C'est ce qui est arrivé chez Nathalie Fraser et Jean-François Bourdeau. Lorsque le couple a décidé de décorer entièrement sa maison de Saint-Eustache, c'est elle qui a dirigé les opérations. «Mon mari avait une confiance aveugle envers les décoratrices. On travaillait sur les plans et lui ne sortait que 30 secondes de son bureau pour les approuver. Il ne voyait pas la nécessité d'y consacrer plus de temps», se souvient-elle.

C'est ce qui est arrivé chez Nathalie Fraser et Jean-François Bourdeau. Lorsque le couple a décidé de décorer entièrement sa maison de Saint-Eustache, c'est elle qui a dirigé les opérations. «Mon mari avait une confiance aveugle envers les décoratrices. On travaillait sur les plans et lui ne sortait que 30 secondes de son bureau pour les approuver. Il ne voyait pas la nécessité d'y consacrer plus de temps», se souvient-elle.

Des couples comme Nathalie et Jean-François, c'est la norme, disent les designers d'intérieur. Dans la plupart des cas, surtout chez les 50 ans et plus, l'homme se contente d'un rôle de spectateur dans tout ce qui touche la décoration. «Souvent, il se présente à la première rencontre et ensuite, il s'éclipse. Il dit à sa conjointe: si tu aimes ça, ça me convient», explique le designer d'intérieur, Richard Cyr.

Dans d'autres couples, les rôles sont bien déterminés. Suzanne Laurencelle et Robert Bonsant, dans la cinquantaine, rénovent progressivement leur duplex de Notre-Dame-de-Grâce acheté il y a quatre ans. Madame s'occupe de la décoration et monsieur de la négociation avec les entrepreneurs. «Il ne s'en plaint pas. De toute façon, il est satisfait des résultats», dit Mme Laurencelle.

Chez les plus jeunes couples, l'homme s'investit davantage. Surtout quand il s'agit de l'aménagement d'un cinéma maison, la pièce la plus masculine d'une habitation, exception faite du garage. «Jean-François en rêvait. C'était la seule chose qui l'intéressait. Il avait même choisi les fauteuils», raconte Mme Fraser. Peine perdue, le couple a décidé de conserver le sous-sol en salle de jeux pour les enfants.

Et quand les deux sexes se mêlent de déco, chacun voit les choses à sa façon. La plupart du temps, ils désirent la même chose, mais ils ne l'expriment pas de la même façon, provoquant ainsi quelques disputes. Les designers doivent donc user de psychologie pour régler les différends. «Parfois, ce sont des enfantillages», affirme Raymonde April, designer d'intérieur.

Règle générale, les hommes sont plus intéressés par le mobilier et les choses pratiques. Par contre, tout ce qui concerne les garnitures de fenêtres, le choix des tissus et la literie, les emmerde profondément. «Au contraire, les femmes adorent ces choses-là et demeurent les expertes en agencement de couleurs», souligne Mme April. Pas étonnant, ce sont elles qui consultent les magazines de décoration.

La designer pense aussi que les hommes sont plus visuels que leurs compagnes. «Ils comprennent rapidement un plan, tandis que les femmes peuvent demander 10 fois où se trouve la porte! Elles préfèrent qu'on leur explique nos intentions, le sens de notre démarche.»

Brigitte Poitras, designer chez Coup d'oeil design, constate aussi que les femmes possèdent des goûts plus excessifs. «Elles sont prêtes à consacrer de grandes sommes d'argent à la déco, tandis que les hommes voient rarement la nécessité de telles dépenses. Ces derniers veulent également que ça se fasse vite. Ils ne veulent pas perdre de temps.»

Ce rôle prépondérant de la femme en matière de décoration, la chaîne de magasins Home Depot l'a compris. Depuis quelques années, elle cible prioritairement la clientèle féminine. «On remarque que c'est plus souvent la femme qui prend l'initiative des démarches de rénovation et qui influence la majorité des achats», explique Élise Vaillancourt, directrice du marketing pour l'Est du Canada chez Home Depot.

La chaîne essaie donc de se débarrasser de son atmosphère entrepôt plus testostérone, pour une ambiance plus boutique, ce qui plaît aux femmes. «Les stéréotypes sont bien ancrés dans nos magasins. En premier lieu, les hommes se dirigent dans la quincaillerie, tandis que les femmes vont dans la section déco», dit Mme Vaillancourt.

De plus en plus de femmes se prennent en main pour réaliser elles-mêmes leurs travaux de rénovation et s'inscrivent à des ateliers plus masculins, comme la pose de plancher et l'installation de carreaux de céramique. «On réserve même des ateliers exclusivement aux femmes», dit Mme Vaillancourt. Une explication à ce phénomène: le nombre croissant de femmes vivant seules.