Deux quartiers sont dans la ligne de mire du Centre d'écologie urbaine de Montréal: Parc-Extension et Mercier-Est. L'organisme travaille en étroite collaboration avec les résidants, les groupes communautaires locaux, des experts et les arrondissements pour élaborer des plans d'aménagement donnant moins de place à l'automobile et favorisant davantage la marche et le vélo.

Le but? Créer des quartiers verts, actifs et en santé. Les deux premiers quartiers ont été sélectionnés à la suite d'un appel public de propositions, pour s'assurer que les projets-pilotes soulèvent l'intérêt des communautés concernées. Mais là ne s'arrête pas la démarche entreprise par le centre, de concert avec la Coalition québécoise sur la problématique du poids. D'ici la fin de 2010, trois autres projets-pilotes devraient voir le jour.

 

«Nous espérons que ce seront des sources d'inspiration et que l'expérience sera reprise ailleurs à Montréal et au Québec, souligne Luc Rabouin, directeur général du Centre d'écologie urbaine de Montréal. En étant moins préoccupés par la fluidité de la circulation automobile et en repensant les espaces publics pour qu'ils deviennent des lieux de rencontre, nous voulons augmenter la qualité de vie des citoyens. Et leur redonner leur place.»

À la suite de consultations, qui ont pris différentes formes dans Parc-Extension et Mercier-Est, des problèmes précis ont été identifiés. Dans Parc-Extension, par exemple, le corridor scolaire de la rue Saint-Roch, près des écoles Barthélémy-Vimont, Barthélémy-Vimont Annexe et Camille Laurin Annexe, en inquiète plusieurs. L'espace devrait être repensé pour améliorer la sécurité des écoliers et mieux tenir compte de leurs comportements, ont indiqué les citoyens. Il faut aussi repenser la rue Jean-Talon et la place de la gare, qui répond mal aux besoins des piétons.

Mercier-Est, de son côté, souffre de la circulation automobile reliée à l'autoroute 25 et à la rue Notre-Dame. La largeur des rues à l'entrée du quartier devrait être rétrécie, ont notamment suggéré 52% des participants à une soirée de consultation. L'aménagement des abords de la voie ferrée, au sud de la rue Hochelaga, devrait aussi être revu. La création d'un corridor vert a été fortement recommandée par 70% des citoyens présents.

Beaucoup d'intérêt

La création de quartiers verts suscite beaucoup d'intérêt. Mardi soir, les dirigeants du Centre d'écologie urbaine de Montréal ont partagé leur expérience devant une salle comble, à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), dans le cadre des conférences URBA 2015. Environ 150 personnes, de divers horizons, se sont déplacées. Plus de 200 autres ont été refusées, faute d'espace. Une autre présentation sera donnée le 28 avril dans une salle plus grande, a annoncé Florence Junca-Adenot, directrice du Forum Urba 2015 au département d'études urbaines et touristiques de l'UQAM.

Le Centre s'inspire de ce qui se fait ailleurs dans le monde pour transformer Montréal, a indiqué l'architecte Owen Rose, président du conseil d'administration, photos à l'appui. Il a notamment présenté la rue piétonne Stroget, à Copenhague, aménagée par l'architecte et urbaniste Jan Gehl, à une époque où l'automobile était aussi omniprésente qu'ici. Aujourd'hui, la rue est prise d'assaut par les piétons et fourmille d'activité. À noter aussi: San Francisco, qui a démoli une autoroute au centre-ville pour gagner une percée visuelle vers le port, et Paris, avec ses quartiers verts.

«Fournissons des aménagements agréables et sécuritaires, et les gens vont s'en servir, a souligné Luc Rabouin. Le métro de Laval est plein, les pistes cyclables sont très utilisées et le Bixi a dépassé les objectifs.»

La rue est un espace collectif, a rappelé Marie-Hélène Armand, conseillère en urbanisme au centre. «C'est davantage un lieu de rassemblement qu'un stationnement, où chacun est isolé dans sa voiture!»