Dans la révision du plan d'urbanisme de la Ville de Gatineau, le 2e paragraphe de l'article 23 du projet de règlement de construction stipule qu' «il est interdit d'utiliser un système mural non traditionnel composé de bottes de paille ou de mur de terre, lors de l'assemblage d'un mur de construction». Pourtant, la Ville de Gatineau affirme qu'elle n'interdit pas complètement ce type de construction. Les citoyens qui veulent utiliser de la fibre végétale comme isolant, méthode de construction non traditionnelle, peuvent le faire en soumettant une demande par l'intermédiaire du processus des Projets particuliers de construction (PPC).

Dans la révision du plan d'urbanisme de la Ville de Gatineau, le 2e paragraphe de l'article 23 du projet de règlement de construction stipule qu' «il est interdit d'utiliser un système mural non traditionnel composé de bottes de paille ou de mur de terre, lors de l'assemblage d'un mur de construction». Pourtant, la Ville de Gatineau affirme qu'elle n'interdit pas complètement ce type de construction. Les citoyens qui veulent utiliser de la fibre végétale comme isolant, méthode de construction non traditionnelle, peuvent le faire en soumettant une demande par l'intermédiaire du processus des Projets particuliers de construction (PPC).

Maison isolée en paille située dans le secteur Aylmer à Gatineau.

«Le règlement sur les PPC est un nouvel outil que nous donne le gouvernement du Québec pour autoriser les projets non conformes à la réglementation municipale. Ça nous permet donc de faire du cas par cas», explique Éric Boutet, du Service d'urbanisme de la Ville de Gatineau.

De la poudre aux yeux

Pour Chantal Plamondon, qui désire bâtir avec son conjoint une maison en ballots de paille sur son terrain dans le secteur d'Aylmer, c'est de la poudre aux yeux. «La Ville prétend que l'on pourra obtenir la permission de construire une maison en ballots de paille à travers les PPC. Mais c'est un processus long, complexe, coûteux et arbitraire, qui vise à décourager la construction de telles maisons», croit Mme Plamondon.

Un citoyen faisant une demande pour un PPC devra débourser 3000$ en frais administratifs. Sa requête sera ensuite étudiée au Comité consultatif d'urbanisme (CCU), qui soumettra par la suite son avis au Conseil municipal, qui peut l'autoriser ou la refuser. Pendant ce temps, le demandeur doit installer une affiche sur son terrain spécifiant ses intentions. Les citoyens qui s'y opposent pourront signer un registre, ce qui peut entraîner la tenue d'un référendum.

Toute cette procédure horripile les écologistes. «On nous met des bâtons dans les roues! En les interdisant formellement, Gatineau fait passer ce type de construction pour des maisons bizarroïdes!» s'indigne Mme Plamondon, qui a d'ailleurs fondé le Regroupement en faveur des constructions en ballots de paille de la grande ville de Gatineau.

S'en remettre au Code

Trois maisons isolées en paille dominent le fleuve à La Baie.

Selon Marc Chabot, président d'Archibio, un regroupement qui milite en faveur de la construction verte, les municipalités permettent normalement la construction en ballots de paille en vertu de l'article 2.5 du Code du bâtiment, qui prévoit l'utilisation de matériau non homologué. «On doit alors démontrer que la paille rencontre les exigences du Code en matière d'isolation, ce qui a déjà été reconnu par des tests, affirme M. Chabot. Cet article vise à ne pas compromettre le progrès dans la construction», ajoute l'architecte Isabelle Bradbury.

Le Regroupement en faveur des constructions en ballots de paille réclame donc que l'on abroge le 2e paragraphe de l'article 23 et qu'on s'en remette à la flexibilité du Code du bâtiment pour encadrer la construction de telles maisons, comme c'est le cas partout ailleurs au Québec.

Une étude de la SCHL démontre que les maisons isolées en ballots de paille consomment 20% moins d'énergie pour le chauffage que des maisons conventionnelles. Cet avantage énergétique réside dans la masse élevée de la paille, qui prend des heures à se réchauffer ou à se refroidir. De plus, ce type de construction a un impact minime sur l'environnement. Les matériaux et la fabrication sont écologiques. La paille et le crépi qui la recouvre sont totalement naturels et ne provoquent aucune pollution à la fin de leur vie utile. «C'est une technique que l'on devrait encourager à l'ère du développement durable, et non pas décourager», soutient le président d'Archibio.

Selon M. Boutet, la Ville recherche présentement des façons d'amoindrir l'impact négatif que peut susciter l'interdiction des maisons en ballots de paille. «La Ville sait que l'article 23 perpétue une image négative pour ce type de construction, alors qu'elle veut encourager la construction de maisons écologiques. Mais on doit s'assurer que leur construction est supervisée par un professionnel reconnu (architecte ou ingénieur), comme l'exige le PPC», dit-il.

Si la Ville ne change pas d'idée, la révision du plan d'urbanisme devrait être adoptée en juin prochain et entrer en vigueur en septembre.