuse et sécheuse», l'aspirateur central dont la sortie d'air à l'extérieur tire ses décibels à bout portant sur la propriété voisine, les petits électroménagers, les robinets, le téléphone, les jeux vidéo, la hotte de cuisinière, le ventilateur de la chambre de bains, la baignoire thérapeutique, les outils électriques de bricolage sont au nombre des équipements à bruit. Il n'est d'ailleurs pas rare que plusieurs fonctionnent en même temps.

C'est sans compter, note l'acousticien, les occupants de la maison qui bougent, parlent, marchent, ouvrent et ferment les portes, actionnent la chasse d'eau ou qui prennent une douche. Enfin, en bruit de fond, le climatiseur, l'échangeur d'air ou l'appareil de chauffage.

À l'extérieur aussi, il y a tout un train de sources de bruit. Par exemple, les rendez-vous festifs autour du barbecue, la thermopompe, le filtre de la piscine, la tondeuse à essence si importune le samedi matin, la souffleuse à feuilles l'automne, le roulement des automobiles, le vrombissement des motocyclettes, le timbre de recul des véhicules lourds, les ventilateurs de cuisine des restaurants, les compresseurs des systèmes de réfrigération des supermarchés, le barda des haut-parleurs lors des fêtes populaires. Puis les cris d'enfants dont on ne devrait ni se plaindre ni se lasser, estime M. Martel.

À la campagne et dans la forêt, les véhicules tout-terrain et les motoneiges rompent le silence. Sur les plans d'eau, les moteurs hors-bord et les moto-marines font la pluie et le beau temps. Il y a du bruit partout, tout le temps. Sauf la nuit, en général.

L'hiver, il y a bien la souffleuse à neige, mais nul ne s'en plaint, chacun étant dans sa maison portes et fenêtres fermées.

Pendant le reste de l'année, pour se couper des bruits de la rue, on peut fermer. À la condition, d'après la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) dans son recueil de solutions pour les constructeurs et rénovateurs paru en 2001, d'avoir chez soi un système de ventilation à air pulsé insonorisé.

Et si le revêtement extérieur de la maison est en maçonnerie et les fenêtres bien étanches, là on ne peut mieux comme «coupe-son».

Dans les nouveaux quartiers

Le bruit est causé par tout le monde, dit-on. Chaque personne étant à la fois émettrice et réceptrice.

Cependant que M. Martel suppose que le fait que les résidences neuves sont plus proches des unes des autres constitue un facteur aggravant.

Cependant, l'industrie comprend. Elle s'emploie à fabriquer des appareils plus silencieux, mais d'ordinaire un peu plus coûteux.

«Les gens veulent une thermopompe efficace, mais cherchent un prix. Ils paient moins, d'accord. Mais pour l'insonorisation, il y a mieux», estime le consultant qui a «signé», entre autres, l'acoustique de l'atrium de la Caisse de dépôt et de placement à Montréal et le Dôme Fudgi de Kyoto où se produisit le Cirque du Soleil.

Enfin, il rapporte le cas d'un ménage qui a acquis dernièrement un climatiseur de fenêtre économique. Il faisait bien le travail, sauf qu'il menait un «méchant tapage».

«Ainsi, ces gens, en voulant régler un problème d'inconfort, en créaient un autre. Las du bruit, ils se résignaient parfois à éteindre l'appareil malgré la chaleur humide. Un acousticien aurait pu faire cesser tout ça, mais sans doute au prix d'un climatiseur neuf bien insonorisé», déclare-t-il.

Comme quoi, le silence est d'or. Pour se l'offrir, il faut allonger plus d'argent.