Ses paysages ont été immortalisés par plusieurs téléromans, dont Cormoran et Nos étés. Sa seule dénomination, passée à l'histoire en 1973 avec la sortie du film Kamouraska, suscite l'admiration. En été, à Kamouraska, une personne sur deux est un touriste. Aussi, certains craignent que ce village bucolique devienne un dortoir estival pour citadins en manque d'air frais.

Ses paysages ont été immortalisés par plusieurs téléromans, dont Cormoran et Nos étés. Sa seule dénomination, passée à l'histoire en 1973 avec la sortie du film Kamouraska, suscite l'admiration. En été, à Kamouraska, une personne sur deux est un touriste. Aussi, certains craignent que ce village bucolique devienne un dortoir estival pour citadins en manque d'air frais.

«En quelques années, le portrait a beaucoup changé. Le phénomène grandissant des gens de la ville qui font l'acquisition d'une propriété, souvent à gros prix, est inquiétant», dit le maire, Jean-Guy Charest.

De fait, des résidences évaluées à 40 000 $, se vendent souvent 200 000 $. «À cinq fois l'évaluation, ce n'est pas rare. Plus la vue sur le fleuve est belle, plus le prix offert est élevé. C'est devenu astronomique», ajoute celui qui voit aux destinées du village en tant que maire depuis bientôt 16 ans. Le phénomène ne touche plus que les riverains, mais déborde sur la route 132.

«Ce sont des gens de Québec, Montréal ou Toronto qui ont de l'argent et sont prêts à payer le gros prix pour s'offrir ici une maison pour leur retraite. Plusieurs de mes voisins sont des estivants. En été, c'est bien beau, mais en hiver, lorsqu'il n'y a jamais de lumière chez les voisins, cela devient vite monotone.» Celui qui est aussi préfet de la MRC du même nom depuis six ans, craint une diminution de la population locale.

«Depuis 10 ans, notre population est demeurée sensiblement la même, mais plus ça va, plus le phénomène prend de l'ampleur. Si vous avez toujours habité à Kamouraska et que quelqu'un vous offre 200 000 $ pour votre maison qui en vaut 40 000 $, vous accepterez fort probablement. Certains nouveaux propriétaires louent aussi leur maison en été. Ils empochent ainsi un petit magot qu'il leur serait impossible d'obtenir en intérêts s'ils plaçaient leur investissement en banque.»

Mais qu'advient-il du rat des champs après que le rat des villes fut passé, sans mauvais jeu de mots? «Les anciens propriétaires s'en vont à l'extérieur, ce qui fait chuter la population. On ne peut rien faire. Il est difficile d'empêcher les gens d'acheter des résidences et d'investir chez nous.»

Cette hausse de la valeur des résidences fait évidemment bondir les taxes. Il en est de même des terrains en bordure du fleuve. «Je connais quelqu'un qui a payé un terrain 19 000 $ il y a 12 ans, et on lui en a offert 75 000 $ il y a trois ans», note M. Charest.

Situation géographique idéale

La situation géographique du village de 707 résidants, en bordure de mer, en fait l'endroit idéal pour décrocher du béton et de l'air vicié des villes. Il y a une trentaine d'années, aucun effort particulier n'était nécessaire pour attirer les touristes, puisque la 132, qui traverse le village, était la seule route vers l'est, passé Québec. Il y avait alors trois hôtels importants. Deux ont été détruits par les flammes et le dernier a été converti en maison à logements. C'est la construction de l'autoroute 20, dans les années 1970, plus en amont, qui a changé la donne.

«Nous passions toujours tout droit, par la 20, pour aller en Gaspésie ou au Nouveau-Brunswick. Mais cette année, nous avons décidé d'arrêter à Kamouraska. Tout est merveilleux, c'est un autre monde avec l'architecture et la quiétude. Les gens sont très accueillants. Nous reviendrons certainement», dit le couple formé de Jean-Marc et Christiane Bourassa de Drummondville, confirmant la tendance.

«Nous avons dû nous adapter. Les gens ne voyaient plus le village. Nous avons travaillé fort pour que les touristes empruntent la sortie qui mène chez nous», explique le maire Charest. L'opération s'est avérée un tel succès, qu'elle a amené un autre problème. «Il faut maintenant trouver une façon de gérer cette importante clientèle annuelle et en même temps, ne pas brimer la quiétude de nos citoyens.»

L'administration municipale a réagi, en interdisant notamment le stationnement des motorisés au bord du fleuve. «L'an passé, en une seule soirée, j'en ai compté 40.» De même, alors que les résidants aimeraient profiter d'activités, les touristes, eux, préfèrent la tranquillité. «C'est un problème, oui, mais, considérant le succès touristique, c'est un heureux problème.»