Mieux informer les consommateurs et inciter les fabricants à baisser toujours plus les décibels : l'affichage en magasin des performances sonores des produits, comme cela se pratique en matière de performance énergétique, va bientôt devenir réalité dans l'électroménager.

L'étiquette énergie des réfrigérateurs, des lave-vaisselle et des lave-linge mentionnera, à partir de 2011, leur niveau sonore en décibels en vertu de nouveaux règlements européens.

Pour une machine à laver, par exemple, le fabricant sera tenu d'afficher ce volume sonore pour le lavage et l'essorage en plus des informations sur la consommation en eau et la performance énergétique des produits résumées dans une lettre (de A à G) désormais bien identifiée par les consommateurs.

L'apparition du niveau sonore marque une avancée certaine vers un affichage généralisé qui orienterait les consommateurs vers les produits les plus silencieux et inciterait les producteurs à améliorer leur performance en la matière, ont constaté la semaine passée plusieurs spécialistes réunis à Paris dans le cadre des Assises nationales de la qualité de l'environnement sonore.

L'information donnée en décibels n'est toutefois peut-être pas la plus efficace, estime Jean Tourret, président Europe du réseau Ince rassemblant des spécialistes de l'acoustique, qui souligne que cette unité de mesure reste bien souvent «incompréhensible» pour le grand public.

La Fédération européenne des industriels de l'outillage de jardin (EGMF), rassemblant notamment les fabricants de tondeuses à gazon et de tronçonneuses, propose un affichage sous forme de lettre, comme pour l'électroménager, souligne-t-il.

Étiquetage simplifié

Des acousticiens américains proposent de leur côté des logos de «bruit-omètre» s'inspirant visuellement d'un thermomètre et qui permettrait au consommateur de connaître d'un coup d'oeil le niveau sonore du produit, mais aussi sa position par rapport aux produits concurrents.

Le ministère de l'Écologie travaille pour sa part avec «les distributeurs et les grandes enseignes sur la mise en place d'un étiquetage simplifié sur la base du volontariat», explique Pascal Valentin, chef de la mission Bruits et agents physiques à la direction générale de la prévention des risques.

Le souci grandissant des consommateurs de s'équiper d'appareils moins bruyants - souvent haut de gamme - orientera peu à peu le marché vers des appareils plus silencieux, estiment les spécialistes.

«Aujourd'hui, quand un consommateur recherche un produit, quel qu'il soit, aspirateur ou autre, il le veut performant mais silencieux», confirme un dirigeant d'Electrolux qui présentait aux assises deux aspirateurs affichant 68 décibels, «ce qui en fait les produits les plus silencieux actuellement».

«Mais ça évolue vite parce que, toutes marques confondues, le niveau sonore des produits est devenu un axe de recherche et de développement», ajoute Grégory Martin, directeur des comptes nationaux du fabricant.

Plus que la forme que pourrait prendre un étiquetage bruit sur nos perceuses ou nos ordinateurs, l'important reste que «les constructeurs soient conduits à faire des machines plus silencieuses», souligne Jean Tourret.

«Ce n'est pas infaisable du tout et dans beaucoup de cas, ça ne coûte pas plus cher, affirme-t-il. Sur les réfrigérateurs, on a gagné une dizaine de décibels en 20, 30 ans.»