Signe de cette réussite, le plus important éditeur de magazines de plans de maisons aux États-Unis, Hanley Wood, vient de décerner à l'entreprise de Drummondville le premier prix pour la qualité de ses dessins. Celle-ci a devancé plus d'une centaine d'entreprises nord-américaines.

Signe de cette réussite, le plus important éditeur de magazines de plans de maisons aux États-Unis, Hanley Wood, vient de décerner à l'entreprise de Drummondville le premier prix pour la qualité de ses dessins. Celle-ci a devancé plus d'une centaine d'entreprises nord-américaines.

«Depuis 2002, on fait partie du top cinq des entreprises les plus importantes dans le domaine de l'architecture résidentielle en Amérique. Avec nos 700 plans de maison, on réalise plus de 50% de notre chiffre d'affaires au sud de la frontière», se réjouit Marie-France Roger, fille du fondateur de Dessins Drummond, aujourd'hui propriétaire de l'entreprise avec son mari, Yves Carignan.

L'aventure américaine a commencé au début des années 90 quand Marie-France Roger s'est jointe à l'entreprise et qu'elle a signé une entente avec un éditeur américain. «Je trouvais nos plans de maison for-midables, mais je ne comprenais pas pourquoi on se limitait au marché québécois. On s'est donc attaqués aux États-Unis en leur proposant nos modèles les plus populaires», se rappelle Mme Roger. La stratégie a porté ses fruits.

Au pays de Bush, Dessins Drummond a su répondre à un créneau négligé, celui du marché des premiers et seconds acheteurs. Sans compter que la touche québécoise les a séduits. Envahis par les plans des petites maisons québécoises, les Américains s'aperçoivent que l'on peut faire beaucoup plus avec moins, eux pour qui bigger is always better.

«Une période d'adaptation fut quand même nécessaire. Aux États-Unis, une petite maison équivaut à une résidence de taille moyenne au Québec», explique Yves Carignan, président-directeur général. À preuve, l'espace habitable moyen est de 1500 pieds carrés ici, alors qu'aux États-Unis, il dépasse les 2300 pieds carrés. Cette différence s'explique en partie par le fait que les intérêts sur les prêts hypothécaires sont déductibles d'impôt aux États-Unis. Il est plus facile alors de se payer des monster houses.

Dessins Drummond doit composer avec quelques différences culturelles. Par exemple, les Américains ne peuvent imaginer une chambre principale sans salle de bains privée. Ils possèdent également de plus grands terrains que les Québécois et désirent des garages triples sinon quadruples. Les dessinateurs doivent donc faire preuve d'imagination pour faire de belles maisons!

«D'un côté, on exporte les tendances québécoises, comme le style manoir, qui commence à connaître du succès là-bas, et, de l'autre côté, on intègre de plus en plus des caractéristiques architecturales des États-Unis dans les maisons présentées aux Québécois. Et la réponse est positive», dit Mme Roger. Résultat: les Québécois adoptent de plus en plus le style country house pour leurs maisons de campagne. Du même coup, la maison canadienne est en perte de vitesse, dit-elle.

Autre signe de l'influence américaine, les revêtements en bardeaux de cèdre suscitent de plus en plus d'intérêt ici, au détriment de la sempiternelle pierre ou brique. «On souhaite aller au devant de la demande, et même si possible la créer», ajoute M. Carignan.

Moins de préjugés

Étrangement, Dessins Drummond demeure un joueur mineur dans le reste du Canada. Ils ont privilégié le marché américain, beaucoup plus vaste, plutôt qu'affronter les préjugés à Toronto. «Dans la Ville reine, on est perçu comme des petits Québécois de Drummondville. Alors qu'aux États-Unis, d'où tu viens, ils s'en foutent. Et en plus, tu n'as jamais à discuter de référendum avec eux», affirme M. Carignan.

En 33 ans d'existence, Drummond a vendu plus de 70 000 plans de maisons. Aujourd'hui, l'entreprise compte 49 employés et 55 collaborateurs répartis dans une vingtaine de bureaux régionaux. Un nouveau bureau ouvrira ce printemps au centre-ville de Montréal.

M. Carignan attribue le succès de l'entreprise, au Québec comme aux États-Unis, à sa position dans le marché. «On vise la masse et on s'adapte aux goûts des clients.» Les plans sont modifiés dans les bureaux régionaux, simplement en téléphonant ou même par Internet. Drummond conçoit aussi des maisons sur mesure et prépare des plans pour des rénovations majeures.

Les prochains défis: toujours être à l'affût des nouvelles tendances du marché- la maison plain-pied pour les baby-boomers ayant horreur des escaliers et les maisons intergénérationnelles deviennent des incontournables- et poursuivre l'expansion en Amérique du Nord. «En 2005, on prévoit ouvrir trois bureaux aux États-Unis et deux en Ontario», conclut M. Carignan.