Autrefois, cette partie du quartier qui regroupait deux ou trois paroisses s'appelait Viauville, en hommage au magnat de la biscuiterie qui avait inventé le fameux «Whippet», ce biscuit à la guimauve et au chocolat.

Autrefois, cette partie du quartier qui regroupait deux ou trois paroisses s'appelait Viauville, en hommage au magnat de la biscuiterie qui avait inventé le fameux «Whippet», ce biscuit à la guimauve et au chocolat.

Aujourd'hui, la maison en pierres bossées grises avec son portique surmonté de colonnes ioniques, son toit en mansarde et sa tour carrée surmontée d'une crête en fer forgé affiche fièrement son élégance d'origine.

Si la maison a conservé son aspect d'antan, c'est grâce aux efforts des propriétaires actuels, Dominique Côté et Bernard Wikarski qui, après l'avoir acquise en 1994, ont entrepris des travaux majeurs de restauration qui ont duré cinq ans.

Ils avaient déjà été honorés en 1997 par la Ville de Montréal lors de l'Opération patrimoine populaire dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. L'année suivante, les Montréalais choisissaient cette résidence comme la maison «Coup de coeur» de l'année.

Les premières années, le couple s'était efforcé de restaurer la façade et le couronnement du toit, et de refaire les balcons tout en améliorant l'intérieur, en particulier les salles de bains et la cuisine.

«Lors du verglas de 1998, nous avons craint qu'une branche d'arbre tombée sur le toit en mansarde n'endommage le couronnement. Mon conjoint Bernard a réussi à monter sur le toit pour scier la branche qui prenait du poids à mesure que la pluie verglaçante tombait», raconte Dominique Côté.

Depuis qu'ils ont reçu ces honneurs, les propriétaires ont poursuivi le travail de restauration. Les joints des briques sur le côté ouest ont été refaits, les murets délimitant le parterre ont subi une cure de jeunesse, un hangar à l'arrière a été démoli pour faire place à un jardin et une piscine, tandis qu'une terrasse a été aménagée du côté est.

Dominique Côté confie qu'ils se sont offerts une coquetterie en installant un brûleur au gaz dans le faux foyer avec manteau de marbre qui n'avait jamais servi.

L'intérieur a conservé son lustre d'antan. Les culs-de-lampe donnent au plafond haut de 11 pieds une note aristocratique. Les planchers d'érable sont ornés de bandes de parqueterie décoratives avec incrustation de différents bois, dont l'acajou. Les portes de chêne avec panneaux de verre à motif dépoli, les moulures ainsi que l'ameublement encastré, tous en bois, ont été entretenus avec soin.

Détail intéressant: une cabine téléphonique en bois a été conservée. Elle date du début du XXe siècle, lorsque la femme du fabricant de biscuits a légué la maison à une congrégation religieuse après la mort de son mari. La maison a servi d'école par la suite pendant quelques d'années.

«Lorsque nous avons fait l'acquisition de la maison en 1994, au coût de 250 000$, nous ne savions pas qu'il faudrait investir un montant similaire pour la conserver en état et l'améliorer selon les standards actuels. Mais nous sommes tombés en amour avec le bâtiment et nous ne regrettons rien. Le quartier est tranquille et ne mérite pas sa réputation coupe-gorge», confie Dominique Côté.

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La Ville de Montréal célèbre cette année les 15 ans de l'Opération du patrimoine architectural de Montréal. Durant ces années, de nombreux propriétaires ont été honorés pour avoir fait des rénovations avec le souci de préserver le cachet d'origine de leur maison. La Presse a revisité quelques bâtiments primés par la Ville afin de constater leur état.