Angus sur le Parc, un projet de 128 appartements en copropriété donnant directement sur le futur parc Jean-Duceppe, marquera la fin de la construction résidentielle dans ce quartier. Un village créé de toutes pièces après la fermeture des ateliers du Canadien Pacifique. L'imposant ensemble résidentiel d'environ 3800 appartements et maisons sera donc terminé d'ici la fin de l'année.

Angus sur le Parc, un projet de 128 appartements en copropriété donnant directement sur le futur parc Jean-Duceppe, marquera la fin de la construction résidentielle dans ce quartier. Un village créé de toutes pièces après la fermeture des ateliers du Canadien Pacifique. L'imposant ensemble résidentiel d'environ 3800 appartements et maisons sera donc terminé d'ici la fin de l'année.

«C'est une véritable ville dans la ville», constate Patrick Varin, président de St-Luc Habitation, qui a coordonné la presque totalité des projets résidentiels à l'ouest du boulevard Saint-Michel, depuis 1998.

L'entreprise était immense. Entre les années 80 et la fin des années 90, la démolition des usines Angus les unes après les autres laissait un trou béant en plein milieu du quartier Rosemont, entre le boulevard Saint-Joseph et la rue Rachel. En une vingtaine d'années, un quartier distinct est né, et les seuls vestiges qui restent de l'ère industrielle sont les murs des ateliers préservés pour la zone commerciale.

«C'est un monde à part, croit Pierre Lafleur, propriétaire d'un condo dans la partie du quartier à l'est du boulevard Saint-Michel. On ne trouve pas de secteur comme le nôtre ailleurs en ville, avec une vie de banlieue et des parcs, à cinq minutes du centre-ville!»

Un quartier en deux temps

Même si la Société des terrains Angus a coordonné la construction de 2500 appartements entre 1983 et 1994 à l'est du boulevard Saint-Michel, le quartier a connu un véritable essor à la fin des années 90, après la fermeture des dernières usines. La portion ouest du secteur a rapidement été remplie d'appartements et de maisons, une denrée rare si près du centre-ville.

«Les nouvelles habitations ont créé un boom immobilier dans le secteur, affirme Norma Castonguay, agente d'immeubles pour Sutton Accès et résidente du quartier Angus depuis 10 ans. La construction de la deuxième phase a amené plusieurs nouvelles personnes dans les premiers appartements du coin, là où les arbres sont maintenant matures.»

Après la décontamination des derniers terrains, en 1997, St-Luc Habitation prévoyait compléter ses projets dans le Parc Angus en 2006. L'explosion du marché immobilier et l'engouement des Montréalais pour cette banlieue urbaine ont toutefois amené le constructeur à terminer le projet un an plus tôt.

«Nous savions qu'on attirerait plusieurs acheteurs avec des maisons de ville à un coût abordable, mais on a été surpris de l'ampleur de l'intérêt, raconte Patrick Varin. On voulait au départ construire de toutes petites unités de 15 pieds de façade, à environ 175 000$, mais on a aussi eu une demande pour en faire de beaucoup plus grandes qu'on en vendues autour de 300 000$.»

C'est la possibilité d'avoir une cour et d'habiter à proximité d'un des neuf parcs du secteur qui a séduit plusieurs acheteurs. À de nom breux endroits, les maisons sont réunies autour d'un espace vert doté d'une fontaine, de jeux ou d'une sculpture.

Ces avantages, jumelés à la proximité du centre-ville, ont attiré des jeunes, des couples de professionnels, des familles et des personnes semi-retraitées. Une population bigarrée qui cohabite bien. «Tout le monde se mélange. Quand on va au marché d'alimentation, on voit des personnes vraiment différentes qui se parlent et qui vivent bien ensemble», remarque Pierre Lafleur.

«On a un sentiment d'appartenance, ajoute Denise Larouche, mairesse de l'arrondissement de Rosemont-Petite-Patrie, qui habite le quartier Angus depuis 15 ans. Et ce n'est qu'un début: la Ville a des projets de passages piétonniers et de pistes cyclables pour tout le secteur. C'est un village qui est en train de se créer là.»

Des «boîtes à savon»?

Lorsqu'il parle de son quartier, Pierre Lafleur est dithyrambique. Une seule ombre au tableau toutefois, d'après lui: l'architecture. «Je les trouve bien, les constructions, mais elles sont toutes pareilles. Pour être franc, elles ont l'air de boîtes à savon avec un peu de décoration. L'intérieur des appartements est très beau, mais à l'extérieur... ce n'est pas très original.»

Plus prudent, Stéphane Harbour, responsable de l'urbanisme au comité exécutif de la Ville de Montréal, croit que seul le temps déterminera si les choix des entrepreneurs et des architectes ont été heureux. «Ça doit faire sa marque dans le temps, tempère-t-il. On va observer comment ça va vieillir. Il y a une certaine homogénéité dans les matériaux, comme la brique. En même temps, on observe une diversité dans les façades des maisons.»

Boîtes à savon ou pas, les appartements et les maisons d'Angus se vendent rapidement. Le marché immobilier enflammé contribue certainement à ce succès, mais les acheteurs croient que le caractère particulier du quartier y est pour quelque chose.

«La demande est très forte dans la première phase comme dans la deuxième. Les résidants d'Angus déménagent rarement en dehors du quartier», affirme Norma Castonguay.