L'ancien Séminaire de philosophie, situé sur le flanc sud-ouest du mont Royal, à l'ouest du chemin de la Côte-des-Neiges, pourra changer de vocation. Après deux ans de controverse, le projet résidentiel de Développement Cato vient d'être approuvé par le conseil municipal de Montréal. Environ 150 luxueux appartements en copropriété seront donc aménagés au coeur d'un îlot de verdure.

Pour se plier aux exigences de la Ville, le promoteur a réduit de moitié le projet qu'il comptait réaliser. De vastes appartements seront aménagés dans l'ancien immeuble des prêtres de Saint-Sulpice, occupé de 1974 à 2007 par le collège Marianopolis. Développement Cato remplacera le centre sportif par un immeuble résidentiel de style contemporain, lequel sera construit au-dessus d'un stationnement souterrain.

«Le projet est devenu plus exclusif que prévu», souligne Claude Marcotte, associé principal chez Daniel Arbour&Associés, membre du groupe IBI, responsable de la planification de l'ensemble de la propriété, autant sur le plan de l'aménagement paysager que du design urbain.

En octobre 2008, Développement Cato a déboursé 46 millions de dollars pour acquérir le terrain, d'une superficie de 65 332 mètres carrés. La facture a continué de grimper durant tout le processus menant à l'acceptation du projet. Résultat: les appartements coûteront environ 750$ le pied carré.

«Le lieu est exceptionnel, souligne M. Marcotte. Les promoteurs, Tony Miceli et Carlo Bizzotto, qui ont remporté des prix d'architecture pour les complexes Unity 1 et Unity 2, au centre-ville de Montréal, ont commencé à s'asseoir avec des clients potentiels.»

L'ancien Séminaire de philosophie, construit en 1894 et comptant six étages, comprendra 55 appartements. D'une superficie variant de 1290 à 3200 pieds carrés (de 120 à 300 mètres carrés), ils auront des plafonds de 10 à 14 pieds de hauteur. Ceux qui habiteront au palier supérieur auront accès à de vastes terrasses privées sur le toit, avec une vue dégagée sur le centre-ville.

«Aucun couloir ne mènera aux appartements, indique Claude Marcotte. Des ascenseurs seront installés pour desservir deux logements par étage. Certains clients pourraient occuper tout un étage, pour avoir encore plus d'intimité.»

Dans les espaces communs, les boiseries, la menuiserie des escaliers et les vitraux seront mis en valeur. La chapelle, contrairement à ce qui avait été prévu à l'origine, ne sera pas préservée.

Le nouvel immeuble, de cinq et six étages, sera construit à l'arrière, au milieu d'arbres. En forme de U, comme l'ancien séminaire, et de style contemporain, il abritera 95 appartements, dont la superficie variera de 969 à 2150 pieds carrés (90 à 200 mètres carrés).

«Il sera abondamment vitré pour que les gens aient l'impression de vivre dans la nature», souligne M. Marcotte.

Les travaux devraient commencer simultanément au début du printemps 2011 afin que tout soit prêt au printemps 2012.

L'arrondissement de Ville-Marie, préoccupé par la préservation des espaces verts sur le terrain, apprécie que la densité du projet ait été réduite, indique le porte-parole, Jacques-Alain Lavallée. «C'est un beau projet dans un lieu superbe, qu'il importe de protéger», dit-il.

Accès publics?

Le projet serait mieux accepté par la population si le promoteur permettait certains accès publics, souligne Alan DeSousa, responsable du mont Royal au comité exécutif de la Ville de Montréal. «Légalement, il n'en a pas l'obligation, indique-t-il. Mais cela en satisferait plusieurs.»

Des sentiers piétonniers ouverts au public étaient prévus dans les plans d'origine, fait remarquer Claude Marcotte. «Le promoteur est prêt à créer des accès publics, qui n'existent pas, dans certains secteurs spécifiques, si en échange il peut construire une vingtaine de maisons en rangée dans les parties est et ouest de la propriété, dit-il. C'est beaucoup moins que les 150 logements supplémentaires prévus au début.»

Héritage Montréal se pose des questions sur l'avenir des propriétés institutionnelles sur la montagne. «Pensons à l'Hôpital général de Montréal, qui a des vues expansionnistes sur le quartier environnant, souligne le porte-parole, Dinu Bumbaru. Cela met en cause notre confiance dans les ententes conclues et les mécanismes d'urbanisme qui servent à les régir.»

Il se demande, dans le cas de l'ancien Séminaire de philosophie, qui se trouve dans une zone protégée, pourquoi la Ville a attendu si tard dans le processus avant de se prononcer sur la préservation des espaces verts.