L'organisme de défense du patrimoine a dévoilé une liste de 10 sites patrimoniaux menacés d'altération ou de démolition. «Ce patrimoine-là est trop souvent méconnu, ignoré, délaissé, dénaturé, détruit et les pressions de développement sont toujours grandissantes», indique Nathalie Zinger, directrice générale d'Héritage Montréal.

L'organisme de défense du patrimoine a dévoilé une liste de 10 sites patrimoniaux menacés d'altération ou de démolition. «Ce patrimoine-là est trop souvent méconnu, ignoré, délaissé, dénaturé, détruit et les pressions de développement sont toujours grandissantes», indique Nathalie Zinger, directrice générale d'Héritage Montréal.

Au cours des dernières années, Montréal a ainsi vu la disparition de l'ancien YMCA au centre-ville, du manoir Hunt Club dans Côte-des-Neiges et de la Ferme sous les noyers sur le flanc du mont Royal.

L'organisme n'a pas constitué une liste exhaustive, mais plutôt des emblèmes du patrimoine montréalais menacés. Dinu Bumbaru, directeur des politiques de l'organisme de défense du patrimoine, soutient que l'oubli par la collectivité de ces pièces d'architecture conduit souvent à leur démolition.

Le 9e étage de l'ancien magasin Eaton est ainsi laissé à l'abri des visiteurs depuis la fermeture du magasin et risque la dégradation, selon l'organisme. Même chose pour la maison Redpath présentement barricadée. Héritage Montréal se dit aussi préoccupé par les ornements extérieurs typiques de Montréal (escaliers, balcons et corniches) remplacés parfois par des matériaux qualifiés d'«industriels».

L'avenir du patrimoine religieux tracasse particulièrement Héritage Montréal. «On a vu une église à Lachine démolie récemment, à Rosemont aussi et d'autres (démolitions) se préparent. Ce n'est pas seulement des transformations en condos, parfois c'est la disparition totale», souligne M. Bumbaru. Montréal compte environ 500 lieux de culte de différentes confessions, dont plusieurs sont voués à l'abandon en raison de la baisse de la pratique religieuse.

Le dévoilement des sites menacés s'est d'ailleurs fait dans l'église Erskine and American, rue Sherbrooke Ouest, aujourd'hui fermée la plupart du temps. Propriété du Musée des beaux-arts, cette église possède des vitraux Tiffany uniques à Montréal et elle n'a toujours pas de nouvelle vocation quoiqu'un projet d'exposition d'arts religieux ait été invoqué.

M. Bumbaru croit qu'il faut d'abord ouvrir les sites au public pour qu'il prenne conscience de leur richesse, comme avec le controversé silo no 5. «Ça ne prend qu'un ascenseur, on facture deux dollars à l'entrée et les gens connaîtront l'émerveillement», soutient-il.

Le directeur des politiques de l'organisme dresse néanmoins un bilan favorable à l'égard de l'actuelle administration municipale avec la création d'une politique du patrimoine et d'un nouveau plan d'urbanisme. «On a eu par le passé des moments d'euphorie, on avait de grands encouragements, mais on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas grand progrès», prévient-il. M. Bumbaru indique que les administrations peuvent toujours être tentées par les revenus de taxation des projets immobiliers, beaucoup plus payants qu'une église exemptée d'impôt foncier.

La décentralisation confiant des pouvoirs supplémentaires aux arrondissements inquiète aussi les défenseurs du patrimoine. «C'est bien beau d'avoir une grande politique, mais si les permis de démolition sont délivrés dans les arrondissements, comment la connexion se fera entre les deux», demande M. Bumbaru.

Un porte-parole du comité exécutif de la Ville de Montréal, Bernard Larin, indique que la politique du patrimoine sera adopté en mai prochain. Il précise qu'un plan d'action l'accompagnera et que la Ville de Montréal a ainsi l'intention de reprendre le processus de citation de bâtiments comme monuments historiques, une pratique laissée en plan depuis quelques années.

Quant au dossier des églises, la Ville de Montréal a décidé de prendre les devants et demandé au Conseil du patrimoine d'identifier les lieux de culte qui se libéreront au cours des prochaines années. La Ville veut ainsi éviter de vivre une expérience similaire à la vente à un promoteur privé du Carmel, un autre site menacé selon Héritage Montréal.

Chronologie

1973: La Maison Van Horne détruite

1977-1985: Milton Parc mis en valeur

1984: L'avenue McGill College mise ne valeur

1978-1992: Le Vieux-Port de Montréal mis en valeur

1988: L'Hôtel Queen's détruit

1990: L'ensemble Jean-Baptiste-Jamme-dit-Carrière dénaturé

1994: Le Pont du CN détruit

1995: La rue Saint-Jacques protégée

1999: La ferme sous les noyers dénaturée

2000: Le Manoir Hunt Club détruit

2003: L'Église St. Luke's détruite

2004: La gare Jean-Talon reconvertie