Tout le monde se souvient de ces images d'il y a trois ans. C'était la chasse à l'appartement: on faisait la file pendant de longues minutes pour visiter des appartements, même dispendieux. Le taux d'inoccupation global à Montréal se situait alors à un famélique 0,6 %. Aujourd'hui, la situation s'est améliorée, clament plusieurs. Ce n'est qu'en partie vrai. Effectivement, le taux d'inoccupation global a grimpé à 1,7 %. Cependant, il stagne encore autour de 1 % pour les logements très abordables, exemple, pour un quatre et demi à moins de 600 $.

Tout le monde se souvient de ces images d'il y a trois ans. C'était la chasse à l'appartement: on faisait la file pendant de longues minutes pour visiter des appartements, même dispendieux. Le taux d'inoccupation global à Montréal se situait alors à un famélique 0,6 %. Aujourd'hui, la situation s'est améliorée, clament plusieurs. Ce n'est qu'en partie vrai. Effectivement, le taux d'inoccupation global a grimpé à 1,7 %. Cependant, il stagne encore autour de 1 % pour les logements très abordables, exemple, pour un quatre et demi à moins de 600 $.

Bref, on est passé d'une crise du logement à une crise du logement abordable, en bonne partie à cause du marché immobilier. Un, les ménages un peu plus nantis sont devenus propriétaires. Deux, les promoteurs qui construisent de nouveaux logements sont bien plus intéressés à les vendre qu'à les louer. Et trois, si d'aventure ces promoteurs se lancent dans le locatif, ils louent ces nouveaux appartements très cher. Le boom immobilier a donc indirectement pénalisé les clientèles les plus pauvres à Montréal. À preuve, près de la moitié des locataires de la métropole gagnent maintenant moins de 21 000 $ par an.

Que faire pour pallier à cette situation difficile? Première alternative: l'État crée des logements sociaux subventionnés. Cette formule est efficace, mais très coûteuse. C'est pourquoi les diverses instances impliquées tentent de trouver d'autres avenues. Celle de Montréal semble, en apparence, prometteuse. La ville veut que le tiers des nouveaux logements construits sur son territoire soient abordables. Comment? En incitant les promoteurs à consacrer une partie de leurs projets immobiliers au logement abordable en échange de subventions de la part de la ville, ainsi que de certaines conditions avantageuses pour l'achat de terrain appartenant à Montréal. Cela répond à deux objectifs: créer des logements moins chers et créer un contexte de mixité sociale.

En théorie, tout cela est magnifique.

Mais, comme chacun sait, le diable est dans les détails. Qu'est-ce exactement qu'un logement abordable pour la Ville de Montréal? Un appartement qui se loue à moins de 900 $ par mois. Un condo de moins de 170 000 $. Tout cela est bien trop cher pour les vrais démunis. Bref, la stratégie de Montréal ne s'attaque pas au vrai problème.

Elle n'en demeure pas moins un bon cadre de travail. Ailleurs, en Californie, à Vancouver on a appliqué le même genre de politique de façon un peu plus agressive. Les municipalités concernées ont fait des concessions importantes, par exemple sur la densité autorisée dans un secteur donné, en échange de quoi les promoteurs qui y gagnent s'engagent à créer du logement véritablement social. Soit très peu dispendieux.

Une chose est sûre, il faudra être très créatif pour régler cette nouvelle crise du logement, bien plus complexe que la précédente. Mais il faut impérativement s'y attaquer car tout le monde a droit à un toit décent à la mesure de son compte en banque.

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